Une délégation du gouvernement constituée d’une demi douzaine de ministres de la République était ce jeudi 30 Juillet 2020 face aux professionnels des médias. L’exercice était de communiquer sur les mesures complémentaires annoncées par le gouvernement.
Les mesures complémentaires de subvention annoncées par le gouvernement du président Patrice Talon lors du conseil des ministres en sa session de ce mercredi 29 Juillet 2020, a fait sortir une délégation constituée des membres de l’exécutif. L’objectif est d’éclairer l’opinion sur cette mesure.
La délégation est constituée des ministres Abdoulaye BIO TCHANE, Ministre d’État chargé du Plan et du Développement, Romuald WADAGNI de l’Économie, des Finances, Véronique TOGNIFODÉ MEWANOU des Affaires Sociales et de la Microfinance, Gaston Cossi DOSSOUHOUI de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche et Modeste Tihounté KEREKOU des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion de l’Emploi.
Face aux professionnels des médias, la délégation est revenue sur les mesures annoncées dans le compte rendu du conseil des ministres du mercredi 29 Juillet et ont donné des précisions sur les différents secteurs concernés par ces mesures complémentaires.
Mesures complémentaires de soutien dans le cadre de l’atténuation des effets socioéconomiques de la pandémie de COVID-19.
Au cours de sa séance du 10 juin 2020, le Conseil des Ministres avait pris une série de mesures d’atténuation des effets socioéconomiques de la pandémie de COVID-19, en faveur de certaines catégories de sociétés et d’entreprises.
Il s’agit notamment de la mise en place d’un fonds de bonification de 30 milliards de FCFA au support d’une ligne de financement de 100 milliards de FCFA à taux zéro au profit des acteurs économiques ciblés via les banques et les systèmes financiers décentralisés (SFD).
Pour compléter ces mesures et tenir compte de toutes les problématiques de financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) qui représentent près de 90% des acteurs de l’économie nationale, de nouvelles mesures de soutien en leur faveur sont adoptées ce mercredi. Il s’agit de :
1. Mise en place d’un mécanisme de garantie
L’objectif de ce mécanisme est de partager le risque à hauteur de 50% avec les banques, par le biais d’une ligne de garantie de 50 milliards francs CFA sur le total de 100 milliards de francs CFA précédemment annoncés, suivant les conditions ci-après :
garantie par l’État à hauteur de 50%, du montant du crédit octroyé à l’entreprise par la banque, dans une limite maximale de 500 millions francs CFA par MPME. Cette garantie s’effectuera à hauteur de :
25% sous forme de “gage espèce” auprès de la banque émettrice de crédit, à un taux ne dépassant pas le taux marginal de la BCEAO, soit actuellement 2% l’an sur toute la durée de vie du crédit ;
25% sous forme d’engagement par signature.
En cas de défaillance de l’entreprise, la garantie sera appelée après épuisement de toutes les démarches de recouvrement à effectuer par la banque et lorsque la perte a été constatée comme définitive, soit 5 ans après le déclassement du crédit en créance douteuse ;
suite à l’appel de la garantie dans les conditions ainsi présentées, l’État assurera 50% du net non recouvré au bout de 5 ans.
2. Ligne de refinancement des systèmes financiers décentralisés (SFD)
En complément aux mesures annoncées le 10 juin 2020, le Conseil a décidé de dégager pour les SFD, une ligne de refinancement de 10 milliards de FCFA pour le financement des micro et très petites entreprises.
Elle sera administrée par le Fonds National de la Microfinance qui mettra les ressources à la disposition de ces SFD à un taux de 2%. A leur tour, ces derniers feront des prêts aux micro et très petites entreprises à des taux n’excédant pas 12% en lieu et place de la moyenne de 20% habituellement appliquée à cette cible.
En vue d’assurer le retour des fonds injectés, il sera institué un dispositif rigoureux de prise de garantie et de suivi-évaluation. Ainsi, les crédits accordés aux SFD seront adossés à des sûretés réelles de façon à couvrir le risque en cas de défaillance.
De même, un suivi-évaluation efficace sera effectué pour s’assurer que les ressources sont véritablement allées vers les cibles visées. Un tel mécanisme comportera deux niveaux. Le premier est basé sur une exigence de rapport mensuel de l’utilisation des crédits, et le second repose sur l’organisation périodique de mission conjointe de contrôle menée par le Fonds National de la Microfinance et l’Agence nationale de Surveillance des SFD, pour vérifier l’utilisation des ressources.
Ainsi, en cas de détournement des ressources, le remboursement anticipé des créances sera exigible.
3. Des mesures spécifiques au secteur agricole
Les exploitations agricoles contribuent, pour plus de 25%, au Produit intérieur brut et jouent un rôle important dans le développement de notre pays.
L’objectif des mesures destinées à ce secteur est de couvrir à la fois les besoins end investissements et en fonds de roulement des entreprises évoluant dans le domaine agricole (production végétale, animale et halieutique), ainsi que de celles réalisant des opérations d’achat d’équipements et de fourniture d’intrants.
Le mécanisme sera mis en œuvre par le Fonds National de Développement Agricole (FNDA), à travers son guichet 3 qui vise à faciliter l’accès des exploitants agricoles familiaux et entrepreneurs agricoles aux crédits adaptés aux besoins et contraintes spécifiques du secteur agricole auprès des banques et systèmes financiers décentralisés.
Il s’agit d’un package de nouvelles mesures proposées en trois volets :
Le premier volet des mesures a pour objectif de permettre la couverture des risques de liquidité auxquels pourraient être exposées les institutions financières prêteuses dans le cadre d’opérations de financement des dossiers des PME agricoles. Il consiste à abonder d’un montant de 50 milliards de francs CFA, le sous-guichet 3.1 « Fonds de Garantie Interbancaire pour le refinancement entre Institutions Financières ».
A cet effet, les banques ou SFD devront :
octroyer un crédit aux entreprises agricoles à un taux maximum de 12% selon les procédures et critères qui leur sont propres ;
obtenir dès la mise en place du crédit, un refinancement intégral au taux de 2% auprès du FNDA.
Le deuxième volet consiste en une garantie de 50% sous forme d’engagement par signature adossé à un « cash collatéral » de 35 milliards de FCFA déposé dans un compte bancaire ouvert à la BCEAO au nom du FNDA. Il sera activé à partir du sous-guichet 3.2 dénommé « Fonds de Garantie pour l’accès des promoteurs/entrepreneurs agricoles aux crédits ».
A l’appui, le troisième volet est constitué d’un fonds de bonification de 15 milliards de FCFA qui sera mis en place pour sortir les crédits à un taux de 2% au profit des bénéficiaires.
Ces mesures d’un coût total de 100 milliards de FCFA permettront de faciliter et d’accélérer l’accès aux crédits, contribuant ainsi à la croissance de la production.
De façon concrète, la combinaison de ces trois (3) mesures permettra aux exploitants agricoles d’avoir accès à un crédit à 2%, partiellement garanti par l’Etat.
Les Ministres concernés par le sujet veilleront à la mise en œuvre efficace de ces mesures.
Le point de presse de ce jeudi visait donc à lever toute équivoque sur ces mesures complémentaires octroyées par le gouvernement du président patrice Talon en vue d’atténuer les impacts économiques de la pandémie de coronavirus sur certaines activités.