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Cotonou: Les mesures “Toboula“, plus d’un an après !

Publié le vendredi 4 septembre 2020  |  Matin libre
Modeste
© Matin libre par DR
Modeste Toboula, préfet du département du Littoral
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Le “super préfet“ ou l’ex préfet du département du Littoral, Modeste Toboula ne se fait plus entendre depuis sa condamnation dans une affaire de bradage de domaine public. Cependant, l’autorité préfectorale aura marqué tous les esprits durant son passage à la tête de la préfecture. De l’opération de déguerpissement des espaces publics à la chasse aux mendiants, Modeste Toboula a laissé des empreintes. Plus d’un an après son départ, que sont devenues ces mesures souvent décriées ?



Modeste Toboula, ce nom aura résonné dans les têtes des populations de Cotonou et environs. Souvent accusé pour son excès de zèle, l’ancien préfet du département du Littoral s’est très tôt fait remarquer avec l’opération de déguerpissement des espaces publics. Les occupants illégaux des abords des rues ont été simplement renvoyés de force. Des bulldozers et forces de sécurité mis à contribution, l’opération a suscité des grincements de dents. Mais ceci n’arrêtera pas le jeune préfet Toboula, déterminé à débarrasser les espaces publics. Et ce fut fait ! Des étalages et boutiques ont été détruits et les piétons peuvent désormais circuler en toute sécurité. Les promoteurs de débits de boissons ou autres établissements de loisirs installés anarchiquement aux abords de la route des pêches en ont eu également pour leur compte. « En conséquence, il est porté à la connaissance desdits promoteurs qu’ils disposent rigoureusement à compter du vendredi 6 juillet 2018 de 72 heures pour procéder à l’enlèvement volontaire de leurs installations. En tout état de cause, toute personne qui refuserait de s’exécuter dans ce délai y sera contraint par la force publique » avait menacé celui à qui l’on reprochait de ne pouvoir maîtriser ses nerfs. Sur la plage de Fidjrossè dans le 12è arrondissement de Cotonou, l’opération dénommée “Ouragan“ a fait tache d’huile. Incompris et accusé, Modeste Toboula se justifie “ le déguerpissement est une opération nationale. La décision prise par le gouvernement depuis le 15 juin dernier concerne l’ensemble des chefs-lieux de département et certaines villes secondaires. Ce n’est pas une activité spécifique au département du Littoral. La ville de Cotonou étant la capitale économique du Bénin…c’est ce qui justifie certainement les prises de position qui sont observées de part et d’autre depuis quelques temps lorsque cette mesure a commencé par être mise en œuvre, ne serait-ce que dans la phase de marquage des édifices à enlever“.

Mais plus d’un an après son départ, le constat est simplement déplorable et tout porte à croire que le “super préfet“ aurait combattu vainement les occupants illégaux des espaces publics. En effet, les espaces publics sont à nouveau occupés même si en raison de la présence permanente des flics républicains, certains endroits ne sont pas occupés. Dans les ruelles ou encore même à Dantokpa, la pilule “Toboula“ n’aura fait effet que pour peu de temps. Les pauvres dames, n’ayant pas les moyens de payer le loyer d’une boutique, n’ont pas hésité à revenir sur leurs pas. Cependant, l’opération aura tout de même facilité les travaux d’asphaltage en cours dans la ville de Cotonou.

Outre le déguerpissement des occupants des espaces publics, le bouillant Modeste Toboula s’est attaqué au commerce de l’essence de la contrebande. Les vendeurs de l’essence “kpayo” avaient également été sommés de cesser leur activité au risque d’être poursuivis conformément aux dispositions du Code pénal. Mais ici, la lutte n’avait jamais été gagnée par les gouvernants et Modeste Toboula finit aussi par essuyer un échec. A titre illustratif, malgré la fermeture des frontières nigérianes, le commerce n’est nullement affecté même si au départ, une hausse du prix a été observée. L’homme qui aura été un véritable cauchemar pour l’ancien maire de Cotonou s’est également attaqué à des ghettos dans l’optique de combattre l’insécurité dans la capitale économique. Le succès ici réside dans le fait que les éléments de la Police républicaine n’ont pas baissé la garde même après le limogeage du préfet Modeste Toboula.



