Le Bénin entend amorcer la professionnalisation de son football. Et le Comité exécutif de la Fédération béninoise de football (Fbf) a déjà invité les clubs des Ligues 1 et 2 à respecter des conditions obligatoires à remplir avant toute participation au championnat de la saison 2020-2021 : «la création d’une société sportive de gestion de leur équipe professionnelle». Dans cet entretien réalisé sur le forum «FND», Jean Marc Adjovi Boco, Conseiller technique du Ministre des sports béninois Oswald Homeky, a évoqué la question liée aux préalables avant de lever un coin de voile sur la création d’une société sportive. Lisez-plutôt !!!
La professionnalisation du sport en général et du football en particulier exige des préalables. Pensez-vous que toutes les conditions sont réunies au Bénin pour qu’on n’aboutisse pas à des éléphants en matière de sociétés sportives ?
La professionnalisation du sport et tu football en particulier nécessite des préalables qui n’existent pas pour le moment. Et c’est tout le rôle du Comité de suivi que le Ministre a mis en place. C’est ce Comité de suivi qui doit plancher notamment sur le cadre juridique qui va permettre à ces sociétés sportives qui seront créées d’exprimer tout leur potentiel. Mais au-delà de ce préalable, il y a aussi le rôle que doivent jouer les clubs en se structurant, parce que pour s’attirer des investisseurs, il faut que les clubs se structurent. Que ce soit au niveau sportif, que ce soit au niveau administratif, que ce soit au niveau du marketing, il faut que les clubs se mettent en ordre de bataille pour aller chercher les investisseurs. Mais ces investisseurs ne viendront que si le club est structuré. Il y a un vrai travail à faire à tous les niveaux pour que demain, le football puisse suivre le chemin que le chef de l’État a tracé et la vision qu’il a de faire du Bénin une véritable nation de sport. Je vous assure qu’avec cette vision, dans les années à venir, nous serons une référence au niveau africain. Il y a tout un tas de domaines qu’on est en train d’explorer afin d’atteindre les objectifs que le chef de l’Etat a fixés. Le quart de finale qu’on a atteint à la dernière Can (Coupe d’Afrique des nations, ndlr), a montré combien le football béninois avait du potentiel. Mais pour revenir à ce niveau et le dépasser, il faut qu’on crée les conditions et elles passent non seulement par la professionnalisation mais aussi par ce qui a été entamé au niveau des classes sportives, des académies qui seront construites, des stades qui seront livrés. Au niveau du continent, quand je parle de ce qui se passe ici, les gens ont du mal à croire. Mais on sera dans quelques années, cette nation que le chef de l’Etat veut que nous soyons, la meilleure nation du continent en sport.
La question est très préoccupante au Bénin. Comment doit-on créer une société sportive digne du nom et comment doit-elle fonctionner dans la réalité ?
Pour ces sociétés sportives, il existe en France trois modèles donc, trois statuts juridiques :
-L’entreprise unipersonnelle Sportive à Responsabilité Limitée (Eusrl): Ici l’inconvénient est que ce statut juridique ne permet pas la distribution de dividendes. C’est quelque chose qui n’intéressera pas les investisseurs.
-La Société Anonyme à Objet Sportif (Saos) : L’association doit détenir ici, 33% du capital. Pas certain qu’avec ce ratio, les investisseurs puissent être intéressés.
-La Société Anonyme Sportive Professionnelle (Sasp) : C’est le modèle proche de ce qu’on peut faire ici au Bénin. C’est un modèle qui se rapproche du droit commun des sociétés commerciales. C’est-à-dire que 100% de la société est détenue par des investisseurs (unique ou plusieurs) mais qui se partageront 100% des dividendes qui seront versées. La Fédération ne reconnaît que des associations. Donc, l’Association doit toujours exister. C’est l’Association qui détient le numéro d’affiliation et donc la Fédération reconnaît cette Association. J’ai pour habitude de comparer le football professionnel à un processus industriel. En Afrique, au Bénin, la matière première existe. Ce sont les talents. Ils sont là. Quand tu passes dans les rues voir les jeunes jouer au football, le talent est là. C’est indéniable. On a aussi les gens passionnés par le football. On l’a vu pendant la Can. Maintenant, la transformation de ces matières premières est le produit fini qui est le spectacle qu’on doit fournir aux clients. Il faut qu’on crée cette transformation et toute cette chaîne de valeur. C’est-à-dire, former les jeunes, les cadres sportifs, les cadres administratifs. Former les gens qui conduiront le contenu sportif (les preneurs de sons, les preneurs d’image, les monteurs, les réalisateurs, les producteurs). Ce produit sportif sera un produit qu’on pourra vendre à des plateformes. Tout ça, c’est la création de valeur. C’est la création d’emploi pour nos jeunes. Et donc, cette professionnalisation est indispensable si on veut jouer demain dans la cours des grands, si on veut faire partie des grandes nations du football africain. C’est le sillon que le chef de l’Etat nous trace. Nous devons impérativement passer par cette professionnalisation des clubs qui nous permettra de lever les fonds indispensables pour atteindre nos objectifs.