Aller au contact des populations à la base constitue l’essentiel de l’agenda d’un candidat à la présidentielle. Tous se soumettront à cet exercice. Ils voudront tous parcourir les quatre coins du Bénin. Mais pour la plupart, le temps risque de ne pas suffire. Il y en a qui seront obligés de privilégier telle localité à telle autre. Quand on sait qu’à 6 mois de la présidentielle, il n’y a presque pas de candidats officiellement déclarés, franchir cette étape, puis se mettre à parcourir tout le pays, ce n’est pas évident. Même Patrice Talon, en cinq ans de pouvoir, peut compter au bout des doigts le nombre de fois où il est allé au contact des populations. Joël Aïvo dispose donc d’une avance certaine en ce domaine. Surtout dans le contexte actuel où il n’est pas aisé pour un potentiel candidat d’aller au contact des populations avec un discours autre que ce que veulent entendre les thuriféraires du régime. Le professeur de droit public a le mérite d’avoir osé, et de prendre ainsi une longueur d’avance sur les autres potentiels candidats. Mais cela suffira-t-il pour qu’il fasse un score plus qu’honorable en 2021 ?
Depuis 1990, ceux qui se lancent très tôt dans la campagne n’ont pas toujours été élus président de la République. En 2006, Boni Yayi s’est présenté officiellement en tant que candidat au dernier moment. Pareil pour Patrice Talon en 2016. Et pourtant, tous deux ont été élus. Certes, Boni Yayi était connu sur le terrain parce qu’il y allait faire des inaugurations d’infrastructures en tant que président de la Boad. Ce qui n’a pas été le cas de Patrice Talon. On pourrait dire que le cas Yayi a quelques similitudes avec Aïvo. Mais la victoire de Patrice Talon en 2016 prend le contre-pied de cet argumentaire. Dans le même temps, en 2016 Lionel Zinsou et Boni Yayi étaient presque chaque jour sur le terrain. Mais ils ont perdu dans les urnes. C’est dire que pour une élection, surtout en Afrique, beaucoup de paramètres entrent en jeu. Dans certains cas, les choix se font en tenant compte du plus offrant, soit pour régler un compte parce qu’on a été déçu par les choix du président sortant, soit par conviction. On peut rentrer tôt dans une campagne et gagner comme on peut perdre. Tout dépend des circonstances. Et l’argent joue un grand rôle.