Interdiction de circulation dans la zone commerciale de Dantokpa…

Fortement décriée et critiquée au départ, la décision préfectorale n° 0215/DEP-LIT/SG/SCAD/SA du 07 Juillet 2016, portant interdiction aux engins à deux roues de circuler dans la zone commerciale a pourtant été d’une grande importance. A travers cet arrêté, le préfet du département du Littoral, Modeste Toboula interdit, jusqu’à nouvel ordre, à tout engin à deux roues, l’entrée dans le centre commercial, allant de la rue MTN-Notre Dame jusqu’à l’immeuble Mawulé en passant devant le Ceg Dantokpa. Une mesure qui, selon le préfet, vise à garantir la sécurité de ses administrés. Des forces de sécurité ont été déployées sur le terrain pour contraindre les usagers et riverains de la zone commerciale à se plier à la décision et épingler également les contrevenants. Au cœur du marché Dantokpa, les bousculades ont diminué. Les couloirs de circulation du plus grand marché du Bénin sont fluides : pas le moindre engin à deux roues, encore moins des véhicules de transport en commun. Même les cris des portefaix deviennent rares. Bien qu’informés, les conducteurs des engins à deux roues éprouvent de la peine à s’y conformer. Ainsi, des barrières ont été installées un peu partout par des policiers pour empêcher ces derniers d’avoir accès à la zone commerciale. Même si certains font semblant de s’y plier en traînant leur moto, il faut dire que la décision n’est pas la bienvenue au sein des riverains et surtout des usagers du marché international de Dantokpa.

Mais, plus d’un an après son départ de la préfecture, le bordel règne en maître. La fluidité de la circulation observée semble relever désormais du passé. Difficile depuis un moment de se frayer un chemin dans ce grand marché. Les conducteurs de taxi-moto communément appelés “zem“ circulent même à vive allure dans le marché de Dantokpa. C’est tout un bordel dans ledit marché avec des conducteurs de taxi-moto qui stationnent de manière anarchique devant les étalages et d’autres qui ont du plaisir à y conduire ou rechercher des clients. Plus déplorable, il est préférable de ne pas se hasarder à leur faire de reproche car ayant la langue légère, ils vous servent sans détour, votre dose d’insulte. Déjà à l’entrée du marché à “Tokpa Aga“, ils stationnent de sorte à rendre pénible, la circulation. De plus, certains entrent dans le marché pour stationner pendant que d’autres y roulent à vive allure au mépris du danger. Toutefois, la mesure demeure respectée à Missèbo et environs.



Les mendiants et Toboula : l’histoire retiendra…


Modeste Toboula a davantage fait parler de lui en s’attaquant aux mendiants errants dans les feux tricolores et surtout au niveau des grands carrefours de la ville de Cotonou. Avec l’ancien préfet Toboula, les mendiants sont simplement devenus “persona non grata” sur les trottoirs et feux tricolores. Les mendiants et autres malades mentaux qui errent dans les rues ont été sommés de débarrasser les feux tricolores, les carrefours, les trottoirs et autres espaces publics qu’ils occupent. S’arcboutant sur des éléments de la police républicaine, Modeste Toboula s’est lancé dans une sorte de “chasse aux mendiants“. Une action qui, selon lui, s’inscrit dans le cadre de l’assainissement de la ville de Cotonou. Paniqués, des centaines de mendiants ont dû se retirer des carrefours, les expatriés ont rejoint leurs pays d’origine. Accusé de bafouer les droits humains, Modeste Toboula explique que tous les préalables ont été faits par les services de l’État pour s’assurer du respect de la dignité humaine. Et pour des proches de l’autorité préfectorale, tout s’est déroulé suivant une approche respectant les droits humains.

