Que retenir des déformations vertébrales et comment prevenir des nombreux malaises qui en decoulent ?
La colonne vertébrale est située au milieu du dos, elle repose sur le bassin puis sert de support aux côtes et au crâne. Elle protège la moelle et sert aussi de centre de transmission nerveuse entre le cerveau et le corps entier. Allons à la découverte de cette partie sensible du corps dont l’entretien repose essentiellement sur une bonne connaissance de la forme du dos et des règles d’hygiène car à chacun sa forme de dos et l’hygiène qui lui sied.
La colonne vertébrale s’étend du cou (colonne cervicale), du haut du dos (colonne dorsale) au bas du dos (colonnes lombaires et sacrées). On distingue la colonne vertébrale antérieure ou arc antérieur (empilement de vertèbres séparées par des disques) et la colonne vertébrale postérieure ou arc postérieur (pédicule, transverse, articulaire et épineuse). Les déformations ou déséquilibres sont des troubles de la statique vertébrale pouvant survenir dans les deux plans, face (frontal) et/ou profil (sagittal) de la colonne vertébrale.
Sur quoi repose ce phénomène médical très peu connu des patients ?
L’étude des déformations nécessite un interrogatoire précis qui part de la recherche des caractéristiques de ces dernières. Il faut impérativement identifier leurs sièges qui peuvent intéresser soit l’ensemble du dos, soit une portion vertébrale isolée (cervicale ou dorsale ou lombo sacrée) soit deux ou plusieurs portions vertébrales à la fois; leur degré (minime, modéré ou très remarquable); leur début précoce (enfance, adolescence ), ou tardif (adulte), brutal ou progressif; leurs caractères mécaniques ou inflammatoires puis aigus ou subaigus ou chroniques ; les contextes de leur apparition à savoir, épidémie, contage tuberculeux, fièvre, perte de poids, fatigue, perte d’appétit, fracture, traumatisme, douleur, dénutrition qui sont des éléments indispensables pour l’étude. Leur association aux difficultés à contrôler les urines et/ou les selles ; à se mettre en érection, à une faiblesse ou une fatiguabilité d’un ou des deux membres inferieurs obligeant le malade à s’arrêter ou à s’asseoir avant de poursuivre sa marche et enfin à une paralysie complète ou non. Leur mode d’évolution (fixe, réductible ou évolutif), on peut ajouter les facteurs d’aggravation qui naissent des postures vicieuses, d’excès de poids, des terrains en cause (diabète, sida, hypertension…) et des comorbidités associées (insuffisance rénale…)
De l’examen clinique nécessaire à l’identification du mal !
Pour appliquer le traitement adéquat, il faut avant tout, aller à la recherche d’un syndrome rachidien cervico-dorso-lombaire, d’un syndrome radiculaire cervico-dorso-lombaire, d’un syndrome myéloradiculaire+++ et des signes de localisation viscérale associés.
Un examen biologique sanguin comportant au minimum une NFS et une VS, etc permettra de renforcer le diagnostic.
Les bilans radiologiques voire tomographiques quant à eux confirment l’impression clinique, permettent de prendre des mesures et peuvent objectiver comme déformations du bas de dos et du cou des attitudes scoliotiques et scolioses vraies vues de face puis des hyperlordoses, rectitudes et cyphoses vues de profil avec possibilité d’association d’une attitude scoliotique à une attitude lordo-cyphotique. Vu de face, les déséquilibres du haut de dos rencontrés sont les attitudes scoliotiques et les scolioses vraies tandis que ceux du profil sont les attitudes cyphotiques, les rectitudes et les hypercyphoses. En dehors de ces déformations qui peuvent aussi intéresser la charnière lombo sacrée, les imageries peuvent montrer au niveau des courbures physiologiques ou pathologiques des lésions dégénératives, inflammatoires d’atteintes discales, vertébrales et articulaires postérieures directement ou indirectement attribuables aux déformations ou en rapport avec l’étiologie retrouvée.
Les causes des déformations vertébrales
Les causes des déformations sont multiples. Elles sont surtout d’ordre mécanique (déséquilibre du bassin ou de la charnière lombosacrée, inégalité de longueur des membres inférieurs…) ; congénital (malformations, maladies de croissance…) ; traumatique, rhumatismal (spondylarthrite ankylosante…) ; infectieux (tuberculose vertébrale ou Mal de Pott…) ; métabolique (certaines ostéoporoses…) ; tumoral (métastases…) ; neurologique (poliomyélite…) ou idiopathique (sans cause retrouvée).
Comment en guérir ou soulager les patients ?
La prise en charge doit associer plusieurs spécialités (multidisciplinaires) quelle que soit l’étiologie.
La surveillance des déformations sera surtout paraclinique et clinique car elles peuvent évoluer vers des formes graves et mettre en jeu les pronostics esthétique, vital et fonctionnel.
Les déformations peuvent se présenter sous plusieurs formes. Les causes mécaniques sont les plus fréquentes dans la pratique rhumatologique courante parce qu’elles peuvent induire des douleurs qui sont beaucoup plus mal tolérées que les déformations. D’où l’intérêt de leur dépistage précoce pour prévenir efficacement la survenue de ces préjudices esthétiques et fonctionnels puis des complications neurologiques redoutables.
Par Dr Jean Claude A. SOGLO, Spécialiste en Rhumatologie