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Dr Yekini Ibrahim du Br au sujet du parrainage : « Il ne faut pas regarder sa position d’aujourd’hui pour jeter dans la poubelle tout ce qui se fait de bien »

Publié le mercredi 14 octobre 2020  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Dr Yekini Ibrahim, Maître-Assistant des universités du CAMES, devenu Maître de Conférences des universités du CAME
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L’élection présidentielle de 2021 s’approche à grands pas et pour la première fois depuis l’avènement du renouveau démocratique, les candidats se font encore désirer à cause des nouvelles dispositions des lois électorales au Bénin. Dans un entretien accordé à votre journal, le Docteur Yekini Ibrahim, Maître-Assistant des universités du CAMES, devenu Maître de Conférences des universités du CAMES depuis quelques jours, parle de la nouvelle donne politique au Bénin. Membre du parti politique Bloc Républicain, il évoque également la question de la candidature du président Patrice Talon, du parrainage et d’autres sujets liés à cette élection présidentielle.

Dans quelques mois, les populations béninoises en âge de voter seront appelés aux urnes pour l’élection présidentielle. Comment vivez-vous cette période de pré-campagne électorale comparativement aux années antérieures où à six mois de la présidentielle, c’est déjà l’effervescence dans les États-majors des partis politiques ?
Vous savez, depuis l’avènement du régime de la rupture, les vieilles et mauvaises habitudes ont commencé à disparaître. Avant, l’élection présidentielle était pour plusieurs partis, mouvements politiques et même pour des individus, l’occasion de se faire de l’argent. On ne sent pas la même ambiance aujourd’hui parce que le milieu politique commence à être assaini dans notre pays. On ne peut plus se lever pour aller faire du chantage à un candidat ou lui vendre son soutien. A six mois du premier tour de la présidentielle de 2021, le seul candidat connu et que je connais, mais qui ne s’est pas encore officiellement prononcé, c’est Patrice Talon. D’autres s’annoncent comme le Professeur Frédéric Joël Aïvo, mais on se demande s’ils pourront vraiment passer à l’étape suivante en obtenant le nombre de parrainage qu’il leur faut pour se présenter. Ce que nous vivons actuellement, c’est à peu près ce que nous avons vécu à la veille des élections législatives de 2019 et des élections communales de 2020. L’argent n’a pas circulé et cela fait croire que nous ferons désormais la politique autrement dans notre pays. Nous avons une douzaine de partis politiques, mais à peine quatre sont vraiment compétitifs. Ces partis sortiront le grand jeu d’ici quelques mois.

Vous êtes membre d’un parti politique, le Bloc Républicain et vous souhaitez que le président Patrice Talon rempile alors qu’il n’est pas membre de votre parti. N’est-ce pas paradoxal ?
Ici ! c’est mon cœur qui parle. Il est en train de finir son premier mandat et au cours du quinquennat, il a satisfait le peuple béninois. Il faut qu’il soit candidat pour consolider les acquis du gouvernement de la rupture.

Le président Patrice Talon est-il le seul Béninois capable de diriger le Bénin ?
La différence entre le président Patrice Talon et tout Béninois qui aspire à diriger ce pays est qu’il a déjà lui fait ses preuves. Il y a six ans ou sept ans, les Béninois ne pouvaient pas s’imaginer qu’il existe un homme appelé Patrice Talon capable d’opérer des changements que nous observons aujourd’hui dans notre pays et que nous avions toujours souhaités. Il a fait amorcer le développement du Bénin de manière significative. Patrice Talon est un bâtisseur qui, en trois ans d’exercice du pouvoir d’Etat avait déjà convaincu les Béninois.

L’un des objectifs de la réforme du système partisan est de voir au Bénin, le président de la République issu d’un parti politique. Pourquoi ne souhaitez-vous pas que votre parti le Bloc Républicain ait son propre candidat à la présidentielle de 2021 ?
D’abord, nous sommes dans un processus de réforme du système partisan même si des lois ont été votées dans ce sens. Les partis politiques créés après le vote de la nouvelle Charte des partis politiques au Bénin auront le temps de se renforcer pour pouvoir un jour gagner le pouvoir d’Etat et l’exercer. Ce dont il s’agit en ce moment, c’est du développement de notre pays et il ne faut pas arrêter la marche de notre pays vers sa vraie émergence. Le président Patrice Talon, s’il fait un second mandat, cela facilitera plus la tâche aux formations politiques parce que beaucoup de choses auraient été déjà réalisées dans le pays pour permettre aux populations de s’engager véritablement dans le militantisme et de s’intéresser plus à la chose politique.

