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Komi Koutché : de la monnaie Eco à internet au Bénin, les grandes lignes de son livre

Publié le lundi 31 aout 2020  |  Matin libre
Komi
© aCotonou.com par DR
Komi Koutché, 2e secrétaire exécutif national adjoint du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), ancien ministre d’État chargé de l’Economie, des finances et des programmes de dénationalisation, sous le régime Yayi
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Par Prince Amassiko

L’univers livresque du Bénin s’est enrichi, ce vendredi 28 août 2020, d’une nouvelle parution. Le premier essai politique de l’ancien ministre de la communication Komi Koutché a été lancé par vidéoconférence avec des points de connexion au Bénin (Cotonou et Parakou), en France, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Togo au Maroc, aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite. Au cours de la cérémonie de lancement de l’ouvrage ‘’Ma Version’’, l’auteur du lieu de son exil a partagé ses motivations, quelques sujets abordés dans son livre et comment il voit l’avenir du Bénin. Voici ci-dessous une partie de l’intervention de l’ancien ministre Komi Koutché.



«Ma version, c’est ma modeste contribution, la modeste contribution à la littérature d’un acteur de la vie active aussi professionnelle que politique. Ma Version en thème de contenu serait trop réducteur en le concentrant sur les faits qui me sont personnels. Parce que j’estime aujourd’hui que les problèmes de notre pays et les défis auxquels notre pays est confronté de même que l’Afrique en général sont au-delà des frustrations personnelles que nous gérons. Ceci étant, je m’en voudrais de ne pas répondre à trois questions… Je n’ai jamais fui la justice de mon pays. Et d’ailleurs, je n’ai pas attendu la justice avant que tous les comptes pour lesquelles je suis mis en cause aujourd’hui ne soient librement transmis par moi-même à la chambre des comptes qui au titre du droit positif béninois est le juge suprême des comptes de l’Etat. Je n’ai pas non plus attendu qu’il ait une justice à la manière de celle qui existe au Bénin depuis 2016 avant que je ne fasse certifier tous les comptes sous ma gestion à la tête de ces institutions conformément à l’audit légal. Enfin, je n’ai pas attendu qu’il y ait la justice qui sévit au Bénin depuis 2016 avant de pouvoir répondre à la convocation de la justice béninoise pendant qu’elle était encore républicaine. Cette justice m’a évidemment bien écouté et m’a dit, il n’y a rien dans ce dossier pour lequel on peut vous arrêter. J’ai était relaxé et je suis parti ».

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«Je ne substitue pas le livre à un tribunal »
«C’est bien évidemment après ça que la justice dans son format actuel a été mise en place à partir de juillet 2018. Et en août, on annule mon passeport et on donne consigne à tous les policiers béninois qui m’auraient retrouvé à n’importe quel coin de mon pays dans lequel Dieu m’a établi de m’arrêter et de m’amener à la direction de l’immigration sans qu’il n’y ait aucune décision de justice. C’est donc à la suite de l’annulation de mon passeport et de l’interdiction formelle pour moi de mettre pied dans mon pays, qu’on m’adresse une convocation pour me dire de venir répondre à la justice. Aux auteurs de ces questions, peut-être à ma place vous aurez pu faire le miracle. Je dis ça pour vous dire que je ne substitue pas le livre à un tribunal. Je ne suis pas non plus à la recherche de jugement. Je suis juste à la recherche de dire mes faits et de laisser des traces puisque les paroles s’en vont et que chaque lecteur puisse se faire sa propre opinion ».



«J’assume les erreurs et j’assume aussi les bilans »
«Ma Version également c’est le partage de ma modeste expérience en matière de gestion du pouvoir et surtout ma volonté ferme à assumer mon passé, à assumer le bilan du gouvernement auquel j’ai appartenu d’une manière ou d’une autre aussi bien qu’en tant que membre du gouvernement qu’en tant que cadre ayant travaillé dans ce gouvernement-là aux côtés de son chef qui m’a fait confiance, de l’assumer et de dire que si l’expérience était à refaire, je la referai. J’assume les erreurs et j’assume aussi les bilans. Je suis très objectif pour reconnaître que tout n’a pas était parfait. Beaucoup de choses auraient pu être faites mais je pense aussi que beaucoup de choses ont été bien faites. Le reste, l’Etat est une continuité, tout est mouvant. Les hommes passent, le pays reste. Le plus important es que nous soignons dans un esprit de continuité en ce qui concerne nous apportons à nos pays ».

«Ma contrainte hors de mon pays … ne m’a pas fait que du mal »
«Ma Version c’est également en termes de contenu, ma position et mon idée sur des problèmes majeurs de notre société comme la jeunesse. Cette jeunesse africaine, oui une véritable richesse. Ma contrainte hors de mon pays ces dernières années ne m’a pas fait que du mal. Elle m’a permis de pouvoir découvrir un peu partout dans le monde des jeunes africains bien talentueux. J’ai découvert à Silicone vallée, la cité technologique du monde, des jeunes Africains et même béninois qui développent des applications les plus vendus aujourd’hui au monde. J’ai découvert à la Naza aux Etats-Unis de jeunes mathématiciens africains qui mettent leurs savoirs à la disposition des Blancs qui aujourd’hui sont toujours en avance sur nous ».



