L'insécurité prend une proportion, grande et exceptionnelle, en cette fin de l'année 2013. Elle se manifeste sous diverses formes et semble décidée à toucher même des personnes réputées intouchables.
Pourtant, de grands moyens sont déployés pour traquer les hors-la-loi jusqu'à leur dernier retranchement. En attendant donc de savoir ce qui entretient la grande insécurité au Bénin, on peut tout de même constater qu'une panique généralisée gagne le rang des populations.
Plus de jour sans que des coups de feu ne retentissent quelque part dans une ville du Bénin. Dans les quartiers de villes, des bandits avec différents modes opératoires braquent, cambriolent, volent et
tuent allègrement les paisibles et impuissantes populations sans être généralement inquiétés. Du coup, la panique se généralise puisque mêmes les acteurs d'un certains rang social ne sont plus épargnés par le danger. Le hic, c'est que la situation échappe visiblement aux responsables en charge de la sécurité dont la gestion affiche ses limites.
Montée en puissance des malfrats
Alors qu'on justifiait encore l'insécurité grandissante au Bénin par la recherche intense du gain facile à la veille des fêtes de fin d'année, un crime plutôt extraordinaire amène à penser que les mobiles de l'insécurité au Bénin sont multiformes et contextuels. Sinon, que dire de la fusillade ce lundi du président de l'Ong Alcrer ? En effet, Martin Assogba, à bord d'un véhicule 4X4 serait tombé dans une embuscade alors qu'il rentrait chez lui au quartier Houèdo, dans la commune d'Abomey-Calavi. Son conducteur confie que le véhicule aurait été suivi par deux individus roulant une moto dame qui, à quelques encablures du domicile de la victime, ont ouvert le feu sur lui, le criblant de balles.
A écouter les diverses interventions et le récit des témoins du crime, l'on est bien tenté de conclure que pour le cas de Martin Assogba, il ne s'agit nullement d'un braquage mais d'une tentative d'assassinat bien peaufinée.
D'ailleurs, la conduite des assassins et les premières prises de position du Directeur général de la Police confirent bien la thèse. Selon Louis Philips Houndégnon, des pistes sont en train d'être explorées et il convenait déjà d'envisager que le vaillant acteur de la société civile qu'on connait bien pour ses prises de position très catégoriques, a été victime de son attachement à la région de Houèdo. Une déclaration bien codée dirait l'autre.
En somme, il n'y a pas de doute que les malfrats, au-delà de la recherche d'un butin peuvent bien accomplir des missions parfois inavouées.
" Djakpata " déjà affaibli ?
Après la relative accalmie observée avec l'innovation de l'opération " Djapkata ", les malfrats ont repris droit de citée. De Cotonou à Porto-Novo en passant par les villes secondaire telles de Abomey Calavi, Parakou, Abomey…, les divorcés sociaux frappent très fort, passent et repassent sur les même lieux de crime, dictant leur diktat aux populations comme aux forces de l'ordre. De quoi se convaincre de ce que les hors-la-loi réussissent vaille que vaille à trouver de bonnes formules pour contourner les stratagèmes mises en place par les forces de sécurités pour lutter contre le banditisme. Pourtant, deux faits banals paraissent indicatifs dans l'échec voilé des forces de l'ordre.
Primo, le manque de retenue justifié par la forte médiatisation du modus operandi des forces de sécurité béninoise et les diversions qui se sont invitées tout dernièrement dans la conduite de l'opération Djakpata dont la nouvelle cible parait sans grands enjeux pour le recul du banditisme au Bénin. Enfin, la bureaucratisation des meilleurs et dynamiques flics de la Police béninoise qui sont pour la plupart promus à des postes de responsabilité n'a-t-elle pas ouvert une brèche aux malfrats ? Espérons que le ministre de l'Intérieur en charge de la sécurité publique, très occupé par ses tournées de prise de contact, sache prendre les mesures de la situation surtout qu'il semble encore éprouver quelques difficultés à tenir ses hommes. Car le peuple a sérieusement peur.