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Médias béninois/ Regard après 60 ans d’indépendance: « Soglo a favorisé la liberté de la presse dans l’ensemble », croit Constant Agbidinoukoun

Publié le mardi 28 juillet 2020  |  Matin libre
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© Matin libre par DR
Constant Agbidinoukoun, ancien Journaliste et Rédacteur en Chef à l’Ortb
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Le Bénin célèbre ce 1er août 2020, ses 60 ans d’accession à la souveraineté internationale. En prélude à cette célébration, votre Journal donne la parole aux témoins vivants de cet avènement. En ce qui concerne Constant Agbidinoukoun, ancien Journaliste et Rédacteur en Chef à l’Ortb, l’évolution et la libéralisation de la presse depuis ces 60 années ont permis au secteur de s’éclore malgré les péripéties auxquelles, les acteurs des médias font face. Interview…

Matin Libre : En 60 ans d’indépendance, quels sont les acquis et les regrets d’hier à aujourd’hui au Bénin ?



Constant Agbidinoukoun: Je vous en remercie d’abord ! En matière de presse, il faut avouer que le Bénin a beaucoup évolué. A la sortie de la Conférence nationale des forces vives en février 1990, on a repris les belles plumes, les beaux écrits et les beaux reportages qu’on vivait dans le Bénin, avant 1960. Avant l’indépendance, c’était une bonne presse. Nos aînés avaient de la plume, avaient de belles voix, faisaient beaucoup de reportages qu’on pouvait apprécier à sa juste valeur. Après les indépendances, ça a continué un peu. Il faut avouer qu’après 1972, les choses ne se passaient plus comme avant. Parce qu’il y a eu la révolution du 26 octobre 1972. Avec le socialisme scientifique comme guide le marxisme léninisme, il n’était plus certain pour les journalistes de travailler dans de bonnes conditions, dans l’indépendance c’est à dire en respectant vraiment la liberté de la presse, non ! Si vous devez être journalistes dans le service public, soit vous travaillez dans le journal qu’on appelle Ehouzou qui est l’organe du militantisme révolutionnaire, ou bien vous travaillez à la voix de la révolution donc radio Bénin ou encore à la télévision et c’est une chaîne au service de l’Etat. Il faut bien appeler les choses par leurs noms, ce n’est pas au service du peuple. C’est surtout d’abord pour le pouvoir politique. Nous avons vécu tout cela pendant 17 ans et nous sommes allés à la conférence nationale. C’est là-bas qu’on a redéfini les bases d’une vraie presse libre. Une presse je dirai, dans un système démocratique. Donc c’est la liberté de la presse. C’est vrai au sortir de ces travaux là en 1990, on a constaté que les journaux écrits se sont multipliés. On a compté jusqu’à une centaine de titres qui paraissent. C’est quand-même formidable ! Il faut avouer cela. C’est une vivacité de la presse surtout dans ce contexte de démocratie, du renouveau démocratique. Je crois que tout cela marche maintenant. Avec le temps, il y a de liberté de la presse, la presse écrite par rapport à ce qu’elle doit pouvoir faire. Dans les faits, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de liberté de la presse, il y en a. Dans le service public, la Nation ça parait quand-même comme un bon Quotidien. On ne sent pas que c’est un journal du gouvernement. On a tendance à l’appeler un organe du service public par ce qu’elle fait l’effort de respecter les règles générales et les règles en matière de déontologie, de liberté de presse, de pouvoir dire les choses avec vérité. Dans le service public audiovisuel, la radio se bat et elle fait l’essentiel du travail qu’il y a à faire. La télévision, on ne peut pas dire la même chose, non. Et ce n’est pas la faute de l’Etat. Si il n’y a pas changement ou si on ne note pas la vivacité des débats sur la télévision, ce n’est pas la faute du gouvernement, c’est la faute de mes collègues.



Dites-nous comment c’est de leur faute…

Ce n’est pas le gouvernement qui va leur dire faites des débats, ouvrez la télévision, recevez des gens, peut-être qu’ils sont de l’opposition au pouvoir politique ; ce n’est pas le gouvernement qui va donner ces ordres-là. La liberté de la presse, ça se vit, on la défend, on se bat pour la conquérir, pour la garder. On ne la laisse pas dans la main d’autrui pour dire qu’on est en liberté.

Selon vous, quel est le régime qui a beaucoup plus favorisé cette liberté et sous quel régime ça n’a pas beaucoup plus marché?

