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Trois (03) ans d’expérimentation de l’anglais au primaire : le projet souffre du défaut de matériels didactiques

Publié le mardi 25 aout 2020  |  Educ'Action
Ecolier
© aCotonou.com par DR
Ecolier Beninois
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Introduite depuis trois ans déjà dans le système éducatif béninois, l’étude de la langue anglaise est chose effective dans les écoles primaires publiques retenues pour la phase expérimentale.

Trois ans après son introduction, Educ’Action a décidé de s’imprégner de l’intérêt que portent les enfants pour cette langue et les difficultés que rencontrent les enseignants expérimentateurs. Reportage !

«Good morning teacher. –Good morning class. How are you ? –Fine, thanks and you ?.... –Today we are going to learn the family’s members. Who are the Family’s members ? –Family’s members are father, mother, childrens, grand father, grand mother, aunte, uncle, etc… ». Ce scénario est une séquence de classe qui se déroule bien évidemment dans une école entre l’enseignant René Akandjona et ses apprenants. Mais détrompez-vous. Nous ne sommes ni dans une école américaine ni bilingue. Nous sommes bien à l’Ecole Primaire Publique (EPP) Fifadji dans le département du Littoral, circonscription scolaire de Sikè. Notre descente dans cette école, nous a été bénéfique dans la matinée de ce mercredi 19 août 2020. Elle nous a permis de nous recycler sur des notions de la langue de Shakespeare apprise depuis des années sur les bancs au collège, mais oubliée faute de pratique. Mieux, vous aviez déjà entendu la chanson de l’hymne nationale du Bénin en Français et en langue locale Fongbé. Mais l’aviez-vous déjà une fois entendue en Anglais ? Faites un tour à l’EPP Ladji, une école située à Sainte Cécile à Cotonou, toujours dans le département du Littoral, Circonscription Scolaire Cotonou-Lagune. Cette chanson qui nous rappelle qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons, vous donnera sans doute des frissons quand vous l’entendrez en Anglais de la bouche de ces tout-petits, visiblement amoureux de cette langue. Du moins, c’est ce qu’a ressenti l’équipe du journal Educ’Action qui a fait un détour dans cette école dans la matinée de ce jeudi 20 août 2020. Comme vous pouvez vous en doutez, ces écoles sillonnées sont quelques-unes parmi les nombreuses retenues par le gouvernement béninois pour l’expérimentation de l’Anglais au cours primaire. C’est à cœur joie que ces apprenants expérimentateurs se sont livrés à des exercices pour montrer leur capacité à s’exprimer en Anglais, but ultime de cette expérience.

De la justification du contexte de la décision de l’introduction de l’Anglais au Primaire…

L’importance de la langue Anglaise n’est plus à démontrer aujourd’hui dans le monde, à en croire les enseignants expérimentateurs rencontrés. « L’anglais aujourd’hui est une langue incontournable, une langue commerciale, une langue d’affaires, une langue qui s’impose aujourd’hui dans le monde. On ne peut pas aller dans certains pays voisins sans parler cette langue», dira Joseph Médessoukou, enseignant expérimentateur dans la Circonscription Scolaire (CS) Cotonou-Lagune pour justifier cette décision du gouvernement. Pour René Akandjona, expérimentateur d’Anglais, dans la CS Sikè, en dehors des raisons évoquées par son collègue plus haut, l’introduction de la langue anglaise dans les classes du Primaire se justifie également par le fait que les apprenants de la 6ième à l’université ne sont pas en mesure de dire le minimum en Anglais après des années d’études. Cette initiative vient donc pour régulariser cet état de choses afin que les apprenants puissent s’exprimer dans cette langue au même titre que la langue de Molière. Joseph Médessoukou n’a pas manqué de faire remarquer qu’il serait facile pour les enfants de vite comprendre cette langue. « L’enfant acquiert rapidement la langue. Quand on la manipule à ses côtés, il l’acquiert même sans le savoir. Le principe de la langue est subconscient, c’est-à-dire que cela rentre sans qu’on ne le sache », a-t-il justifié. Mais après trois ans d’expérience, pouvons-nous estimer que l’étude de la langue anglaise prend l’envol comme pensée par les acteurs éducatifs ? C’est la question qu’il convient de se poser à l’heure du bilan.

