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Edito: Le spectre du troisième mandat

Publié le jeudi 13 aout 2020  |  L`événement Précis
Entretien
© Présidence par DR
Entretien du Président de la République, S.E.M. Alassane OUATTARA, avec son homologue du Bénin, S.E.M. Patrice TALON
Lundi 02 Septembre 2019. Entretien du Président de la République, S.E.M. Alassane OUATTARA, avec son homologue du Bénin, S.E.M. Patrice TALON, dans le cadre d`une Visite d`Amitié et de Travail que celui-ci a effectuée ce lundi 02 septembre 2019, à Abidjan.
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Faut-il limiter les mandats présidentiels ? C’est la question que certains observateurs se posent à la suite de la candidature d’Alassane Ouattara et de la probable candidature d’Alpha Condé en Guinée. Il s’agit même d’une réelle quadrature du cercle, quand on sait que dans les années 1990 et surtout au début de la décennie 2000, la plupart des démocrates africains étaient convaincus qu’il fallait limiter les mandats présidentiels. Et pour cause, tous nous étions convaincus qu’une présidence trop longue donne au président l’impression d’être un monarque. Il installe alors sa cour et bonjour les prévarications ! Il y avait d’ailleurs de solides anti-modèles : Mobutu et son règne qui ont fini par une guerre civile, Houphouët-Boigny et son interminable règne avec une dynastie prébendière, Omar Bongo et sa nombreuse cour dispendieuse, Eyadéma et son armée prédatrice…N’oublions ni Kérékou ni Lansana Conté encore moins Sassou N’Guesso. Ce sont tous des dictatures d’opérette dont l’Afrique des années de conférence nationale a cherché coûte que coûte à se débarrasser.
Au Bénin un double verrou a été mis en place : la limitation d’âge et du nombre de mandats. La dernière révision constitutionnelle a permis même d’ajouter un troisième obstacle infranchissable : désormais personne ne peut faire plus de deux mandats « de sa vie » à la tête de notre pays. Si la limitation d’âge et du nombre de mandats n’était pas assez claire, voilà un dernier verrou susceptible de mettre fin à certains appétits. Car il y a bien des appétits. Lors des négociations en vue de la participation de l’opposition au récent dialogue politique, certains leaders ont exigé que l’on saute le verrou de la limitation du nombre de mandats. Pendant longtemps un autre s’était battu pour qu’on saute la limitation d’âge en citant le cas des Etats-Unis où d’illustres vieillards sont aujourd’hui en course pour la présidentielle de novembre 2020. Que non ! Le Bénin a réglé définitivement la question : point de candidats de plus de 70 ans et plus personne ne fera plus de deux mandats, fût-il le meilleur président de la terre. Et la limitation des mandats est même devenue l’une des pierres angulaires de la construction démocratique de ces dernières années. Malgré les entourloupes que certains régimes astucieux ont fini par poser ici au Togo, là au Gabon, là-bas en Côte-d’Ivoire ou plus loin en Guinée, il est désormais entendu que la démocratie ne va pas sans limitation des mandats présidentiels.
Patrice Talon a bien tenté d’être plus radical encore en proposant un mandat unique de sept ans. Il a été désavoué deux fois, grâce à la myopie de l’opposition qui n’avait pas vu alors qu’il scellait son propre sort. Contrairement à ses promesses de 2016, Patrice Talon a toutes les chances de se mettre en compétition. Il en a tous les droits et la plupart de ses militants l’y poussent déjà. Là n’est pas le propos.
Car au fond, la limitation des mandats nous prive d’un facteur essentiel du progrès des nations : le temps. Si Alassane Ouattara a pu accomplir ce qu’il a fait à la tête de son pays, c’est bien parce qu’il est resté une décennie au pouvoir. On parlera également de Paul Kagamé au pouvoir depuis 20 ans. Et qui a réussi à transformer radicalement le Rwanda d’après le génocide. Il est presque impossible d’évoquer l’Afrique qui réussit aujourd’hui sans citer ce pays qui fait mentir pourtant toutes les promesses de l’idéal démocratique. Il en est de même (dans une certaine mesure) pour le Maroc, avec le roi Mohamed VI au pouvoir depuis 21 ans. Même si, monarchie constitutionnelle, il s’arcboute aux remparts de la démocratie pour régner.
Mais n’allons pas plus loin. Je comprends parfaitement les contingences qui ont poussé Alassane Ouattara à se dédire. Mais il pousse son pays dans un dangereux précipice. Non pas que la guerre en Côte-d’Ivoire soit pour bientôt. Les acteurs et les circonstances de 2002 ont totalement changé. Mais il y a que le non-respect de la constitution reste un danger pour le président lui-même. Car il y a une variable qu’il ne maitrise pas. Comment se comportera l’armée à court ou moyen terme ? Bien malin qui pourrait le prévoir.

Par Olivier ALLOCHEME
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