Le palais du roi Agonglo à Abomey a accueilli, ce samedi 22 août, les manifestations officielles marquant la Journée du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Un rendez-vous aussi bien culturel qu’intellectuel qui a mobilisé des autorités politico-administratives, des universitaires, des notables et des amoureux de la culture et de l’histoire.
Cette journée du souvenir a pour but de rappeler, chaque année, à la mémoire des peuples, ce qu’a été la tragédie de la traite négrière. Répondant aux objectifs du projet interculturel “la route de l’esclave”, elle se veut une occasion d’échanges sur les causes historiques, les modalités et les conséquences de cette tragédie, ainsi qu’un moment d’analyse des interactions qu’elle a générées entre l’Afrique et les autres continents.
Après les mots de bienvenue et de reconnaissance pour le choix de la ville d’Abomey et précisément du palais d’Agonglo pour cette célébration, les maires présents ainsi que les éminents professeurs ont été distingués par le représentant des dignitaires, Dah Gansè. Puis, les maires Antoine Djédou d’Abomey et Angelo Ahouandjinou d’Abomey-Calavi ont procédé au dévoilement des stèles qui rebaptisent l’esplanade du palais d’Agonglo et la ruelle qui conduit à celle-ci. Cette esplanade est baptisée « Place de la liberté -Me bi Vi- (tous les enfants ont les mêmes droits) ». La ruelle qui conduit à cette esplanade est dénommée Sènumè, du nom de la mère du roi Agonglo. C’était aussi une occasion pour projeter quelques faisceaux lumineux sur le règne du roi Agonglo qui a déjà accordé les mêmes droits à tous les enfants de la cité.
Agonglo comme un bon exemple
La seconde étape de cette commémoration a été la visite guidée du palais d’Agonglo. Ici, la principale activité est le tissage. L’une des activités qui caractérisent le règne de ce roi est le tissage. Et les traces sont encore bien là indélébiles, au palais. En matière de textile, les tisserands du palais Agonglo opèrent une révolution en douce grâce à la Coopération belge, ce dont l’assistance a eu la preuve. Les techniques de tissage de plus en plus adaptées aux besoins et goûts du temps. On note de la créativité aussi bien séduisante que talentueuse dans les œuvres exposées par les tisserands. Le tissu Kanvo qui est le label de ce palais à Abomey a aussi son histoire que Constant Adonon, l’un des acteurs clés de cette transformation, a présenté aux visiteurs. Il explique comment ce tissu royal chargé d’histoire a traversé le temps et l’espace. Le roi Agonglo très attaché à cet outil a réussi à le faire adopter au Danxomè et jusqu’à ce jour.
La dernière étape de cette commémoration au palais d’Agonglo est la conférence- débat sur le thème : « De l’esclavage à la liberté, à la réconciliation ». Animés par les éminents professeurs
Florentin Nangbè, Nouréni Tidjani-Serpos, Bellarmin Codo, Brice Sogbossi, Dieudonné Gnamankou et bien d’autres, les échanges ont permis de mettre l’accent sur Agonglo, le huitième roi de Danxomè qui a régné de 1789 à 1797. Réformateur, il allégea les taxes sur le commerce à Ouidah et prit des mesures pour soulager la souffrance des esclaves.
Face aux nombreux clivages causés par l’esclavage, le professeur Florentin Nangbè, président du comité d’organisation, insiste sur le pardon et l’importance de la réconciliation entre les communautés. « Il nous faut nous engager désormais dans un processus de réconciliation avec nous-mêmes et avec les autres peuples à l’effet de construire véritablement une nation béninoise consolidée », plaide le conférencier. Ceci, avec l’espoir que cette lucidité devra permettre d’aller de l’avant dans le renforcement des liens de fraternité.