Le double évènement des 30 ans d’existence et de l’édition 2020 de l’Université de vacances du Parti du renouveau démocratique (Prd) annoncé pour les 17, 18, 19 et 20 septembre prochains laissera un goût d’inachevé si Me Adrien Houngbédji et les siens ne saisissent pas l’occasion pour se prononcer sur certains sujets politiques brûlants de l’heure dont la présidentielle de 2021.
Les tractations pour la présidentielle de 2021 battent leur plein dans les états-majors politiques. C’est dans cette ambiance que le Parti du renouveau démocratique (Prd) qui n’a officiellement rien dit jusqu’ici sur la question, annonce l’organisation d’un double évènement. Le premier concerne la célébration des trente ans d’existence de la formation politique de Me Adrien Houngbédji et le second est relatif à l’édition 2020 de l’Université de vacances du parti. Les deux manifestations combinées en une auront lieu du 17 au 20 septembre prochain au siège national du Prd à Porto-Novo dans le respect des gestes barrières contre le Covid-19. Le programme prévoit entre autres l’organisation d’une série de prières et des travaux de réflexion sur le thème : « 30 ans d’animation de la vie politique par le Prd : Chemin parcouru et perspectives ». Seulement cette sortie du Prd laissera un goût d’inachevé si le parti ne se prononce pas sur la présidentielle de 2021 qui retient aujourd’hui toutes les attentions. Il sera difficile pour le Prd de faire le bilan de son parcours et de se projeter dans l’avenir sans dire mot sur ce scrutin. Le parti est surtout attendu sur comment il entend négocier le virage de la présidentielle de 2021 notamment le choix de son candidat mais aussi sur le débat relatif au parrainage. Le Prd qui n’est pas un petit morceau dans le landerneau politique béninois devra clarifier sa position et sortir du mutisme qui le caractérise depuis les communales de mai dernier. Puisque depuis 1990 jusqu’à ce jour, les Tchoco-Tchoco ont toujours marqué leur présence dans l’arène politique de par leur participation régulière à tous les combats politiques de l’ère du renouveau politique. Il a été régulièrement présent au Parlement depuis la première législature en 1991 jusqu’à la septième dont le mandat a pris fin en mai 2019. Le Prd était également représenté dans les conseils communaux et municipaux depuis la première mandature en 2002 jusqu’à la 3e, laquelle a cédé place depuis juin dernier à la 4e. Le parti a toujours tiré son épingle du jeu, soit seul ou en alliance, à l’issue de ces échéances électorales. Mieux, le Prd à travers la personne de Me Adrien Houngbédji a toujours participé aux différentes élections présidentielles de la période post-conférence jusqu’en 2011. Ayant désormais atteint l’âge limite de 70 ans, Me Adrien Houngbédji a appelé, lors de la présidentielle de 2016, à voter pour le candidat Lionel Zinsou. Mais qu’à cela ne tienne! Le parti, en dépit de l’échec de son candidat à la présidentielle de 2016, a décidé de soutenir le président de la République élu, Patrice Talon. Ainsi, depuis avril 2016, le Prd, après plus de 25 ans d’opposition sur les trente ans d’existence, a décidé de faire route avec la mouvance présidentielle. Et ce, conformément aux résolutions issues de son congrès de 2014 à Ifangni où le parti a décidé de participer à la gestion du pouvoir d’Etat avec le président de la République qui sera élu en 2016.
Traversée du désert
Mais pour la huitième législature, le parti est absent au Parlement. Le Prd a fait fiasco lors des élections législatives de 2019 où il a été recalé par la Commission électorale nationale autonome (Cena) pour des irrégularités dans ses dossiers de candidatures, suite aux réformes intervenues dans le Code électoral. Egalement, lors des élections communales et municipales du 17 mai dernier, le parti a été déclaré non éligible à l’attribution des sièges parce que n’ayant pas obtenu le taux de 10 % au moins des suffrages exprimés au plan national, comme l’exige la loi. Ainsi, depuis 2019, le parti de Me Adrien Houngbédji semble amorcer une descente aux enfers où il se retrouve aujourd’hui sans député au Parlement, sans maire et sans conseiller communal. C’est donc normal qu’après cette traversée du désert, le parti veuille battre le rappel de troupe pour faire le bilan à l’occasion de ses noces de perle. Le Prd devra repartir sur de nouvelles bases dans la perspective des prochaines joutes électorales dont la plus proche est la présidentielle de 2021. Et c’est justement à ce niveau que d’aucuns s’impatientent d’entendre la position de Me Adrien Houngbédji et des siens. Le Prd se doit de situer les uns et les autres sur cette échéance, notamment sur son candidat et la question du parrainage. Cela, à l’instar de la plupart des autres partis légalement constitués à l’aune de la réforme du système partisan dont l’Udbn de Claudine Prudencio et Moele Bénin de Jacques Ayadji qui ont clairement jeté leur dévolu sur Patrice Talon pour se succéder à lui-même en 2021. Ou encore la Fcbe de Paul Hounkpè, principal parti de l’opposition, qui dit trouver pertinente la disposition du Code électoral exigeant que le candidat à l’élection présidentielle de 2021 puisse se faire parrainer par 16 députés et/ou maires au moins pour valider sa candidature. La rencontre politique du week-end prochain est donc une excellente occasion pour le Prd de marquer les esprits. Autrement, le parti aurait raté le coche s’il faisait black-out sur cette importante échéance électorale. A moins que les
Tchoco-Tchoco aient en projet une autre sortie politique pour revenir sur ces questions. De toutes les manières, à moins de sept mois de l’élection présidentielle de 2021, le Prd qui s’est révélé quatrième force politique à l’issue des communales du 17 mai dernier, après l’Union progressiste (Up), le Bloc républicain (Br) et Fcbe, a son mot à dire dans ce scrutin. Me Adrien Houngbédji et les siens ne doivent pas perdre de vue cette réalité.