Par Ariel GBAGUIDI,
D’après des rapports d’enquêtes et sondages cités par le président de la Confédération nationale des employeurs du Bénin (Coneb), Albin Feliho, l’import-export, le tourisme et l’hôtellerie sont touchés à 95 % par la crise du Covid-19. Au-delà des mesures d’atténuation, les entreprises éprouvées espèrent un plan Marshall, selon lui.
La crise du coronavirus a touché les entreprises béninoises dans presque tous les secteurs d’activités mais à des degrés divers. Certaines ont reçu des coups moins forts, d’autres, par contre, en ont reçu de violents. Invité à se prononcer sur les impacts du Covid-19 sur les entreprises béninoises, lors du forum virtuel organisé par la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Ccib), vendredi dernier, Albin Feliho, président de la Confédération nationale des employeurs du Bénin (Coneb), dresse l’état des lieux sommaire de la situation.
« Toutes les entreprises ont été impactées à des degrés divers, tous secteurs confondus. Qu’il s’agisse du secteur des services, de l’industrie ou encore du commerce. Le secteur du commerce a été impacté de l’ordre de 46 %, le secteur de l’industrie 14 % et celui des services 55 % ». Mais là, il s’agit seulement des secteurs moyennement touchés, explique le premier responsable de la Coneb. D’autres secteurs d’activités ont reçu des chocs bien plus durs, souligne-t-il. Au nombre de ces secteurs, il cite l’import-export, le tourisme et l’hôtellerie, tous impactés à «95 % ».
« Les effets sur ces entreprises, poursuit-il, se manifestent de trois différentes manières. Il y a par exemple, les annulations de commandes dans la billetterie, les annulations de réservation d’hôtel. Le pire, c’est qu’on demande à ces entreprises de procéder au remboursement des clients qui n’ont pas pu effectuer le voyage». Ces mêmes annulations des commandes ont été constatées au niveau des entreprises spécialisées en import-export. A cela s’ajoutent les difficultés de poursuite des transactions pour ces entreprises, compte tenu de la fermeture massive des frontières et de l’immobilisation des avions. La conséquence immédiate de cette situation, rappelle le président de la Coneb, est la cherté et la rareté de certains produits sur les marchés local, régional et international.
S’agissant de la situation géographique des entreprises éprouvées, il informe qu’elles sont majoritairement localisées dans les départements du Littoral, de l’Atlantique, et quelques-unes dans l’Ouémé et la partie septentrionale du pays.
Dans l’ensemble, les entreprises qui font preuve de résilience, informe-t-il, sont les bars et restaurants. Ceci, parce qu’elles ont « développé des services de proximité, et sont parvenues, de ce fait, à offrir des livraisons à domicile et au bureau. Néanmoins, elles restent durement touchées à hauteur de 95 % ». Mais le cas des bars et restaurants montre, d’après Albin Feliho, que les entreprises béninoises ont aussi une capacité de résilience.
Secteur privé soudé
Face à cette crise à nulle autre pareille, les acteurs du secteur privé béninois ne sont pas restés les bras croisés. Bien au contraire, souligne Albin Feliho, ils sont restés soudés et ont travaillé en synergie d’actions avec le gouvernement en faisant des propositions d’ensemble pour juguler le mal. Le président de la Coneb s’en réjouit, tire un coup de chapeau à tous les acteurs du privé, puis salue le geste du gouvernement à l’endroit des entreprises afin que ces dernières puissent amortir les effets de la pandémie. Mais après la phase d’atténuation, les acteurs du privé suggèrent un plan Marshall à la béninoise, informe Albin Feliho.
A en croire le président de la Coneb, ce plan sera le nouveau modèle économique, de l’ordre de 600 milliards de francs Cfa, à mentionner dans la loi de finances 2021, et il permettra aux entreprises touchées par le Covid-19 de sortir la tête de l’eau.
Il rappelle à l’occasion que les besoins des entreprises sont de trois ordres, à savoir, l’accès au marché, le renforcement de compétences (à ce titre, il salue l’avènement du Psie) et le besoin de financement adapté aux réalités des Pmi/Pme.
S’adressant à ses pairs, chefs d’entreprises, Albin Feliho les invite à réinventer les entreprises, les affaires, à dépasser les simples opérations d’achats-ventes en se tournant, par exemple, « vers l’agro industrie, vers des secteurs endogènes ».
Au-delà de tout, le président de la Coneb reste persuadé qu’il y a des raisons d’espérer un bel avenir pour l’économie nationale. Les diverses notations et classifications de la Banque mondiale et d’autres structures de renommée, sont à ses yeux des exemples qui augurent d’un futur radieux pour le pays.