L’Anglais, une langue aimée des tout-petits…

Il vous aurait suffi de voir l’engouement qu’il y avait dans le rang des apprenants à ces différentes séquences de classe qui ont reçu la visite des équipes du journal Educ’Action pour en tirer vous-mêmes les conclusions. C’est tout enthousiaste que ces apprenants se proposent de répondre à des questions posées par l’instituteur en Anglais. « Je ne peux pas qualifier moi-même le travail que je fais. Mais vous-mêmes, vous avez vu combien les enfants se donnaient à fond », dira tout simplement Yélian René Romuald Akandjona pour démontrer l’amour des enfants pour la chose. Plus loin, c’est l’instituteur Joseph Médessoukou qui livre sa réponse à la question. « Après trois ans, le bilan à mi-parcours qu’on peut faire, c’est que les enfants nous émerveillent. On ne pensait pas que ça allait réussir, on ne pensait pas que la langue anglaise serait aimée des tout-petits. Quand on leur pose des questions, ils répondent en anglais. Quand nous les mettons en intercommunication, ils répondent correctement. L’ambiance dans laquelle les enfants nous accueillent et nous suivent, tout cela impressionne et je crois bien que le projet a déjà pris », a attesté tout ému Joseph Médessoukou en présence de deux de ses collègues qui approuvent au passage les propos de ce dernier par des signes de « oui » faits avec la tête. « Les enfants nous ont pratiquement imposé cette langue parce qu’ils adorent cette langue. Ils se sentent très à l’aise. Ils s’efforcent même quand ils font des erreurs », a ajouté Valérie Gnimadi, expérimentatrice. Bien qu’étant une langue très aimée des enfants, c’est avec beaucoup de difficultés que ces instituteurs expérimentateurs arrivent à se faire comprendre des enfants.

Le manque de matériels didactiques, l’énorme difficulté des instituteurs...

Les difficultés varient d’un instituteur à un autre et sont de tous genres. Mais s’il y a bien une chose sur laquelle ces enseignants en expérimentation s’accordent, c’est bien le manque de matériels didactiques. « Nous n’avons pas de matériels de concrétisation des séquences de classe», a laissé entendre Valérie Gnimadi qui se fait appuyer par ses collègues. « Nous avons besoin de matériels pour apprendre certaines choses aux enfants. On ne peut pas faire du verbiage, de l’abstrait, il nous faut aller au concret. C’est quand l’enfant voit faire que ça reste gravé dans sa mémoire. Donc, c’est pour dire que le matériel joue un rôle très important. Le projet souffre du matériel », a expliqué Joseph Médessoukou. Faisant siennes les difficultés énumérées plus haut, Hervé Dandji, expérimentateur dans la CS Cotonou-Lagune n’a pas manqué d’appeler les personnes de bonne volonté à l’aide. « Nous faisons un clin d’œil au Centre Culturel Américain et à toutes personnes afin qu’ils nous aident dans l’acquisition des matériels didactiques. Il nous est parfois difficile d’aller sur internet à la recherche de quoi illustrer nos leçons. Aussi, avions-nous besoin de bain linguistique pour aller toucher du doigt ce qui se fait ailleurs pour mieux le mettre en pratique chez nous. Nous demandons aux ONGs également de nous aider avec des matériels, à savoir : des planches pour nous permettre de concrétiser les séquences de classes », a-t-il demandé. A en croire ces enseignants, l’expérience mérite qu’on l’élargisse à toutes les classes du Primaire.

Estelle DJIGRI
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