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Passage systématique des écoliers des CI, CE1 et CM1 : les réserves du SG Anselme Amoussou

Publié le lundi 7 septembre 2020  |  Fraternité
Anselme
© aCotonou.com par DR
Anselme Amoussou,Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa)
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Dans la note circulaire en date du 2 septembre 2020, le ministre des enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou a instruit les directeurs départementaux jusqu’aux enseignants à la mise en œuvre de la formule de sous-cycle pour le passage systématique au cours suivant des apprenants du Cours d’initiation (CI), Cours élémentaire 1ère année (CE1) et du Cours moyen 1ère année (CM1), exception faite de ceux qui ont été absents de façon remarquable. A ce sujet, le Secrétaire général de la confédération des syndicats autonomes du Benin, Anselme Amoussou, à travers une réflexion, a émis des réserves sur ladite mesure. Selon lui, cette mesure risque d’avoir des conséquences sur l’avenir scolaire des enfants.

Le Bénin sait-il encore de quoi il parle quand il parle de l’école béninoise ?
On peut retenir que la raison essentielle évoquée par l’autorité pour justifier cette note circulaire reste le souci de la réduction de l’échec scolaire qui est une préoccupation récurrente de notre système éducatif. Le ministre s’est appuyé sur le Plan de développement du Secteur de l’Education, les Odd, le forum mondial sur l’Education. Le texte cite la loi d’orientation de l’Education nationale en République du Bénin qui étend l’éducation de base au premier cycle du secondaire.
On me dira que la loi reste la loi et qu’il faut l’appliquer tant qu’elle demeure en vigueur. Que les conditions d’une application judicieuse soient réunies ou pas. Il faut donc concéder au ministre cette volonté d’appliquer la loi en faisant fi des réalités de terrain. Mais je voudrais ici vous conduire à parcourir et à comprendre les principes de l’Approche Par Compétences (APC) que l’Autorité a évoqués également dans sa décision.

Que dit la règle du sous-cycle et quelle est la conséquence pour la répartition des enseignants ?
Le cycle primaire compte six classes regroupées en trois sous-cycles. Chaque sous-cycle comporte deux niveaux CI-CP, CE1-CE2, CM1-CM2. Cette décomposition répond à une logique pédagogique simple, chaque apprenant a deux années scolaires pour acquérir les notions requises pour chaque sous-cycle. De même, chaque enseignant dispose deux années pour conduire l’apprenant à faire les apprentissages nécessaires. La condition indispensable pour respecter ce principe est donc que l’enseignant accompagne obligatoirement sa classe du niveau 1 vers le niveau 2 pour remédier aux insuffisances accumulées en première année.
Autrement dit, les maîtres du CI, du CE1 et du CM1 passent avec leur classe au CP, au CE2 et au CM2. Les mouvements de personnel doivent normalement tenir compte de cette donne pour maintenir en poste les enseignants lorsqu’il le faut. Je rappelle que les mutations de personnel de cette année ont déjà eu lieu depuis plus de 5 semaines.

Le principe de l’individualisation de l’enseignement /apprentissage
Le mot maître donné à l’enseignant prend ici tout son sens car l’APC exige que celui-ci ait une connaissance précise des besoins et des qualités de chaque apprenant. De manière à ajuster l’accompagnement qu’il lui apporte sur les deux années où il le suit. L’enseignant doit donc avoir reçu la formation requise et disposer dans sa classe d’effectifs raisonnables (entre 15 et 25).
Aujourd’hui encore dans nos classes vous avez des effectifs de 70, 80, 90 voire 100 et au-delà. Vous déduisez aisément que dans des classes à effectifs pléthoriques comme en a chez nous, ce principe demeure une gageure.
Dans nos écoles se pose encore le problème de la qualité des formateurs. L’évaluation diagnostique l’a confirmé et des engagements ont été pris pour procéder au renforcement de capacités des enseignants. Aucune mesure de remédiation n’est encore visible à ce jour.
Le critère de la maîtrise minimale de deux évaluations sur trois pour décider du passage en classe supérieure a été rappelé par la note circulaire. Ce rappel montre que nous avions raison de dire que les classes intermédiaires du primaire n’avaient pas besoin d’effectuer la reprise des classes actuellement en cours. Leurs résultats auraient pu être donnés en tenant compte des deux évaluations d’avant la suspension pour cause de pandémie.

La ruine de la qualité de l’école vient aussi de sa gouvernance
Aucune des conditions nécessaires ne semble réunie pour que l’autorité atteigne les objectifs visés par la note circulaire. Au contraire, l’interprétation qui en est faite aujourd’hui par enseignants, parents d’élèves et apprenants risque de conduire à l’aggravation des difficultés de notre école. L’apprenant passe en classe supérieure quel que soit son niveau. Dans un environnement pédagogique marqué par l’insuffisance du personnel d’encadrement, le besoin de formation continue des enseignants et le faible niveau de collaboration école famille, cela peut conduire à moins d’effort à tous les niveaux. Et pourtant une telle note circulaire avait déjà été en vigueur en 2004 sous le mandat de Madame la Ministre Karimou Rafiatou. A l’époque elle prenait en compte les classes de CI. Elle avait été appliquée avec de graves conséquences sur la qualité des apprentissages. N’aurait-on pas pu faire mieux aujourd’hui ? Ceux qui décident de reconduire la même décision étaient pourtant déjà là à l’époque. L’APC est une séduisante approche pédagogique si elle s’applique dans les conditions requises. Malheureusement elle reste encore une incantation dans notre pays. A tous les niveaux d’enseignement.
Anselme AMOUSSOU
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