Un renouveau, une refondation et un nouveau départ. C’est ni plus ni moins ce qu’il faut aux Tchoco-Tchoco à l’heure où ils célèbrent trente ans d’animation de la vie politique nationale. Toute première formation politique portée sur les fonts baptismaux au lendemain de la conférence des forces vives de la nation, le Prd entendez Parti du renouveau démocratique a connu ses moments de gloire. Adrien Houngbédji son leader charismatique a d’ailleurs eu l’honneur de présider pendant trois mandats les destinées de l’Assemblée nationale. Aussi, ce parti, après la première législature, a-t-il constamment été bien représenté au Palais des gouverneurs à Porto-Novo. Mais, depuis le choix de son candidat à la présidentielle de 2016 en la personne de Lionel Zinsou et l’échec de ce dernier sans oublier l’avènement de Patrice Talon à la magistrature suprême et les nombreuses réformes initiées en ce qui concerne le système partisan, le parti arc-en-ciel a du mal à se maintenir au sommet des formations politiques les plus en vue au Bénin.
Evidemment, un Adrien Houngbédji frappé depuis fort longtemps par la limite d’âge pour briguer le fauteuil présidentiel n’a pas le même attrait que l’ancien potentiel vainqueur des courses à la Marina. De plus, la recomposition du paysage politique national post-réforme du système partisan laisse peu de place aux chapelles qui jusqu’ici n’ont pas réussi à s’ouvrir pour s’assurer de la capacité de mobiliser au moins 10% de l’électorat. Cette exigence désormais en vigueur avant d’arracher ne serait-ce qu’un siège dans les conseils communaux et municipaux, a été fatale pour les Tchoco-Tchoco obligés de se résoudre à perdre surtout leur bastion, Porto-Novo.
Ainsi après l’échec des communales de 2020, le Prd qui, à coup sûr, saisira l’occasion de l’université de vacances du parti et du bilan des dernières élections ne doit plus se rater dans ses choix et prouver qu’elle peut rebondir. Mais, si la volonté affichée du leader charismatique des Tchoco-Tchoco est de démontrer la résilience de la formation qu’il dirige à ses détracteurs, il ne devra pas oublier qu’actuellement, il en faut plus qu’un soutien verbal pour peser lourd dans la balance. Sans député, sans maire et du coup sans possibilité de monnayer un quelconque parrainage à un candidat à la présidentielle et de surcroît avec un fief sérieusement érodé, il va falloir trouver la thérapie juste pour ne pas compter pour du beurre.
Le candidat du défi
Devant le schéma qui se dessine avec une forte concentration autour d’un candidat pour la présidentielle de 2021, il serait très difficile au Prd dans ce cas-là, de faire la preuve de son retour au-devant de la scène politique. L’idéal aurait été de postuler avec un candidat de défi afin de véritablement évaluer son poids dans l’échiquier politique national suite à l’expérience des communales. Malheureusement, la donne a changé et les Tchoco-Tchoco doivent d’abord s’assurer qu’ils sont capables de mobiliser 16 parrainages pour un candidat issu de son sérail. Autrement, ils gonfleront les rangs devant la boutique de soutiens à un potentiel candidat en pole position dans la lutte pour le fauteuil présidentiel. Pour un parti trentenaire désormais confronté à la montée en puissance et à l’hégémonie de deux grands blocs de la mouvance présidentielle, les retombées ne peuvent être que maigres.
Face à tout ceci, il est opportun pour le parti-arc-en de trouver la meilleure formule pour continuer d’exister en tant qu’entité. A moins que l’Université de vacances prévue pour la mi-septembre ne débouche sur des résolutions tendant à s’ouvrir ou à se fondre dans un grand ensemble. Dans tous les cas, le Prd est à la croisée des chemins. Après trente ans d’existence et d’occupation d’une place prépondérante dans l’animation de la vie politique, le parti d’Adrien Houngbédji n’a pas d’autre choix que de passer la vitesse supérieure. Sinon, à la moindre erreur, ce sera la marche à reculons. Alors, à eux de savoir la conduite à tenir afin de continuer à briller de mille feux après 30 ans de vie.