La beauté mort-née de l’échangeur de Godomey commence par révéler ses tares et imperfections. Tant loué pour son utilité et sa justesse, l’échangeur présente néanmoins les signes d’une œuvre achevée tant bien que mal et dont le suivi régulier ne préoccupe encore personne.
Que n’aurait été beau l’échangeur de Godomey ! Qu’il aurait pu briller de mille et un feux, s’il ne colportait guère ces défauts qui frappent à la vue et ternissent son éclat ! Et pourtant. L’échangeur de Godomey, cette œuvre gigantesque faisant partie de celles inachevées ayant marqué le terme de l’ère du Changement, souffre d’une laideur congénitale. Qu’il est hideux, notre très cher échangeur, avec ses hautes herbes dépassant déjà une taille de deux mètres.
Que dire de la mare sombre qui garnit parfaitement son embranchement conduisant à Calavi ? Cet endroit est devenu un lieu de rencontre des pêcheurs à l’hameçon. Quant à sa bordure méridionale, elle est si sombre de jour comme de nuit, qu’on n’en connaît jamais les confins. Les ornements en plastiques placés sur les gardes fous offrent un spectacle désolant.
De couleur verte à l’origine, ils sont passés en un temps record à une couleur noire méconnaissable. Et ceci, c’est s’ils tiennent encore debout, car la grande majorité a déjà été brisée par ces chauffards indignes de nouveautés. Vu de loin la nuit, l’échangeur se présente comme un spectre effrayant, dans toute l’entièreté de son hideur. Aucun réverbère en vue. Ce qui accentue davantage son caractère austère. Il abrite depuis peu des gangsters qui se tapissent allègrement sous ses hauts buissons, pour prendre en filature les motocyclistes et les déposséder de leurs motos. Les plaintes d’attaques et de vol dans les environs de l’échangeur la nuit, deviennent de plus en plus nombreux.
Voilà, sous les traits d’un vrai euphémisme, l’état piteux dans lequel gît l’échangeur de Godomey. Cette œuvre qui nous a été chantée à tue-tête, au risque d’assourdir les âmes candides, révèle dorénavant ses tares au grand jour. Et dire qu’on demandait à la population de voter tel candidat en 2011 pour qu’il construise davantage d’échangeurs ! Nous voyons maintenant très clairement comment il s’occupe de celui dont on a achevé la construction in extremis.
