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Le Matinal N° 4244 du 9/12/2013

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Présidence de la République : Mystère autour du salaire et des indemnités de Yayi
Publié le mardi 10 decembre 2013   |  Le Matinal


Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture de la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA
Jeudi 24 octobre 2013. Dakar. Plusieurs chefs d`Etats sont arrivés à Dakar où ils prendront part à la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA et au sommet extraordinaire de la CEDEAO.Photo : Boni Yayi, président du BENIN


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Depuis 2006 qu’il est au pouvoir, c’est un mystère à propos de sa rémunération mensuelle. Dans leur majorité, les Béninois ne savent pas combien gagne leur président. Yayi Boni manque de se faire claire par rapport à ce qu’il gagne en sa qualité de Chef d’Etat. C’est une situation qu’il faut clarifier.


A quoi joue Yayi Boni ? Il traîne à définir son salaire mensuel depuis sa première élection alors qu’il fonctionne et effectue des dépenses privées, au vu et au su de tout le monde. A l’instar des autres élus, le Chef de l’Etat doit bénéficier d’indemnités financières. Il ne peut pas gérer gratuitement un pays pendant dix années, alors qu’après la fonction présidentielle, il se doit de vivre et entretenir sa famille. Dans les autres pays aussi bien du continent que du monde entier, les Chefs d’Etat ont des salaires et avantages bien cernés et à supporter par la caisse publique. Mais au Bénin, difficile de savoir réellement ce que coûtent Yayi Boni et sa famille au Trésor public. Au départ, tout le monde croyait qu’il se faisait payer des primes présidentielles, mais grande a été la surprise des uns et des autres quand, en 2011, au cours d’une rencontre avec les représentants des travailleurs à la Présidence de la République, Mathys Adidjath, alors Ministre des finances et de l’économie a déclaré que le Chef de l’Etat ne gagne rien. Elle avait été jusqu’à dire qu’il ne perçoit même pas les fonds de souveraineté auxquels un Président de la République a droit lors de ses déplacements à l’étranger. Plus récemment, lorsque l’opinion publique s’interrogeait sur ce que coûtera la défense de Yayi dans cette affaire de supposées tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat, Jonas Gbian, actuel ministre des finances, a fait passer un communiqué pour dire que les honoraires des Avocats du Président de la République ne sont pas payés par le Trésor public. Ce qui signifie simplement que c’est de sa propre poche que Yayi Boni paie ses conseils, bien qu’il s’agisse d’un dossier d’Etat. Cette situation concerne pourtant un Chef d’Etat en fonction et toute dépense y afférente devrait être systématiquement assurée par la caisse publique. Dire que c’est Yayi lui-même qui paie, est une manière de se moquer des populations, de les prendre pour des cons surtout qu’on a souvent dit que le Président de la République n’a pas de salaire. Il va trouver l’argent où ?
Yayi n’a pas de salaire, ou du moins, il confond les caisses publiques à sa poche en qualité de Président de la République. S’il n’a pas de salaire, comment vit-il financièrement ? Sa famille est-elle entretenue par des mécénats ou, d’où puise-t-il l’argent pour répondre à ses besoins personnels et ses dépenses de prestige. Car, on sait que Yayi, après son élection, a évolué dans la construction de sa villa à Tchaourou ; Pareil à Djougou et à Parakou avec aménagement d’espace pour faire poser l’hélicoptère présidentiel. Où a-t-il trouvé cet argent et comment arrive-t-il à effectuer certaines dépenses personnelles alors qu’aux dires de ses ministres des finances il ne bénéficie pas du fonds de souveraineté auquel il a droit ? Des questions auxquelles devra répondre le Chef de l’Etat pour éclairer une fois pour de bon, le peuple. Interdit par la Constitution de cumuler sa fonction présidentielle avec une autre, il ne peut jamais percevoir d’autres fonds provenant de l’exercice d’une autre activité que ceux que l’Etat béninois lui donne. On n’a pas forcément besoin de connaître le montant de ce qu’il entend gagner (encore que cela ne devait pas être un secret) mais il faut que le conseil des ministres statue sur les indemnités du Président de la République.

Qui est derrière cette communication ?

A défaut d’obliger le ministre des finances à fixer l’opinion publique sur ce que Yayi coûte à son peuple, il est permis d’analyser cette forme de communication d’Etat. D’abord, peu de gens croiront que depuis 2006, Yayi ne gagne rien. Avec quel argent a-t-on payé ses voitures et aménagé la résidence privée ? C’est pour faire croire que c’est l’économie de Yayi Boni depuis la Boad ? Le jeu n’est pas clair : Yayi ne va-t-il rien toucher sur les fonds publics jusqu’à la fin de ses mandats ? Quelle est l’idée qui se cache derrière sa tête ? S’il n’a pas besoin de son salaire et de ses indemnités, qu’il en fasse une œuvre caritative dans la transparence. Les déclarations des deux ministres des finances (Adidjath et Gbian) sont des signaux et devraient alerter la société civile à réagir. C’est une manière pour les ministres concernés de dire que ce que coûte Yayi au Bénin n’est inscrit nulle part et qu’il pourrait revendiquer ses droits après. Avis donc à qui de droit.

Félicien Fangnon

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