Les réformes dans la collecte des déchets dans le Grand-Nokoué ont suscité des tollés. A Cotonou, on parle de boycott pendant qu’à Abomey-Calavi, des Groupements d’Intérêt Economique se disent lésés. A la rencontre de ces acteurs qui souhaitent continuer ce job qu’ils exercent depuis plusieurs décennies.
A Cocotomey et environs, 19 Groupements d’intérêts économiques attendent de prendre le train des réformes. « Nous attendons du Gouvernement à travers la Société de gestion des déchets et de la salubrité dans le Grand Nokoué de nous associer », confie Toholou Amoussou, responsable de Béta Santé, une des structures de collectes, membres de Gbénonkpo Godomey Centre-Gie qui n’ont pas été prises en compte dans le cadre des réformes.
« Seul notre GIE n’est pas retenu »
En réalité, dans le cadre de l’appel d’offres relatives au marché de pré collecte des déchets solides ménagers dans les villes de Cotonou, Porto-Novo, Abomey-Calavi, Semè-Podji et Ouidah, ces derniers n’ont pas été sélectionnés. Dans un courrier adressé au Ministre du Cadre de Vie et du Développement Durable, en date du 15 juin 2020, ils se disent lésés. « Sur les 13 GIE de la commune d’Abomey-Calavi, seul notre GIE n’est pas retenu. Paradoxalement, c’est encore notre zone qui a été choisi pour la phase pilote », déplorent les 19 structures signataires du courrier. En réponse à ce courrier le 29 juillet 2020, la Sgds-Gn a fait remarquer que par la procédure d’entente directe, autorisée par la Direction Nationale des Marchés publics, c’est plutôt les moins disant qui ont été sélectionnés parmi les soumissionnaires ayant satisfait à l’étape de la qualification. Des précisions ont été aussi fournies à ces GIE. Désormais, ils tournent leurs regards à l’endroit du Gouvernement.
« Nous sommes prêts à accompagner… »
Même si cette structure de pré-collecte travaille encore, selon le contrat qui le lie avec les ménages, tout comme les 18 autres concernées dans la zone, Toholou Amoussou n’est pas rassuré. « On nous a dit que notre dossier était infructueux. Nous attendons que le Gouvernement essaie de créer une commission et de faire une concertation avec nous. Nous avons capitalisé des expériences pendant deux ou trois décennies. Ça fait 20 ans que je suis dans le secteur. Nous sommes prêts à accompagner parce c’est une réforme du Gouvernement », insiste-t-il.
Fini les « palabres » à Cotonou, place à l’ouverture
A Cotonou, la situation est toute autre. Ayant déjà pris part à plusieurs réformes par le passé et à plusieurs processus, la majorité des acteurs n’ont pas apprécié cette nouvelle dynamique. Rosaire Kassa, acteur de la pré-collecte dans le 11e arrondissement de Cotonou remonte au Projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain (PUGEMU) pour justifier la pomme de discorde. Le nœud était la transformation des structures en GIE. Une option qui dit-il, dès le départ, après une étude commanditée n’a pas été approuvée par les acteurs. « Nous avons vu que c’était contraignant. Nous avons souhaité qu’ils évaluent le système en place parce que Cotonou a déjà connu une réforme à travers le Projet Pgdsm où il y a eu des zonages et des secteurs pour chaque structure, et de nombreux autres acquis. Mais les GIE n’ont pas pu être finalisées », commence-t-il à narrer.
Une dynamique sera enclenchée avec le Gouvernement Talon. Le processus a abouti à l’instauration d’un appel d’offres dans les 5 communes du Grand Nokoué. « En lançant l’appel à soumission, ils ont donné la possibilité aux nouvelles entreprises créées de soumissionner. Quand nous avons lu le DAO, nous avons vu que c’est trop lourd. Nous ne pourrions avoir les moyens pour y aller. C’est comme si c’est fait à dessein pour nous écarter ». Cotonou a donc boycotté en grande partie l’appel à soumission qui, dit-il, par deux fois, s’est soldé infructueux.
« Il ne faut pas qu’on balaie de côté l’existant »
Aujourd’hui, ces acteurs disent être ouverts pour accompagner cette réforme du Gouvernement pour que l’objectif de la Sgds-Gn soit atteint. « Ce ne sera pas bien de laisser les acteurs sur le carreau sous le prétexte qu’ils ont boycotté. Nous sommes des fils du pays, et nous voulons travailler. Je voudrais dire au Chef de l’Etat que c’est toute une histoire qu’il y a derrière la réaction que les gens confondent à un boycott. Nous demandons plutôt une franche collaboration avec la Sgds-Gn. Il ne faut pas qu’on balaie de côté l’existant », insiste Rosaire Kassa. Les acteurs de Cotonou frustrés croient encore à un processus inclusif, surtout avec le Conseil des ministres du 26 août 2020 qui prône « l’instauration d’un mécanisme de participation des acteurs ».