Que pensez-vous de la recrudescence des mouvements politiques depuis quelques mois ? La réforme du système partisan est sensé regrouper les partis politiques régionales et les mouvements politiques pour de grands ensembles politiques.
C’est un feu de paille hein ! Ça va s’estomper à la fin de la présidentielle de 2021. Les gens veulent seulement se faire de l’argent. Nous savons qu’il y a un intérêt certain derrière ces agitations. Cela nous laisse de marbre au sein du Bloc Républicain. Le Bloc Républicain est un parti très sérieux qui a une organisation interne et une vision de développement. Nos idéaux nous permettent d’espérer et de gagner en 2021. Certes, le Bloc Républicain n’est sorti que deuxième aux élections législatives de 2019 et aux élections communales de 2020, mais cela ne veut pas dire que l’élection présidentielle de 2021 se fera sans nous.

Croyez-vous qu’un parti politique puisse gagner seul une élection présidentielle au Bénin sans le concours des mouvements politiques et d’autres partis politiques ?
Le Bloc Républicain peut surprendre à la présidentielle de 2021. Au Bloc Républicain, nous réfléchissons globalement, mais nous agissons localement. L’élection présidentielle, c’est chaque candidat face au peuple béninois et non face aux militantes et militants d’un seul parti politique. C’est de la destinée de notre pays qu’il s’agit. Il peut arriver que le candidat choisi par un parti politique pour la présidentielle n’arrive pas à convaincre une frange des militants de ce parti et que ça soit un autre candidat qui y arrive à travers son projet de société. Avant d’être un militant du Bloc Républicain, je suis un citoyen béninois qui jouit de ses droits. Je ne m’accroche à aucun poste. Je fais mon travail comme cela se doit et je dis ce que je pense comme je vote pour celui que je pense qu’il peut bien diriger mon pays. C’est ça l’élection présidentielle. Vous verrez comment le Bloc Républicain va se renforcer davantage contrairement à un autre parti politique constitué uniquement d’anciens d’autres formations politiques et d’anciens Ministres. Aujourd’hui, des partis politiques comme le PRD n’existent que de nom. Les militants de ces partis finiront tous par adhérer à l’un des deux partis présents au Parlement.

Qu’est-ce qui vous fait croire qu’un parti politique comme le PRD disparaîtra au profit d’autres partis ?
Le PRD n’était pas présent à la présidentielle de 2016 avec un candidat à l’interne. Nous savons les conséquences de ce choix. Beaucoup de ténors sont partis parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec ce choix. C’est d’ailleurs à partir de là que le PRD a commencé son déclin. De grands leaders de l’Union Progressiste sont issus du PRD et forcément, ils ont drainé avec eux du monde vers ce nouveau parti. La même chose risque de se produire à la présidentielle de 2021. Ceux qui sont restés au PRD espérant relever des défis aux élections communales de 2020 n’ont pas eu gain de cause avec les réalités du nouveau Code électoral. Croyez-vous que tout ce monde attendra une remontada ? Moi j’ai fait le PRD et je sais que beaucoup ont souffert de l’appartenance du parti à l’opposition. Les gens rejoindront encore l’Union Progressiste et le Bloc Républicain. Si le PRD n’a pas de candidat en 2021, je ne vois pas comment il maintiendra tout le monde dans ses rangs.

Est-ce que vous êtes au parfum de ce qui se passe aujourd’hui au sein de ce parti ou c’est juste votre souhait ?
J’ai fait le PRD pendant une vingtaine d’années et je puis vous dire que quel que soit ce qu’on peut reprocher à ce parti, il est très bien structuré. Seulement, l’expérience de 2016 a montré que pour espérer faire une bonne impression à la présidentielle au PRD en vue de renforcer ses bases, le candidat doit être issu de ses rangs. Le PRD aurait présenté un militant bon teint à la présidentielle de 2016 qu’il serait aujourd’hui toujours fort comme par le passé.

D’aucuns pensent qu’un fort taux de participation reste un défi à relever à la présidentielle de 2021 lorsqu’on jette un regard sur les résultats des législatives de 2019 et des Communales de 2020. Quelle est votre opinion sur la question ?
Je crois que le faible taux de participation aux élections législatives de 2019 et aux communales de 2020 révèle un changement de comportement chez nos politiques. Le taux de participation a baissé parce que la masse d’argent distribuée a également baissé. C’est l’une des conséquences de la réforme du système partisan que nous saluons au passage. Avant, les populations étaient habituées à l’argent. C’était purement et simplement de l’achat de conscience. Ce faible taux de participation risque d’être encore plus prononcé pour la présidentielle de 2021.

