Lnb/ Rétropédalage dans le prélèvement des 15%: Les dessous d’une décision saluée

Publié le jeudi 6 aout 2020 | Matin libre

© aCotonou.com par DR
Gaston Zosssou, directeur général de la Loterie nationale du Bénin (Lnb) et ’ex ministre de la communication et

Une semaine après son entrée en vigueur, le prélèvement des 15% sur chaque gain emporté quant aux jeux de hasard de la Loterie nationale du Bénin (Lnb), n’est plus d’actualité. Ce rapportage précipité est-il le fruit d’un simple concours de circonstance ? A y voir de près, certainement pas.

Depuis le 27 juillet, les parieurs des jeux de hasard de la Lnb n’emportaient plus tous leurs gains. Pour cause, en application à la loi des finances 2017, une contribution spéciale libératoire instaurée sur ces gains versés aux gagnants de ces jeux de hasard par la retenue à la source libératoire de 15%, est mise en vigueur. Cette décision émanant du Directeur général de la Lnb Gaston Zossou avait en son temps suscité de vives indignations dans le rang de ces parieurs, ainsi qu’au niveau des internautes. Mais, Gaston Zossou en s’expliquant sur cette démarche a essayé de rassurer l’opinion à sa manière, quant à sa nécessité. Seulement, une semaine aura suffi pour que l’on retourne à la case départ. Autrement, Gaston Zossou ? à travers une nouvelle note circulaire prise mardi 4 août, a purement et simplement rapporté sa décision. Ainsi, depuis cette date, les parieurs peuvent à nouveau emporter tous leurs gains et ce, sans aucun retenu en guise de quoi que ce soit. Mais quels peuvent être les dessous de cette décision ?

Un désintérêt payant ?

En attendant une éventuelle explication du côté de la Lnb, un tour dans quelques centres de jeu d’Ekpè et de Cotonou au lendemain de cette abdication a permis de se rendre compte que durant les huit jours que cette mise en application a duré, les caisses de la Lnb et la poche de ses agents, ont souffert. En effet, des informations recueillies au niveau du grand centre de jeu d’Ekpè, il ressort que les parieurs ont mis en exécution leur menace de boycotter au maximum les jeux de la Lnb, pendant tout le temps que durera le prélèvement. A en croire Virgile Dossou, responsable de ce centre, le lundi 27 juillet, premier jour d’entrée en vigueur de cette décision a été pour lui un vrai drame. Car à l’entendre, sa salle de jeu est restée presque vide, toute cette journée. « Les amis parieurs se sont entendus pour ne pas jouer le loto fortune. Alors que c’est ce jeu qui fait essentiellement entrer de l’argent. Personnellement, j’ai pensé que la situation allait s’améliorer au fil des jours mais non ! Ceux qui avaient l’habitude de beaucoup jouer ont diminué considérablement leurs mises. D’autres ne m’envoient même plus leurs jeux par WhatsApp. Jusqu’à ce jour, même si la situation s’est un peu améliorée, ce n’est pas pour autant. Vous voyez vous-mêmes que le kiosque est toujours presque vide et que les gens ne viennent qu’à compte-goutte. Alors qu’avant, déjà à midi, certains n’arrivent même pas à jouer avant la clôture », s’est-il plaint. Ce désintérêt soudain des parieurs n’est pas sans conséquence sur les agents de ces centres de jeu. A Saint-Michel où la situation de boycott demeure perceptible au niveau du centre sis sur le parc, un agent qui a préféré gardé l’anonymat, tout en déplorant aussi la ‘’galère’’ dans laquelle ils vivent depuis une semaine, s’est tout de même réjoui que la Lnb revienne sur sa décision. « Au moins, en plus du salaire, certains parieurs généreux nous donnaient de l’argent suite à des validations de tickets gagnants. Ce qui fait que nous ne nous plaignions pas. Mais depuis lundi sur passé, je vous assure que je n’ai rien empoché chez un parieur, après validation. Au contraire, le boycott des clients a fait que ce que j’ai reçu dernièrement n’était pas ce que je recevais car on nous paye en fonction de la recette mensuelle. Je ne peux pas dire quand est-ce que les clients reviendront comme avant mais je sais que les gens ne viennent plus jouer. Je ne peux pas aussi dire que la Direction est revenue sur les 15% à cause du boycott mais ce qui est sûr, c’est qu’elle a beaucoup perdu depuis ce jour-là », confie-t-il. « C’est normal ! Difficilement on gagnait après avoir beaucoup investi. Mais on nous dit encore qu’on va nous prendre de l’argent dans ce qu’on a gagné. Même si tu gagnes 250 Fcfa, ils vont te prélever. La loterie n’est pas une tontine où on doit payer de pénalité si on ne joue pas. Moi je jouais au moins 2.000 Fcfa par jour si j’ai de l’argent. Mais j’ai refusé de jouer depuis qu’ils ont mis en place leur affaire. Puisque dans les forums où des gens envoient des plans, des schémas et boules sûres, c’est le silence. Les administrateurs ont demandé qu’on arrête d’envoyer des jeux. De ce fait, si tu n’as pas de boules sûres, c’est difficile d’aller jouer. Et avec ça, beaucoup comme moi ont abandonné. Les amis sont révoltés contre la Loterie et elle-même le sait. Je pense que s’ils ont oublié ces 15%, c’est qu’ils ont compris qu’ils ont beaucoup perdu. Ça leur apprendra désormais », a rétorqué ce chauffeur de taxi et parieur. En définitive, les parieurs pour monter leur mécontentement vis-à-vis de cette décision de la Lnb ont réussi à boycotter ses services et de par ricochet, à lui faire perdre de l’argent. Loin d’être une logique hâtive, cette réaction de ces férus des jeux de hasard est forcément un élément clé, dans ce rétropédalage.

J.G

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