Par Maryse ASSOGBADJO,
Véronique Tognifodé Mèwanou, ministre des Affaires sociales et de la Microfinance, a procédé, ce mercredi 9 septembre, au lancement d’un séminaire de plaidoyer de haut niveau sur la promotion et la protection des droits de l’enfant au Bénin. Il s’agit de formuler des plaidoyers, notamment en direction de l’Assemblée nationale afin de lever les handicaps à la jouissance des droits des enfants.
Le Bénin négocie un nouveau tournant dans la promotion des droits de l’enfant. Un séminaire de haut niveau se tient dans ce cadre, depuis ce mercredi à Cotonou. Les assises misent sur des plaidoyers en faveur de la jouissance des droits de l’enfant.
Le Bénin a fait des bonds qualitatifs depuis la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1990. En trente années, des résultats significatifs ont pu être atteints grâce aux efforts des gouvernements successifs. On peut citer, entre autres, la promulgation du Code de l’enfant, la réduction du taux de mortalité, l’accès des enfants à l’éducation primaire, l’augmentation du taux d’enregistrement des naissances, la mise en place de structures chargées de la protection sociale et judiciaire de l’enfant.
Toutefois, le rêve des acteurs pour le challenge zéro enfant en situation de vulnérabilité, de violences et privé de ses droits tarde à être réalisé en raison de la persistance des inégalités.
La situation que peint Claudes Kamenga, représentant résident de l’Unicef, est accablante.
« Aujourd’hui au Bénin, un enfant sur trois de moins de 5 ans souffre de retard de croissance, près de cent cinq enfants de 5 ans meurent chaque jour, trop d’adolescents sont hors de l’école et l’accès à l’éducation reste très inégal en fonction du revenu, du milieu de vie, du genre et du handicap de certains enfants. Les conséquences socioéconomiques de la Covid-19 exacerbent ces inégalités », révèle-t-il.
Selon Véronique Tognifodé Mèwanou, ministre des Affaires sociales et de la Microfinance, les violences perpétrées à l’endroit des enfants prennent une allure qui interpelle et qui défie toutes les actions entreprises jusque-là par les pouvoirs étatiques et non étatiques de protection des enfants. Ils payent un lourd tribut face aux choix et aux comportements des adultes.
Se référant aux données de l’Enquête multiple réalisée en 2014, elle relève que 4677 enfants dont 3776 filles sont en situation de travail au marché Dantokpa à Cotonou, 2149 enfants dont 1669 filles au marché de Ouando à Porto-Novo et 1056 enfants dont 732 filles au marché Arzèkè à Parakou. A Malanville, les enfants sont sujets au phénomène de mendicité et on y enregistre 1688 enfants talibés sur un effectif total estimé à 4003 dans l’ensemble des villes.
Elle se désole de la persistance des violations en dépit de la législation en vigueur : « Malgré la qualité du cadre législatif, la protection de l’enfant est fondamentalement confrontée à la persistance des normes sociales préjudiciables aux enfants, aux difficultés de mise à l’échelle des stratégies et des interventions de prévention et de protection ainsi qu’à l’insuffisance des ressources disponibles à cet effet ».
Rétablir les enfants dans leurs droits
La construction d’un Bénin protecteur des enfants oblige les acteurs de la chaîne à faire face à ces défis. Ils ont décidé de négocier un nouveau virage basé sur des plaidoyers afin de rétablir les enfants dans leurs droits.
« Les droits de l’enfant font partie intégrante des droits de la personne humaine qui entrent dans le champ d’action du Parlement. C’est pourquoi, le ministère des Affaires sociales se tourne vers lui pour solliciter de nouvelles stratégies et orientations dans l’optique de lever les entraves qui empêchent la jouissance effective de leurs droits par les enfants », indique Véronique Tognifodé Mèwanou.
L’Unicef ne perd pas de vue les défis à relever. « Nous avons la responsabilité de pérenniser ces résultats. Si des ressources suffisantes ne sont pas allouées aux priorités des enfants, si les enfants pauvres ne sont pas bien nourris et vaccinés, s’ils ne vont pas à l’école et ne sont pas protégés contre les abus, l’exploitation et les violences, alors nous avons failli à notre mission de les protéger », se convainc le représentant résident de l’institution.
Il plaide en faveur des conditions nécessaires pour la réalisation des droits de l’enfant au Bénin. A ce titre, il insiste sur l’amélioration de la budgétisation et de l’exécution des budgets des services sociaux essentiels à l’épanouissement de l’enfant, le renforcement de la qualité des services sociaux de base et l’accroissement des ressources accordées aux secteurs en charge de la promotion et de la protection des droits de l’enfant.
La protection de l’enfant est un devoir de haute importance dont les députés présents à cet atelier voudraient confier la pleine responsabilité, assure Orden Alladatin représentant du président de l’Assemblée nationale.