«Ce numérique qui s’est transformé en véritable instrument d’embastillement des jeunes »
«Cette jeunesse est la principale richesse de l’Afrique. C’est la richesse par rapport à laquelle on projette l’Afrique comme la surface économique du monde les années à venir. Mais, quelle est la voix que nous lui traçons pour qu’elle soit ce revirement de richesse ? Dans certains coins du monde par exemple le Bénin qui est le cas que je connais le plus, le numérique qui a fabriqué beaucoup de richesse, qui a fait les Bill Gate, qui a fait le jeune propriétaire de Facebook, et qui a fait beaucoup d’autres jeunes riches dans le monde comme Ali Baba et consorts, c’est ce numérique qui s’est transformé en véritable instrument d’embastillement des jeunes depuis 2016 à travers une fameuse loi dite code du numérique, qui transforme aujourd’hui la contradiction en un délit pour lequel beaucoup de jeunes croupissent en prison. A mon avis, c’est des problèmes profonds qu’il faut d’abord dresser afin de libérer la jeunesse pour que cette jeunesse puisse pousser l’Afrique vers le concert des continents ».

« L’ECO… tout sauf une monnaie économique »
«Ma Version c’est enfin l’ECO. Ce serait une légèreté de ma part de sortir un livre en ce moment précis et de ne pas aborder la question de l’ECO. Ceux qui liront verront ma position par rapport à l’ECO. L’ECO tel qu’il est lancé aujourd’hui est tout sauf une monnaie économique. C’est une monnaie politique dont l’objectif n’est certainement pas loin de l‘atténuation des poussées des mouvements anti-CFA. Puisque l’un des raisons qui permettent de postuler cela, c’est le fait qu’essentiellement cette nouvelle monnaie ECO ne change pas grand-chose par rapport au franc CFA. Mais est-ce que nous pouvons dire que le franc CFA est réellement la principale cause du sous-développement de l’Afrique ? Ma position sur la question reste mitigée dans la mesure où je pense qu’il y a des problèmes plus profonds : nos gouvernances dans nos pays. Si dans un pays, le numérique, les nouvelles technologies qui font des riches, qui crée la richesse se transforme en un bourreau pour les jeunes, dans un tel pays, même si on crée une monnaie qui porte le nom du pays, en quoi la monnaie peut développer le pays ? Il est fondamentalement important de régler les questions internes et de s’assurer que nous avons suffisamment ce qu’il faut pour prétendre à un vrai développement avant de chercher les causes importées ».

«Je suis fortement intéressé qu’il y ait une monnaie régionale »
«L’ECO reste également une monnaie dont la pertinence reste à discuter par rapport aux préalables qui doivent précéder la création d’une monnaie. Une monnaie communautaire suppose un certain nombre de préalables comme la solidité des économies, le fonctionnement des intégrations économiques régionales, l’union douanière etc. Toute chose qui reste très loin d’être une réalité dans nos contextes économiques. J’en veux pour preuve que la fermeture prolongée des frontières entre le Bénin et le Nigeria depuis près d’un an. J’en veux pour preuve que les entraves à la libre circulation des biens et des personnes. Je suis fortement intéressé qu’il ait une monnaie régionale. C’est d’ailleurs ça, ce qui est logique, qu’il puisse s’annexer à un panier de devise et qu’il soit suffisamment important en termes de caractéristiques pour s’ajuster à la température de l’économie. Mais, je crois qu’il est aussi objectif que nous regardons les causes endogènes qui entravent notre développement ».



«Le plus important, c’est d’envisagé l’avenir »
«Pour moi, la sortie de ‘’Ma Version’’ tourne définitivement une page, la page des discussions sur les frustrations nées des persécutions qui sont devenues, dans certains coins de l’Afrique, la règle dans le monde politique. Le plus important, c’est d’envisagé l’avenir. Cet avenir pour moi, c’est celui dans lequel les Béninois se retrouvent avec leurs valeurs d’entre temps notamment, le vivre ensemble, la justice, l’équité. Celui dans lequel tout Béninois, tout Béninoise accepte de mettre en place les frustrations du passé pour envisager sereinement l’avenir. Le Bénin dont nous devons rêver et travailler ensemble en laissant de côté ce passé douloureux, c’est celui qui n’est pas le Bénin des uns contre les autres ».

«Le Bénin des uns contre les autres, c’est celui que nous vivons aujourd’hui où lorsque vous ne chantez les louanges du pouvoir, pas même que vous n’avez pas la parole, mais vous n’avez pas droit à la vie. Si non comment comprendre les faits palpables en matière de négligence de vie de certains compatriotes alors que l’Etat a d’abord pour devoir de préserver et de donner les conditions à ses citoyens pour être en bonne santé et prétendre à ce qui peut même permettre de participer à la création de la richesse nationale. Le Bénin d’aujourd’hui, c’est le Bénin dans lequel un membre proche du gouvernement peut se voir son dossier d’évacuation arrangé le même jour et voyager pendant qu’un certain Dadaglo président de l’Union nationale des magistrats du Bénin peut-être ramener de Paris au Bénin parce que ses soins sont supposés être chers. Ce Bénin c’est également un Bénin dans lequel certain ».
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