Plus de 200 partis politiques au Bénin, ce que d’aucuns qualifiaient de clubs électoraux. Mieux, depuis 1990, les partis politiques n’ont pas réussi à porter à la magistrature suprême un acteur politique. Ce sont entre autres constats qui ont poussé à la réforme du système partisan sous le régime de la Rupture, au pouvoir depuis 2016. Au départ la classe politique presque dans son ensemble y a adhéré. Mais chemin faisant, il y a eu beaucoup de remous dans ce vœu d’avoir des partis politiques forts et d’envergure national. Des législatives sur fond de tensions et des Communales jugées exclusives ont été organisées respectivement en 2019 et 2020. Conséquence, à ce jour, seulement l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br), deux partis politiques siamois, nés des entrailles du pouvoir contrôlent les instances politiques du pays. Au Parlement, ils se sont partagé les 83 sièges. Au niveau des collectivités locales, sur les 77 communes que compte le Bénin, l’Up et le Br règnent dans 71 au moins. Les 6 ou 5 mairies restantes sont gérées par des élus Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), ancien parti au pouvoir (2006-2016) dont le leader charismatique, l’ancien chef de l’Etat Yayi Boni, a démissionné parce qu’il s’est vu trahir par ses anciens ces collaborateurs. Pour lui, ce parti de l’opposition n’en était plus un. Le parti Fcbe selon Yayi, constitue le troisième bloc du pouvoir en place. C’est dans ce climat que dans quelques mois, la présidentielle devra se tenir avec l’instauration d’un parrainage dans le Code électoral voté en 2018 et révisé en 2019. En effet, tout candidat au scrutin présidentiel de 2021 devra être parrainé par 16 députés et/ou maires. En clair, obligation n’est pas faite au candidat ou à la candidate d’être nécessairement membre d’un parti politique ou d’être porté (e) par celui-ci. On a besoin juste de la caution de 16 élus, même si l’on ne peut nier qu’ils sont l’émanation de partis politiques. 82 députés (un étant décédé) + 77 maires =159 élus. Si par candidat il faut 16 signatures, on aura au plus 10 candidats pour 2021 si le jeu était ouvert, libre et démocratique. Au plus 10 candidats portés par des élus de deux ou trois partis politiques, au cas où le parrainage serait maintenu. Certains pourraient dire que c’est à l’actif de la réforme du système partisan, contrairement à la trentaine de candidatures que le Bénin enregistrait, lors des joutes passées. Sauf qu’on doit craindre l’exclusion, c’est-à-dire que deux candidatures pro Rupture se partagent tous les parrainages.
… du landerneau politique ou encore un allogène ?
Au cas où Patrice Talon accepterait se présenter pour un second mandat, il serait toujours un allogène puisqu’en 2016, il n’était le produit d’aucun parti politique. Jusqu’à ce jour, il n’a non plus déclaré son appartenance ni au Br, ni à l’Up quand bien même certaines langues le considère comme le géniteur des partis siamois. Outre le chef de l’Etat actuel, il est bien possible d’avoir d’autres candidatures non politiques. Et banalement, un peut bien être le président élu, au finish. Si ce scénario se produisait une énième fois depuis 1990, les artisans de la réforme du système partisan devront se regarder dans la glace par rapport au diagnostic de départ.