De Cotonou, le marché de bétail a été transféré à Sèmè-Podji avant d’être délocalisé à Djèrègbé-Owodé et ensuite à Zè depuis précisement 2019. Si la vision du gouvernement est de doter cette commune de nouvelles infrastructures, créer des emplois et surtout générer de revenus pour la collectivité locale, la décision des autorités béninoises est loin de faire l’unanimité.
En effet, construire un grand marché de bétail à Zè reste certes, une action salutaire mais mal pensée. Et ceci, pour diverses raisons. Si à Sèmè-Podji ou encore à Djèrègbé-Owodé, les commerçants venus généralement du Burkina Faso et du Niger ne se sont pas plaints d’une baisse de leurs chiffres d’affaires même si les taxes semblaient de trop, la situation n’est plus la même à Zè. A deux jours de la fête de la tabaski, les moutons pouvaient simplement se promener sans craindre d’être vendus. Car, les clients étaient plus que rares et les quelques clients qui y venaient n’ont pu s’en procurer estimant les coûts assez élevés. C’était la consternation dans le rang des commerçants qui passaient des nuits à la belle étoile depuis quelques jours sans pouvoir vendre. Des milliers de moutons y sont déversés. “Je ne sais même ce qui va se passer. A cette allure, nous risquons de ramener les bêtes au Burkina. C’est inadmissible que le gouvernement nous demande de venir vendre ici. Je suis dans ce commerce depuis plus de dix ans, jamais des clients ne se sont faits rares comme cette année“, déplore un commerçant venu de Fada N’Gourma au Burkina Faso. Si pour beaucoup, cela résulte de la pandémie de la Covid-19 qui a limité les pouvoirs d’achat, des commerçants évoquent une autre raison : la distance. En effet, quitter Cotonou pour la commune de Zè n’est pas chose aisée et le transport des moutons par des tricycles et autres véhicules revient très coûteux. L’autre aspect qu’il importe de souligner est que la plupart des musulmans de Porto-Novo, Sakété, Pobè, Sakété, Kétou ou encore de Sèmè-Podji ne prendraient pas le risque d’effectuer un si long voyage pour se procurer un ou deux moutons pour la fête. Ainsi, beaucoup s’en sont procurés dans des localités proches et les commerçants de Zè n’ont eu des yeux que pour pleurer leur sort. Le hic, est que très peu de musulmans résident dans la commune de Zè. D’où devrait venir alors la clientèle ? Face à la réalité du terrain, des commerçants ont dû faire l’option de perdre. Les prix ont été donc revus à la baisse. Les moutons estimés à 150 mille Fcfa au départ ont été cédés à 75 000Fcfa ou 80 000FCFA pour les plus chanceux. Triste pour les commerçants qui, malgré le contexte du Covid-19, ont voulu se faire un peu d’argent. Un véritable calvaire également pour des fidèles musulmans. Rappelons que le gouvernement béninois projette de construire à Zè un marché à caractère régional avec une vingtaine d’infrastructures à installer progressivement. Sur un domaine de cinq (05) hectares, les travaux entrant dans le cadre de la construction du marché à bétail de Zè dans le département de l’Atlantique ont été officiellement lancés le mercredi 5 février 2020 par le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui. Il est prévu, la construction d’un quai de débarquement / embarquement et une aire d’accueil pour le gros bétail de 206 m2 sans oublier deux hangars de 8 places de 83,17 m2 chacun; deux blocs de latrines à double fosse; un bâtiment à usage de services vétérinaires de 50,28 m2; un enclos pour la mise en quarantaine et une pharmacie vétérinaire…