Les vendeurs à la sauvette n’ont pas également été épargnés. Ils ont été sommés de quitter la rue. « Cette pratique occasionne un encombrement dangereux des artères et expose les vendeurs et tous les autres usagers de la route aux risques d’accident. Face à cette situation qui ne cesse de s’amplifier et qui constitue une source d’insécurité, j’invite les acteurs de cette vente à la sauvette à se diriger vers les centres marchands pour l’exercice de leurs activités dans la légalité et dans la sécurité », avait menacé Toboula. Ainsi, la pratique a semblé cesser. Et plus d’un an après le limogeage du préfet, les mendiants n’encombrent plus les feux tricolores comme auparavant. Si quelque chose a changé sur ce point, la vente à la sauvette continue de battre son plein à Cotonou.



Les Egun-guns condamnés à rester au couvent…

Outre les mendiants et malades mentaux, les adeptes du culte « Egun-gun » étaient également dans le viseur de l’ex préfet du département du Littoral, Modeste Toboula. Et l’homme n’a pas hésité à taper du poing sur la table. Les « Egun-guns » encore appelés “revenants“ ont été simplement condamnés à rester au couvent. Par un arrêté en date du 13 mars 2018 Modeste Toboula a interdit toutes les activités relatives à la sortie des « Egun-guns » dans le département du Littoral. Et s’inscrivant dans la même dynamique que son prédécesseur, le préfet par intérim, Jean-Claude Codjia a, par le truchement d’un arrêté pris mercredi 19 février 2020, interdit toute manifestation du culte Egun-gun, sur le territoire de ce département. <>, lit-on dans l’arrêté. C’est donc clair que Modeste Toboula aurait vu juste. De l’insomnie également pour les cybercriminels, le préfet Toboula avait aussi mené des actions afin de lutter contre la propagation des effets du “kinninsi”, liés à la cybercriminalité. Mais à ce jour, cette lutte est encore loin d’être gagnée.



La circulation des camions désormais réglementée…

Les camions n’étaient plus autorisés à circuler dans la ville de Cotonou à leur guise. Un nouveau plan horaire de circulation avait été défini. Les camions pourront circuler entre 9 heure et 12 heure dans la matinée, entre 16 heure et 18 heure dans l’après-midi et de 22 heure à 6 heure la nuit. En dehors de ces horaires, les camions sont interdits de toute activité dans la ville de Cotonou. Pour Modeste Toboula, cette nouvelle disposition participe à l’exécution du plan d’urgence de la ville de Cotonou qui embrasse les questions de mobilité urbaine et de tranquillité. Elle permettra aussi de limiter les dérapages des conducteurs de camions. Seulement que depuis quelques mois maintenant, cette décision semble ne plus être en vigueur et des accidents mortels causés par ces camions ont été déplorés ces derniers jours. En ligne de mire, des propriétaires de véhicules à quatre (04) roues circulant dans le Département du Littoral avec des plaques d’immatriculation voilées ont été rappelés à l’ordre.



Achats dans les supermarchés : la touche Toboula !

Par arrêté N°8/0243/DEP-LIT/SG/SPAT/SA portant instauration de l’usage des moyens de paiement dématérialisés dans les supermarchés et hypermarchés, l’ex préfet Toboula estimait contrer les semeurs de troubles. Aussi, convient-il de rappeler que les dispositions de l’arrêté ont précisé les montants pouvant être payés à vue et ceux devant l’être par transaction électronique, estimant donc que c’est le flux de l’argent versé qui attire la foudre des braqueurs. Mais cette décision relative à la dématérialisation des moyens de paiement dans ces centres de vente n’a point été approuvée dans l’opinion. Et selon le Président de la Commission nationale du Groupement interbancaire de la monétique de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Gim-Uemoa), Luc Kpènou, cette décision du Préfet Modeste Toboula sera contestée devant la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao), au cours d’une émission sur Canal3. Si la décision est demeurée en vigueur, difficile de s’assurer qu’elle est appliquée comme prévue. “La guerre contre les sachets plastiques non biodégradables à Cotonou sera sans état d’âme” avait martelé Modeste Toboula. Malheureusement, le phénomène continue de résister à la législation en vigueur. Condamné à un an de prison ferme dans une affaire de bradage de domaine public, Modeste Toboula a été limogé mais il aura marqué négativement ou positivement (selon l’appréhension de chacun), les esprits.



Aziz BADAROU
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