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Retrait du Bénin de la liste des pays sûrs: Du réconfort pour la lutte de l’Opposition

Publié le jeudi 8 octobre 2020  |  Matin libre
Komi
© Autre presse par DR
Komi KOUTCHE, ancien ministre des finances et Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin
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(L’Ofpra confond la Cbdh)

C’est officiel ! Le Bénin ne fait plus partie des pays sûrs pour la France. C’est ce qu’a décidé le Conseil d’administration de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui a donc suspendu le pays pour une période de douze mois et ce, à compter de ce 6 octobre 2020. Si le Président du Conseil d’administration de l’Ofpra fait savoir à travers un communiqué que cette décision intervient après le réexamen du bien-fondé de l’inscription du Bénin sur la liste des pays considérés comme des pays d’origine sûrs au sens de l’article L.722-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, il ne laisse par contre pas transparaitre, les réels mobiles qui motivent cet acte. Mais, quand on sait que l’Ofpra, malgré les arguments et assurances des autorités béninoises quant au respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques, a accordé l’asile politique à Sébastien Ajavon, un opposant de taille au régime de Patrice Talon malgré sa condamnation au Bénin pour trafic de drogue, on peut déjà se faire une idée des tenants et aboutissants de cette décision. Car, à l’instar de Sébastien Ajavon qui se considère comme un réfugié politique du côté de l’hexagone, plusieurs autres opposants au pouvoir ont fui le pays et se retrouvent aussi dans leur majorité, en France. Pour eux, un seul fait justifie cette option : ‘’le Bénin ne garantit plus à leurs yeux une justice équitable pour tous, sans oublier le déni de démocratie dans lequel, le pays s’est engouffré’’. Des raisonnements qui ne manquent pas de pertinence, si on se réfère aux conditions dans lesquelles des personnalités politiques de l’Opposition comme Lionel Zinsou, Komi Koutché et Sébastien Ajavon, Léhady Soglo ont été condamnées. Si donc l’Ofpra en arrive à suspendre le Bénin des pays sûrs, c’est que la France se doute de quelque chose. Et puisque cette décision intervient pour une première fois sous Patrice Talon, elle doit avoir un lien avec le rapport qu’entretient le chef de l’Etat avec les opposants à son régime. A l’instar des exilés, d’autres béninois ont été emprisonnés pour des opinions exprimées. Tout cela doit peser dans la balance pour que l’Ofpra en arrive à suspendre le Bénin pour 12 mois. En dépit des remous que peuvent susciter cette décision du côté du pouvoir, qu’on le veuille ou non, elle légitime en quelque sorte les craintes et dénonciations des exilés politiques. Mieux, elle vient renforcer la conviction de l’Opposition en particulier et de certains béninois en général dont la Société civile, sur l’absence de démocratie et par ricochet, sur la violation des droits de l’Homme au Bénin.

L’Ofpra et la Cbdh : deux différentes directions

Pendant que l’Ofpra suspend le Bénin des pays sûrs, la Commission béninoise des droits de l’Homme (Cbdh) remettait le même jour, son rapport au Chef de l’Etat. En effet, le contenu de ce premier rapport qui évalue la situation du respect des droits de l’Homme au Bénin n’a pas été dévoilé. Mais d’après les discours ayant caractérisé la cérémonie y afférente, l’on note des propos du Président de cette Commission qu’il y a des efforts qui sont consentis par le gouvernement dans ce sens et que, le pays pourrait mieux faire. A l’occasion, Patrice Talon a même affirmé que son gouvernement n’a aucune volonté de mettre en péril les droits de l’homme. Voilà que l’Ofpra, par des critères qui lui sont propres, prend le contre-pied parfait de la Cbdh. Dans ce contexte, quelle crédibilité donnée au rapport de la Cbdh ? L’un dans l’autre, Patrice Talon et son gouvernement ne sortent pas grandis de cette décision de l’Ofpra, quelle que soient les points positifs qu’ils auraient engrangé dans le rapport de la Cbdh.

J.G
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