Le Collectif pour l’ordre démocratique et républicain au Bénin (Coder) a organisé, vendredi 26 juillet 2020, une conférence de presse virtuelle ayant connu la participation de plusieurs de ses membres et personnalités, depuis divers pays du monde. Cette rencontre a permis à ces différentes figures de la vie sociopolitique béninoise vivant au pays et à l’étranger, de présenter aux hommes des médias un Manifeste dont la mise en œuvre vise à restaurer l’ordre démocratique et républicain, sous le régime actuel.
Certains béninois se disent préoccupés de la mode de gestion du pays par le régime de la Rupture, depuis quatre ans qu’il est au pouvoir. Pour mieux extérioriser leur déception et se faire davantage entendre, ils se sont réunis au sein d’un creuset. Dénommé Coder, ce Collectif a décidé de prendre ses responsabilités en jouant sa partition, pour le retour de la démocratie dans tous ses sens, au Bénin. Pour y arriver, il entend prendre par un Manifeste, dont le contenu est décliné sur plusieurs axes renvoyant à des constatations précises. La première présentée par Maître Fatiou Ousman, retrace le “recul démocratique” du pays, au niveau judiciaire. Pour le panéliste, l’un des esprits de ce Manifeste est de dénoncer et de combattre le net recul de la démocratie, sous le régime au pouvoir. Ceci, d’autant puisqu’il constate que les droits des citoyens et surtout des voix critiques des plus élémentaires à ceux communs, sont embrigadés à cause de plusieurs lois taillées, selon lui, sur mesure. Il cite comme exemple, le code pénal, la loi du numérique, la création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet)…; qui sont la caricature parfaite de ce recul de 30 ans en arrière, de la démocratie béninoise. « Nous sommes passés d’un État de droit, à un État de lois. On est passé par un système légal, pour faire reculer les droits. Avec ce régime, nous avons noté en quatre ans, un bâillonnement sans précédent de la presse, la prise en otage par le pouvoir public, de la justice. Ainsi, les citoyens n’ont plus foi en cette justice car elle se dresse contre les personnes qui ne partagent pas les mêmes visions que le pouvoir. Un manque de confiance, qui a créé des exilés politiques. Pire, alors que le pouvoir a déjà pris en otage la justice à l’interne, il s’est arrangé pour denier le droit aux plus lésés de se référer à la justice internationale, en leur retirant le droit de saisir directement la Cadhp par exemple. En clair, nous sommes dans une insécurité juridique avancée puisque l’État n’assure plus le droit de ses citoyens, ni à l’interne ni à l’externe », a déploré l’Avocat. En conclusion, il soutient que quand on n’a pas grande chose comme le cas du Bénin, on s’arrange pour préserver ce qu’on a. Et ce que le pays a de plus cher est sa démocratie, à l’entendre. « C’est donc le sens de ce Manifeste », a-t-il complété.
Les implications politiques…
Ces situations décrites par Fatiou Ousman ont ensuite amené Nourou Dine Saka Saley, jeune Opposant au régime, à énumérer dans une présentation, les implications de l’esprit de ce Manifeste. Et, il va mettre l’accent sur celle politique. Dans son exposé, il note que le Bénin est depuis peu devenu un pays, mais a cessé d’être une nation. En le disant, il fait référence aux nombreux clivages causés par les divisions et dissensions politiques, même entre landerneaux généalogiques. Dans le même sens, il dénote deux grandes implications comme conséquences de l’État actuel du Bénin, toujours sur le plan politique. La première est que le pays est dans ses dires, le premier au monde qui se dit démocratique, mais sans aucun opposant à l’Assemblée nationale. « Nous avons réussi cet exploit », a-t-il ironisé. La seconde conséquence politique est que la politique a transformé d’après lui, la justice noble et digne en une justice inquisitrice, téléguidée et aux trousses de certaines personnes. « Ce qui fait que nous ne nous sentons plus en tant que des citoyens, d’un même pays. La nation a été mise à mal par des décisions politiques », s’est désolé Nourou Dine Saka Saley. Pis, au niveau législatif, il s’étonne de ce que des députés qui n’ont pas réussi pour certains à voter pour eux-mêmes, en viennent à imposer au peuple des candidats, à travers les parrainages. Zéro question touchant la vie des populations au gouvernement, l’homme avoue que le parlement est galvaudé et que les citoyens en rient. Tout en manifestant son désarroi quant aux nombreuses lois contrastées votées en un temps record, il pense que le fait qu’il y ait des Maires d’un côté élus et de l’autre désignés, crée une confusion au niveau de la loi car à l’entendre, les Maires parrains dont parle la loi, sont élus. En faisant un détour au niveau local, le communicateur affirme que l’Etat central a vidé les Communes de leurs prérogatives. Cela, à travers le projet relatif au Grand Nokoué, entre autres. Il déduit que ces remarques débouchent sur une remise en cause totale du principe de la décentralisation. « Face à tous ces délits d’initié, le peuple doit être plus exigeant. Je crois donc qu’il est important que nous ayons le courage de nous intéresser à ce qui se passe dans le pays, et ce ne sera pas un temps de perdu », a-t-il lâché.
Des perspectives…
En définitive, ce Manifeste apparaît donc comme une perspective. Laquelle, est selon Célestine Zannou une action citoyenne, donc un Manifeste citoyen. En termes clairs, elle invite les uns et les autres à faire don de soi à leur communauté, comme le fait déjà le Collectif à travers ce Manifeste. Un manifeste composé entre autres d’un mémorandum adressé au Chef de l’Etat Patrice Talon. « À travers ce mémorandum, nous demandons une conférence citoyenne pour le retour de nos idéaux, pour repanser les plaies de notre démocratie et reprendre avec notre vivre ensemble en abrogeant les lois crisogènes. Nous sommes d’une détermination à agir pour l’intérêt général », a-t-elle certifié.
À propos du Coder
Le Coder à l’instar des présents panélistes comme Omar Arouna, Charles Migan, Célestine Zannou, Nourou Dine Saka Saley, Sonia Akpo, Arsène Tchankoun Ismaël Mama-Sika…; est un creuset composé de plusieurs autres personnalités politiques du Bénin, étant sur le territoire national ou au niveau de la diaspora. Il entend par des actions concrètes, stratégiques et saines, faire rétablir l’Etat de droit au Bénin dans toutes ses formes, en accord avec la population à la base. L’alternance en 2021, est l’autre crédo qu’il entend poursuivre.