La réforme du système partisan n’a pas fini de révéler tous ses secrets. Au fur à mesure que les jours passent, on découvre dans les lois crisogènes certaines subtilités insérées de bonne ou mauvaise foi. Lundi 12 octobre dernier, l’ancienne députée Amissétou Affo Djobo a tiré l’attention sur le dernier paragraphe de l’article 130 du nouveau Code électoral. Lequel comporte une nuance qui, certainement, n’est pas perçue par le citoyen lambda, mais qui risque de faire du prochain président de la République un élu par défaut.
« Les candidats d’un duo resté seul en lice au second tour par suite de désistement, d’empêchement ou de décès de candidats sont proclamés élus aux fonctions de président de la République et de vice-président de la République », dernier paragraphe de l’article 130 du nouveau Code électoral. Pour Amissétou Affo Djobo, présidente du Groupe national de contact, la représentation nationale du mouvement « S’engager pour le Bénin », il y a là, une manœuvre à peine voilée d’imposer un chef d’Etat aux Béninois en 2021. Il suffit qu’un des candidats d’un duo, arrivé en 1ère ou 2ème position après le 1er tour, désiste pour que l’autre duo soit proclamé automatique élu. Nul besoin de faire recours au duo arrivé en 3e position au 1er tour. C’est l’interprétation qu’elle fait de ce dernier paragraphe de l’article 130 du Code électoral.
Un désistement est vite arrivé. Le Bénin en a déjà connu. En 2001, au second tour de la présidentielle, Nicéphore Soglo arrivé 2e au 1er tour, a désisté. Adrien Houngbédji arrivé 3e a fait de même. La Commission électorale n’a donc pas eu un autre choix que d’appeler Bruno Amoussou arrivé en 4e position pour affronter au second tour Mathieu Kérékou. D’où le match amical de 2001, étant donné que Bruno Amoussou avait déjà appelé à voter pour Kérékou. La différence avec le nouveau Code électoral, est qu’il n’aura même pas de second tour, si seulement l’un des membres du duo présidentiel, arrivé 1er ou 2e, désiste. Quand on sait qu’un empêchement ou un désistement pourrait même être suscité, n’y-a-t-il pas là une volonté d’imposer un chef d’Etat ?On se souvient des propos du député Arifari Bako, lors de la révision de certaines dispositions concernant la formation des groupes parlementaires. « Ne prenez pas le modèle que nous avons aujourd’hui, excusez-moi le terme, un Parlement monocolore et penser que les choses seront toujours ainsi», avait dit Nassirou Arifari Bako. Cela voudrait-il dire que les lois qui ont été votées jusque-là sans l’Opposition, à savoir le Code électoral, la Charte des partis politiques, la révision de la Constitution, ont préservé les seuls intérêts des deux partis siamois Up et Br et donc du chef de l’Etat?
« Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi ». Cette phrase de Nelson Mandela n’illustre-t-elle pas ce que vit aujourd’hui l’Opposition au régime de la Rupture, et par ricochet une partie du peuple, si ce n’est la grande partie, étant donné que le chef de l’Etat lui-même a reconnu être impopulaire ? L’opposition n’a-t-elle pas raison quand elle parle de velléités de confiscation du pouvoir par la loi ?