Il ne faut pas comparer parce que nous ne vivons pas toujours les mêmes circonstances. Le problème qu’il y a c’est qu’au sortir de la Conférence nationale, le Premier Ministre Nicéphore Dieudonné Soglo puis ensuite Président de la République qu’il est devenu, son régime a favorisé la liberté de la presse dans l’ensemble. Ce n’est pas l’embrigadement. A la radio comme à la télévision, c’est vrai, nous ne sommes pas des saints mais nous faisions l’essentiel. On ne nous tape pas souvent là-dessus. On nous fait quelques critiques pour que nous puissions améliorer les choses. Chacun assume sa responsabilité. En matière de presse, c’est la responsabilité, les critiques. Il faut travailler en respectant les règles de déontologie, donc favoriser l’accès équitable des uns et des autres, des citoyens, aux moyens du service public. En notre temps, nous le faisions respecter puisqu’il il faut être capable. C’est d’abord une affaire de capacité, de compréhension, d’adaptation et de pouvoir contrer les choses. En notre temps, c’est l’ouverture démocratique. Tout suite c’est le foisonnement de 1990 à 2000, tous les hommes politiques, ils sont très nombreux qui sont là encore, d’autres décédés ; qui voulaient parler. On veut venir à la radio, à la télévision pour parler. Il faut être capable de recevoir dans un entretien, un homme politique. Paix à son âme, on avait un plaisir de recevoir les gens comme Albert Tévoedjrè, le Président Adrien Houngbédji, le Président Amoussou Bruno, les professeurs Théodore Holo, Maitre Robert Dossou, et bien d’autres personnalités politiques. On n’avait pas peur de les recevoir. On était un peu au niveau de comment sont les choses au point où c’est avec un plaisir qu’on les recevait. Donc quand ils partent, ils se disent oui, on a eu la chance de rencontrer un journaliste parce que nous-mêmes, nous nous informions, travaillions, on lisait, on était au point, rien ne nous est étranger. Je ne le dis pas pour amuser la galerie ou pour faire nécessairement plaisir à quelqu’un ou à d’autres, non. A la radio, Vincent Dassi, André-Marie Johnson, Jean Houalakouè et bien d’autres comme Marcel Tchobo, Isidore Zinsou, Joël Houndolo, Clément Houénontin, Philippe N’seck, Cadnel Quenum, les frères Gérard et Justin Migan, Claude da Silva, David Ogounchina, Fernand Azokpota, Albert Kinhouandé, Marcellin Adikpéto, Francis Zossou, Marié Constance Egbo-Glèlè… ; on savait ce qu’on a à faire. On savait ce qu’on avait à faire, on connaissait la presse, on possédait un minimum de connaissance, une pratique certaine de la profession. Alors aujourd’hui, il faut que ça continue comme ça. Que les jeunes ne viennent pas en journalisme parce qu’on a échoué partout, non. Parce qu’on a rien à faire, parce qu’on n’a pas de choix et que le journalisme c’est plus facile, non ! Aucun métier au monde n’est plus facile. Tous les métiers sont difficiles. Il faut les apprendre. On apprend un métier, on ne s’improvise pas journaliste, non ! On apprend, on l’exerce, on la pratique, on le respecte. C’est important. Donc nous voulons par exemple qu’avec le pouvoir du Président Talon, la liberté se fasse entendre, que le gouvernement de la Rupture permette à la presse d’évoluer, en leur accordant des avantages. Que le soutien à la presse continu. Ce soutient qui est annuel, mais depuis des années, on ne le fait plus. Ce n’est pas la faute au gouvernement, c’est la faute à la Haac.

En quoi ?

C’est notre Haute autorité qui doit négocier avec le gouvernement pour qu’on lui mette à disposition les moyens nécessaires pour soutenir les organes de presse du service public, comme du service privé. C’est cela son rôle, c’est d’abord le rôle de la Haac. Aider la presse à évoluer, lui donner les moyens, préserver la liberté de la presse. On ne demande jamais d’interdire définitivement un journal, non ça ne se fait pas. On ne demande pas d’interdire définitivement une station de radio, non la loi ne le permet pas. On sanctionne pour des délais donnés. On peut dire que la radio ne va plus émettre pendant un tel nombre d’années, un tel nombre de mois ou de jours et on le dit et ça suit la règle générale contenue dans les lois organiques, c’est cela. L’idée, c’est surtout de soutenir la presse, de la faire évoluer, de former les journalistes. L’aide de l’Etat permet aussi la formation des journalistes. De mettre à leurs dispositions des outils de travail. Depuis des années ça ne se fait plus et la Haac ne s’inquiète pas. Elle devrait amener le gouvernement à s’inquiéter. Le Président Talon doit nous soutenir, doit soutenir la presse. Il a fait de très bon discours sur la liberté de la presse et le soutien à la presse. Je veux que cela se concrétise et que la Haac prenne les devants, c’est son job. Personne d’autre ne devrait le faire à sa place. Il ne s’agit pas d’avoir pour soucis de sanctionner, sanctionner, non ce n’est pas son job. Son job d’abord, c’est de soutenir la presse, de lui donner les moyens de fonctionner, de sensibiliser les pouvoirs publics pour qu’ils se disent nous devons soutenir la presse. C’est cela.



Propos recueillis par : Janvier GBEDO (Coll.)
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