Le choc subi par l’activité économique et dû à la Covid-19 a été quelque peu amorti grâce aux mesures prises par les pouvoirs publics, mais les perspectives restent incertaines. Pour une relance durable de la croissance, un rapport de l’Ocde de mi-septembre préconise un soutien budgétaire continu en faveur des travailleurs et entreprises qui accusent le coup.
« Continuez à soutenir l’économie, ne retirez pas le soutien budgétaire trop tôt ! », tel est l’appel que lance l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) à l’endroit des décideurs à travers son rapport Perspectives économiques intermédiaires publié le 16 septembre dernier. « Faute de maintien des aides publiques, les faillites et le chômage pourraient augmenter plus rapidement qu’ils n’auraient dû et prélever leur tribut sur les moyens d’existence des individus pendant plusieurs années », avertit Laurence Boone, cheffe économiste de l’Ocde, lors de la présentation du document.
Selon ce rapport qui présente une version actualisée des prévisions relatives aux pays du G20 figurant dans l’édition des Perspectives économiques de l’Ocde de juin dernier, les perspectives économiques restent « extrêmement incertaines ». La reprise de l’activité est tributaire de l’évolution de la crise sanitaire induite par le nouveau coronavirus.D’après les prévisions, le produit intérieur brut (Pib) mondial devrait chuter de 4,5 % cette année, avant de rebondir à 5 % à l’horizon 2021 avec le raffermissement de la confiance des entreprises et des consommateurs. Mais cette croissance pourrait être amputée de 2 à 3 points de pourcentage en cas de résurgence plus forte de la pandémie et de prise de mesures d’endiguement plus strictes qui occasionneraient la montée du chômage et une durée plus longue d’atonie de l’investissement. L’économie mondiale perdrait entre 4000 milliards de dollars dans le scénario optimiste et jusqu’à 11 000 milliards de dollars dans le pire scénario.
Stimuler la demande
Face à l’incertitude, Laurence Boone estime qu’il faille aider les travailleurs à trouver de nouveaux emplois, car la hausse du chômage pourrait accentuer la pauvreté monétaire et ainsi la dégradation du niveau de vie de millions de travailleurs, notamment ceux qui sont dans l’informel et sans protection sociale. Il est question pour les pouvoirs publics d’encourager les entreprises à stimuler la demande et de se concentrer sur les investissements attendus depuis longtemps, afin d’amortir la récession annoncée de 2020.
Pour ce faire, le maintien du soutien fiscal et monétaire s’impose en faveur des travailleurs et entreprises vulnérables. S’il faut veiller à une formation de qualité et à l’insertion des jeunes, il est aussi question de réorienter les entreprises des secteurs particulièrement touchés vers d’autres activités moins risquées et plus prometteuses.
L’Ocde note que malgré le rebondissement après la levée des restrictions, l’activité économique n’est pas assez dynamique. D’où la nécessité pour les politiques de booster la confiance des consommateurs et des entreprises, tout en continuant à améliorer les soins de santé et à faire respecter les gestes barrières contre de nouvelles vagues d’infections de Covid-19.
Le rapport suggère non seulement que les aides financières perdurent, mais aussi qu’elles soient suffisamment souples pour s’adapter à l’évolution des conditions et surtout ciblées sur les entreprises viables qui en ont le plus besoin.
Croissance verte
L’Ocde recommande également que le financement par capitaux propres soit substitué au financement par l’emprunt, pour favoriser la transformation numérique qui s’impose pour l’éclosion des entreprises.
Une croissance inclusive, résiliente et durable devra être de mise.« Les pouvoirs publics ont une occasion unique de mettre en œuvre des plans de relance véritablement durables, visant à redémarrer l’activité et à investir dans l’indispensable modernisation numérique des petites et moyennes entreprises et dans des infrastructures, des transports et des logements verts, pour reconstruire une économie meilleure et plus verte », selon Mme Boone.
« Les mesures de relance verte sont une solution gagnant-gagnant car elles sont à même d’améliorer le bilan environnemental tout en dynamisant l’activité économique et en améliorant le bien-être de tous», a déclaré Angel Gurra, secrétaire général de l’Ocde, lors de la table ronde ministérielle de l’Ocde en prélude à la publication du rapport d’étape. Un accent est mis sur le renforcement des investissements dans les énergies renouvelables dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité qui menacent l’humanité. Car, les ambitions sont certes nobles, mais les actions concrètes en faveur du climat sont encore insuffisantes.