Est-ce que ce n’est pas quelque part parce qu’une frange de la population béninoise ne se retrouve pas dans ce que proposent les partis politiques de la mouvance présidentielle ? Elles attendent peut-être que l’opposition participe aux élections pour se décider ?
De quelle opposition parlez-vous ? Celle constituée par les exilés volontaires ? Les populations à la base, cette opposition n’est pas leur affaire hein ! pour les populations sont plutôt préoccupées par leurs conditions de vie. Je dirai même que les populations béninoises doivent se sentir trahies par ceux-là qui se disent opposants. Lorsque vous êtes opposant, vous restez dans votre pays et vous faites une opposition constructive au lieu de tout peindre en noir depuis l’extérieur avec des prières que le pays chute. Nous avons connu une opposition exemplaire avec le président Adrien Houngbédji. C’est pour ça que je l’admire. Quoiqu’on dise, le président Adrien Houngbédji n’a jamais fait l’opposition pour détruire son pays. Lorsqu’il critique la gouvernance du pays, c’est toujours accompagné de propositions d’amélioration. Par ailleurs, lorsqu’il perd une élection dans des conditions calamiteuses, il est le premier à féliciter son adversaire pour éviter que son pays s’enlise dans la division et des affrontements fratricides. C’est ça que moi j’appelle opposition. Cela ne veut pas dire que tout est rose dans la gestion du pouvoir actuel, mais ce que proposent les opposants au régime en place n’est pas normal dans la gouvernance actuelle du pays.

La particularité de la présidentielle de 2021 est le parrainage. Qu’en pensez-vous ?
Le parrainage des candidats à la présidentielle de 2021 est une bonne chose. Vous ne pouvez pas prétendre diriger un pays si les populations à la base dignement représentés par des élus ne vous portent pas. Ce n’est pas le Bénin qui a inventé le parrainage. Le mode de gouvernance que nous avons au Bénin et le système politique que nous pratiquons depuis 1990, nous les avons appris des autres.

Le parrainage ne limite-t-il pas la chance du citoyen de briguer la magistrature suprême ?
La fonction du président de la République est trop sérieuse pour que n’importe qui se lève pour vouloir l’exercer. Ce n’est pas en obtenant un suffrage de 0.03% à une élection qui fait de vous un présidentiable. Vous devriez d’abord être porté par un parti politique au sein duquel il y a des élus que les populations ont valablement mandatés. Déjà, n’est pas conseiller communal ou député qui veut. Il faut aller devant les populations et les convaincre. Bref ! Après trente ans d’expérience du renouveau démocratique, il est maintenant temps d’aller vers la consolidation de cette démocratie.

Lorsque la CENA parle d’anonymat des parrains, cela n’est-il pas en contradiction avec la réforme du système partisan qui suppose des partis politiques forts ?
L’anonymat du parrainage protège le parrain parce qu’il est le seul à savoir si le projet de société de tel ou tel autre candidat arrange sa Commune ou sa circonscription électorale avant de penser au pays en général ; encore que le pays ne puisse se développer sans le développement des Communes. Ceux qui critiquent la position des membres de la Cena devraient être sincères avec eux-mêmes. L’anonymat du parrain n’arrange-t-il pas l’opposition ? Il revient à cette opposition d’aller convaincre les potentiels parrains. Il ne faut pas non plus perdre de vue que si les parrains d’aujourd’hui veulent que leurs partis politiques deviennent forts, ils ne se hasarderont pas à aller marchander leur parrainage ailleurs. Ceux qui ne sont pas d’accord avec le parrainage seront peut-être demain en position de force. Il suffit qu’ils rentrent nombreux au Parlement et dans les conseils communaux. Il ne faut pas regarder sa position d’aujourd’hui pour jeter dans la poubelle tout ce qui se fait de bien dans le cadre des réformes politiques opérées par le régime de la rupture.

Votre mot de la fin
Je prie vivement que l’élection présidentielle qui s’annonce se passe dans la paix pour le bien du peuple béninois. Je voudrais aussi rappeler aux Béninois en âge de voter qu’ils doivent aller consulter les listes affichées par le Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi) dans la perspective d’obtention de leurs cartes d’électeurs nouvelles ou renouvelées. La carte d’électeur est le seul sésame pour pouvoir s’exprimer librement dans les urnes.
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN
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