Les 84 promoteurs éligibles au mécanisme de financement avec partage de risques du Projet d’appui à la diversification agricole (Pada) ont été formés pour se conformer aux exigences entrepreneuriales et mieux réussir. L’atelier organisé à leur intention du 9 au 11 septembre dernier à Cotonou, s’inscrit dans le cadre de la facilitation de l’accès au marché et au financement agricole.
Les bénéficiaires de la ligne de garantie lancée par le Projet d’appui à la diversification agricole – financement additionnel (Pada-Fa) sont désormais mieux aguerris pour réussir dans leurs activités. C’est du moins l’espoir nourri par le Programme cadre d’appui à la diversification agricole (Procad) en initiant à leur intention un atelier de renforcement des capacités entrepreneuriales qui a pris fin vendredi 11 septembre dernier à Cotonou.
Pendant trois jours, les participants ont suivi des modules relatifs à l’esprit d’entreprise : fixation des objectifs clairs et précis, prise de risques calculés ; à la planification et au suivi systématique de leurs modèles et plans d’affaires ainsi qu’à l’éducation financière nécessaire. Au nombre de 84, ils sont porteurs de plans d’affaires retenus pour être recadrés et envoyés vers les banques dans le but de bénéficier d’un financement. Ils ont été choisis parmi 427 plans d’affaires présélectionnés (sur 666 postulants au total) et transmis au groupement Cepepe – Fonaga – Finagro, structures chargées d’appuyer le Pada dans la mise en œuvre de la ligne de garantie lancée depuis le 18 décembre 2019, précise Bertin Adéossi, coordonnateur du Procad.
Sous la direction du formateur principal, Roland Faladé, les participants se sont familiarisés avec les notions de planification et de suivi de leurs projets et quelques outils de gestion d’une entreprise agricole.
Principes
Le consultant Yves Chidikofan insiste sur l’importance pour les entrepreneurs et les citoyens en général d’être à jour vis-à-vis du fisc, les procédures de calcul et de liquidation des impôts et taxes liés à leurs activités.
Mensah G. Agbidinoukoun, spécialiste en sauvegarde environnementale au Procad, leur enseigne que « La gestion des risques et effets environnementaux est une question non négociable, une exigence juridique dans le cadre de la mise en œuvre du Pada-Fa ». Il s’est appesanti sur les mécanismes d’identification et de gestion des impacts négatifs des projets et programmes sur l’environnement, les outils d’orientation et les mesures visant à améliorer la durabilité des projets. Un accent particulier est mis sur les normes, le Plan de gestion des pestes et pesticides (Pgpp), la veille environnementale permanente, etc.
Sabine T. Toungakouagou Sama, spécialiste en développement social au Procad, a partagé avec les participants les attentes du Pada-Fa concernant les questions de genre et développement et de la sauvegarde sociale. A l’en croire, ces aspects doivent être intégrés dans le processus de sélection et de mise en œuvre des micro-projets. Les jeunes et les femmes (objectif d’au moins 40 % du personnel) doivent avoir une place importante dans les entreprises pour un développement durable, souligne-t-elle. Elle fait également mention de la nécessité d’avoir des rapports harmonieux de collaboration, des rémunérations équitables et d’opérer les investissements sur un foncier sécurisé. L’exploitation sexuelle des femmes est proscrite et le travail des enfants doit être banni, rappelle Sabine T. Sama.
Accords
En vue de garantir le financement et de booster les activités agricoles, deux partenariats ont été signés par le Procad qui comprend le Pada et le volet national du Projet de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao). Le premier conclu entre le Pada-Fa et le Fonds national de garantie et d’assistance aux petites et moyennes entreprises (Fonaga) vise une meilleure gestion de la ligne de garantie. Le second contrat avec le Centre de promotion et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (Cepepe) et la Financière de l’agriculture et de l’agro-industrie (Finagro) a pour objectif de renforcer les capacités entrepreneuriales des bénéficiaires.
L’atelier d’orientation des promoteurs éligibles au mécanisme de financement avec partage de risques du Pada-Fa vise une meilleure « Coordination des chaînes de valeur et le financement de l’agriculture », composante 3 du projet. Cet appui, détaille Bertin Adéossi, comprend trois volets. Le premier concerne le financement des promoteurs individuels et même ceux réunis en groupements, à hauteur de 1,2 milliard F Cfa pour 217 bénéficiaires au total. Des groupements ayant fait leur expérience avec le Procad et d’autres structures bénéficient également d’une mise à échelle à hauteur de 700 millions F Cfa, pour le deuxième volet. Le troisième volet porte sur la ligne de garantie mise en place dans le cadre de la sous-composante «Facilitation de l’accès au marché et au financement agricole ».
500 millions de garantie
La gestion de la ligne de garantie a été confiée au Fonaga à hauteur de 500 millions F Cfa. Deux banques identifiées à savoir Bank of Africa (Boa) et Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (Bsic), ont reçu respectivement 300 millions et 200 millions F Cfa comme dépôts à terme devant servir de garantie pour le financement des promoteurs agricoles concernés, précise Anzize Radji, directeur général adjoint du Cepepe. Parmi eux, 27 ont vu leurs plans d’affaires approuvés et ont déjà reçu l’accord de financement à un taux intéressant de 8 ou 9 %, informe-t-il.
« Les promoteurs retenus sont les précurseurs devant donner le bel exemple : ils n’ont pas le droit d’échouer », martèle Bertin Adéossi. « Si vous prenez bien les risques et vous les gérez correctement, vous êtes partis pour réussir », leur lance-t-il, avant de les exhorter à faire preuve d’engagement et de persévérance et à mettre effectivement en application les notions acquises au cours des trois jours d’échanges.
De toute façon, un suivi régulier sera fait pour identifier les goulots d’étranglement et les réglages à faire au niveau des exploitations afin d’éviter l’expérience peu reluisante du passé, promet le coordonnateur. Pour ce faire, la Finagro déploiera des experts-métiers par filière pour le suivi de la mise en œuvre du plan d’investissement, le respect des itinéraires techniques jusqu’au remboursement du crédit, assure Amouda Saïzonou Akadiri, directrice générale de Finagro.
C. U. P.
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« Cette formation est d’une haute qualité, ce qui m’a motivée à rester du début jusqu’à la fin. J’ai pu acquérir des notions qui me permettront de m’autoévaluer en tant qu’entrepreneur et de mieux gérer les ressources matérielles, financières et humaines au sein de mon entreprise. J’ai pris la résolution de mieux évaluer désormais les risques et de ne pas me laisser influencer par l’environnement dans la prise des décisions. L’éducation financière dont nous avons bénéficié nous permettra également de bien mûrir les projets en matière d’investissement et de gestion comptable et fiscale ».
Dieudonné Hodonou, promoteur agricole
« Je suis retenu pour un projet de renforcement d’une ferme piscicole, d’aménagement d’un tunnel et d’installation de cages flottantes sur la lagune de
Porto-Novo. Cette formation m’a permis d’avoir un plus en matière de gestion d’entreprise pour mener à bien nos activités agricoles et atteindre l’objectif visé en termes de tonnage de poissons. J’avais déjà bénéficié d’une première subvention qui a permis d’améliorer la façon de produire. Avec le fonds de garantie, nous disposerons de ressources financières nécessaires pour l’alimentation des alevins qui est élémentaire en matière de pisciculture. Ainsi, cela nous permettra d’accroître non seulement la production mais aussi la rentabilité de notre activité ».