L’embouteillage est un phénomène de plus en plus récurrent entre la cité dortoir et la capitale économique du Bénin. Nombreux sont les hommes et les femmes qui quittent Calavi pour Cotonou les matins pour divers activités. Mais pour y retourner les soirs, c’est tout un calvaire.
Une soirée agitée. Il est 19 heures 30 minutes, mais déjà aux portes de Calavi, il y a du monde. Difficile de pénétrer dans la cité dortoir. A partir de Kindonou, des files indiennes d’automobilistes et de motocyclistes gagnent les couloirs. « Je suis fatigué de rester sur place, de ne pas bouger…. », lance un automobiliste dans les rangs au niveau de l’échangeur de Godomey. Il n’aura pas le temps de nous en dire plus. Pressé, il devra combler un vide de quelques mètres qui vient de se présenter à lui.
Vue du haut, l’ambiance que présentent les alentours de cette infrastructure ouverte à la circulation en 2011 est assez émouvante. De l’impatience dans les rangs, courses folles entre motocyclistes pour gagner une place sur le trottoir mais surtout de l’impatience emballée par des gaz d’échappement quand il n’y a plus d’issue. Non loin de la pharmacie, deux motocyclistes perdent le contrôle : « Evolue ou cède moi la voie ! », entend-on dans la foule d’engins.
Au commencement du calvaire
Pour comprendre, il faudra rebrousser chemin et se positionner au Carrefour Toyota de Cotonou pour observer le flux de véhicules qui attend de traverser Cotonou pour entrer à Calavi dans la soirée. C’est carrément le contraire des bouchons souvent constatés dans la matinée. Cette fois ci, le sens a juste changé et les fonctionnaires et les commerçants qui attendent de rentrer chez eux doivent patienter, et rouler selon le rythme à eux imposé. La partie n’est pas gagnée, le chemin pour atteindre la maison est très long et épineux. Zoufrane T. un fonctionnaire rencontré au carrefour Toyota en dit plus « Ca fait bientôt 25 minutes que je suis immobilisé ici ».
Dans ses propos, l’on sent la frustration, la colère et la fatigue. Sans doute, il n’est pas le seul. « Depuis le matin j’étais au marché, maintenant que je suis prête pour rentrer, la circulation est bloquée. Je suis même fatiguée de rester sur la moto tellement j’ai mal », Confie Alimatou, l’air épuisé mais qui tient à repositionner à chaque instant son masque.
Fatigue et stress aux volants
Appelé « bouchon » ou « file » en Europe, « congestion » au Canada, ce phénomène n’est rien d’autre que « Go slow » ou encore de son vieux nom « embouteillage » au Bénin. Il est un encombrement de la circulation, généralement automobile, réduisant fortement la vitesse de la circulation des véhicules sur la voie. Les véhicules sont coincés dans les blocus aux heures pointes à Cotonou.
En effet, Abomey-Calavi et Cotonou sont deux communes voisines et les deux plus peuplées du Grand-Nokoué. La capitale économique compte plus de 769.000 habitants en 2013 tandis qu’on dénombre dans la cité dortoir 656 358 habitants. Mais dans la réalité, la migration est constaté voire quotidienne entre les deux villes pour des raisons socioéconomiques et professionnelles. Calavi se déverse à Cotonou le jour, et reprend son lot de résidents la nuit.
Ainsi, après avoir passé toute la journée à vaquer à leurs occupations sous pressions, les usagers devront finir par un dernier chemin de croix jusqu’à Calavi-Kpota avec de longues attentes aux carrefours : Vèdoko, Stade de l’Amitié, Mènontin, Godomey, Houédanou, Iita et Kpota. « Je fais 1heure 30minutes voire 2heures avant d’atteindre chez moi », déclare dame Alimatou. Ajoute Issiaka H. un fonctionnaire d’Etat quittant tous les matins Calavi pour Cotonou et les soirs Cotonou pour Calavi, ajoute « quand je quitte mon boulot, je fais au moins une heure de trajet avant d’arriver à destination. »
Pressés de rejoindre leurs familles, les usagers perdent souvent le contrôle. La plupart du temps, ils veulent tous passer en premier pour espérer se reposer quelques heures dans la soirée, avant de reprendre le calvaire le lendemain. Cette fois ci, dans l’autre sens.
Mistourath A. BACHABI (Stag)