La collecte des ordures ménagères sans matériel de protection est devenue très fréquente dans la ville de Cotonou et ses environs. Malgré les nombreuses sensibilisations faites par les autorités en charge de l’hygiène environnementale, ce mal continue persiste au grand malheur des agents de pré-collecte des ordures.
La collecte des ordures ménagères dans zones rurales de la ville de Cotonou et ses environs fait objet d’hygiène et de propreté. Cette collecte des déchets est assurée par des agents qui, malheureusement, ne disposent pas de matériels de protection comme : les bottes, les gants et les masques de protection. «Nous ne recevons aucun matériel de protection pour le ramassage des ordures ménagères de la part de nos employeurs», confie Sévérin D., un agent de pré-collecte. Même en période de pluie, il n’est pas rare d’apercevoir ces employés, sans matériels de protection, travailler dans les eaux usées et de trimballer les ordures imbibées d’eau. Certains estiment même qu’en cette période, ils ont du mal à travailler à cause de l’inondation des ruelles et du poids des brouettes non seulement à cause de leur ancienneté mais aussi, des ordures qui sont remplies d’eau. Cette réalité est aussi observée en cette période de crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus. Les agents de pré-collecte travaillent sans leurs bavettes ou masques de protection. C’est le cas d’Hubert Lokossou, un agent collecteur d’ordures ménagères livré à lui-même, comme ses collègues. «Je prends des antibiotiques après le travail pour me prévenir contre les infections surtout que nos employeurs ne tiennent pas compte de notre état de santé », avance-t-il.
La banalisation des matériaux par les agents soumis aux risques d’intoxication
A l’issue du calvaire que subissent les agents, certaines structures en charge de la collecte d’ordures ménagères, se mobilisent pour assurer leur épanouissement. Bien avant l’arrivée de cette pandémie du Coronavirus, la structure Abecop de Sébastien Gbodégla, sise à Atrokpocodji, a équipé ses employés de gants et de bottes. Mais fortuitement, ces derniers ont revendu les matériaux, à des prix forfaitaires. « Auparavant, nous leur remettions les sous de ces matériaux sur leurs salaires pour qu’ils achètent mais ces derniers ne le font pas. Nous avons alors décidé de le leur acheter mais, ils les revendent », a-t-il déploré tout en mettant l’accent sur leur banalisation de l’existence du Coronavirus et de la non observance de la première mesure barrière qu’est le port de masque de protection. « Les agents ne portent pas les masques que nous leur avons distribués pour lutter contre le coronavirus, sous prétexte qu’ils ont du mal à respirer », ajoute Sébastien Gbodégla. Selon Dr Ronny Bignon Guézo Médecin généraliste dans une clinique sise au quartier Ménontin, ces agents qui du matin au soir transportent les ordures sans masques et sans gants, s’exposent à plusieurs types d’infections notamment : les infections respiratoires, broncho-pulmonaires, les troubles musculo-squelettiques (Tms) liées à la mutation ou aux gestes répétitifs et rapides, la contamination par blessures cutanées et piqûres dues à l’exposition aux micro-organismes, les contacts cutanés avec des produits corrosifs, irritants, toxiques et cancérigènes par les agents collecteurs surtout en cette période de pluie. Ce qui les exposent à plusieurs maux comme les maladies diarrhéiques, l’ascaridiose, la shigelose, l’amibiase, le choléra. « Il est urgent de rencontrer ceux qui les emploient pour mettre un accent sur l’équipement de leurs agents », a notifié Dr Ronny Bignon Guézo.
La Police sanitaire dans son rôle de régulation
Les ordures ménagères constituent des déchets dont la décomposition engendre beaucoup de gènes pathogènes d’où la nécessité de se protéger. Lorsqu’elles sont mélangées à d’autres déchets comme les matières fécales, elles exposent les agents de pré-collecte aux risques d’intoxication, si ces derniers inhalent l’odeur que dégagent ces ordures. « C’est un grand problème pour ces structures qui recrutent les agents de pré-collecte et qui ne les équipent pas de matériels de protection », a souligné Serge Touessi, Chef brigade de la police sanitaire de la Direction départementale de la santé (Dds) du Littoral. Selon ses explications, la police sanitaire qui a pour mission d’équiper les structures de collecte d’ordures, organise également des contrôles dans lesdites structures et procède également à la sanction de celles qui ne respectent pas les règles de protection. A cet effet, la police sanitaire a récemment bénéficié du financement de l’Agence Canadienne pour le développement international (ACDI) dans la mise en œuvre du projet Oxfam-Quebec, qui consiste à procéder à l’amélioration de la qualité de la collecte des ordures ménagères, l’attribution d’une zone propre à chaque structure pour la collecte des ordures et l’équipement de ses structures de matériaux de protection. Ainsi, des contrôles inopinés seront organisés pour observer les conditions de travail des ouvriers des structures de collecte d’ordures et procéder à la sanction de celles qui ne seraient pas en règle, afin d’assainir le secteur. La balle est ainsi renvoyée dans le camp des structures de collecte de déchets qui doivent s’activer pour mettre leurs agents dans de meilleures conditions de collecte d’ordures.