D’après un nouveau rapport publié le 30 juillet par l’Unicef et Pure Earth, l’intoxication au plomb touche une proportion d’enfants très importante alors que le phénomène est inconnu jusque-là.
C’est un phénomène dangereux qui touche une frange non négligeable des enfants dans le monde. D’après une nouvelle analyse inédite publiée par l’Unicef et Pure Earth, le tiers de la population mondiale infantile est intoxiqué au plomb.
Ce rapport, le premier du genre, indique qu’environ huit cents millions d’enfants dans le monde ont un taux de plomb dans le sang supérieur ou égal à 5 microgrammes par décilitre (µg/dl), le niveau à partir duquel il est nécessaire d’intervenir.
Le phénomène est un tueur silencieux. « Avec peu de symptômes précoces, le plomb cause silencieusement des ravages sur la santé et le développement des enfants et peut avoir des conséquences mortelles »,
explique Henrietta Fore, directrice générale de l’Unicef. « Connaître l’étendue de la pollution au plomb et comprendre les dégâts qu’elle cause dans la vie des individus et des communautés doivent inciter à intervenir d’urgence pour protéger les enfants une bonne fois pour toutes ».
Intitulé « La vérité toxique : l’exposition des enfants à la pollution au plomb sape le potentiel d’une génération », cette analyse a été menée par Institute of Health Metrics Evaluation (Ihme).
Les auteurs du rapport notent que le plomb est une « puissante neurotoxine qui cause des dégâts irréversibles au cerveau des enfants ». Il a des effets particulièrement dévastateurs chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans. « Il endommage leur cerveau, entraîne des déficiences neurologiques, cognitives et physiques irréversibles ».
Les enfants plus âgés en sont doublement frappés, car ils subissent de graves conséquences, « dont un risque accru de lésions rénales et de maladies cardiovasculaires ultérieures », relève le rapport.
L’exposition au plomb a également des répercussions sur l’économie. D’après les estimations, « l’exposition des enfants au plomb coûterait aux pays à revenu faible ou intermédiaire près de 1000 milliards de dollars Us en raison de la perte de potentiel économique de ces enfants tout au long de leur vie ».
Selon le rapport, le recyclage informel ou non conforme aux normes des batteries au plomb est une cause majeure de
l’intoxication au plomb des enfants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où le nombre de véhicules automobiles a été multiplié par trois depuis 2000.
« Du fait de cette hausse et du manque de réglementation et d’infrastructures de recyclage des batteries de véhicules, jusqu’à 50 % des batteries au plomb sont recyclées dans l’économie informelle dans des conditions dangereuses », note l’étude.
Plusieurs sources d’exposition
Les sources d’exposition au plomb des enfants sont multiples. « Le plomb peut être présent dans l’eau parcourant des canalisations en plomb, provenir d’activités industrielles comme l’extraction minière et le recyclage de batteries et se trouver dans des peintures et des pigments à base de plomb, ainsi que dans les soudures de boîtes de conserve et dans les épices, les cosmétiques, les médicaments ayurvédiques, les jouets et d’autres produits de grande consommation », peut-on lire dans le rapport.
L’étude renseigne aussi que les parents qui manient du plomb dans leur travail rapportent souvent à leur domicile de la poussière de ce métal sur leurs vêtements, leurs mains et leurs chaussures, ainsi que dans leurs cheveux, exposant ainsi sans le vouloir leurs enfants à cet élément toxique.
La prévention de l’exposition des enfants au plomb par l’information est bénéfique à tous les coups. C’est ce que préconise Richard Fuller, président de Pure Earth. «Les gens peuvent être informés des dangers du plomb et on peut leur donner les moyens de se protéger et de protéger leurs enfants. Le retour sur investissement est énorme : une meilleure santé, une productivité accrue, moins de violence et un avenir meilleur pour des millions d’enfants sur la planète », indique-t-il.
L’Unicef et Pure Earth notent que les pays concernés peuvent remédier à la pollution au plomb et à l’exposition des enfants en misant sur six principaux piliers : les mesures de prévention et de contrôle, la gestion, le traitement et l’assainissement, la sensibilisation du public et changement de comportement, l’action mondiale et régionale ainsi que les systèmes de suivi et de comptes rendus.