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Julien Minavoa sur la pratique du sport par les femmes : « Le sport et sa pratique constituent un vaste marché…il faut être soit vendeur soit acheteur »

Publié le mercredi 14 octobre 2020  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
, Julien Minavoa, président du Comité national olympique et sportif béninois (Cnos-Ben)
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A l’occasion de la célébration en différé de la Journée internationale de la femme, le président du Comité national olympique et sportif béninois (Cnos-Ben), Julien Minavoa a donné son point de vue sur les défis liés à la pratique du sport par les femmes. Selon lui, les pratiquantes du sport doivent prendre conscience des défis à relever. Mieux, elles doivent comprendre qu’elles ont du potentiel, et qu’elles peuvent donner le meilleur d’elles-mêmes malgré les stéréotypes, la tradition et autres considérations.

Vous avez invité les femmes à réfléchir sur les maux qui minent leur pratique du sport à l’occasion de la journée internationale de la femme, quels sont les résultats que Cnos-Ben attend de ces femmes ?
Les femmes doivent comprendre que lorsqu’on parle de défi, c’est chercher à atteindre un niveau supérieur. Elles doivent prendre conscience des conditions dans lesquelles certaines d’entre elles ont pratiqué le sport jusqu’au niveau où elles sont arrivées, et que les plus jeunes aussi prennent conscience du parcours qui leur reste. Par exemple, quand on est en terminale, l’objectif est de décrocher le Bac. On ne se soucie pas des péripéties, mais on reste concentré sur l’objectif. De la même manière, à l’occasion de leurs rassemblements, les femmes doivent se fixer les objectifs qu’elles ont à atteindre, des objectifs qu’elles prendront comme des défis à relever. Et quand on poursuit des objectifs, il faut s’attendre à rencontrer beaucoup de difficultés. Il s’agit d’une question de prise de conscience. Nous voulons que les femmes elles-mêmes prennent conscience que ce qui empêche le décollage du sport ou la pratique sportive par les femmes, ce ne sont pas forcément les stéréotypes, la tradition ou le regard de la société sur les femmes pratiquantes du sport. C’est le fait qu’aujourd’hui, le sport et sa pratique constituent un vaste marché. Et pour avoir sa place dans un marché, il faut être soit vendeur soit acheteur. En tant que vendeur ou acheteur, vous avez quelque chose à apporter. Dans la position actuelle du sport dans le monde, dans un marché, le sportif doit pouvoir apparaître comme un vendeur. Et qu’est-ce que nous avons à vendre nous qui sommes dans le sport ? Les valeurs. Et ce sont ces valeurs que nous aurions voulu que les femmes cultivent au niveau du sport féminin pour que nous puissions présenter dans le marché les produits les mieux appréciés.

Quel regard avez-vous sur la mobilisation des femmes au sein de l’Union sportive béninoise ?
Quand on veut parler de la mobilisation des femmes dans le sport béninois, pourquoi ne pas parler aussi de la mobilisation des hommes dans le sport béninois. Nous ne sommes plus à l’époque où l’on refuse que ses enfants aillent au sport. Aujourd’hui, tout le monde sait que par le sport, on peut aussi se réaliser. Alors, pour parler de mobilisation des femmes dans le sport, il faut d’abord admettre et concevoir qu’autant lorsque les enfants vont au primaire, fille ou garçon, la pratique du sport doit être leur droit. Mais ce n’est pas encore à l’enfance qu’il faut se mettre à classer les enfants dans telle ou telle discipline sportive. Les sciences ont, de nos jours, prouvé que pour un enfant de trois ans, il faut attendre jusqu’à ses treize ans avant de commencer à l’orienter. C’est aussi valable pour les garçons. Il faut que dans cette tranche d’âge, on laisse les enfants toucher à tout, c’est-à-dire les laisser pratiquer plusieurs sports. Mais il faut également comprendre qu’à partir du moment où l’enfant atteint les treize ans, il faut le modeler. Il faut pouvoir l’orienter vers le sport qui semble être sa spécialité afin qu’il commence à prendre des automatismes. C’est une des choses qui manquent en Afrique car à partir de 17 ou 18 ans, si les automatismes n’y sont pas, il est impossible de les mettre en place.

Donc, faut-il insister sur la formation des jeunes ?
La formation des jeunes est une obligation, c’est du ressort de l’absolu. Il faut nécessairement que cela se fasse. J’ai entendu parmi les comptes rendus qui sont faits par les femmes qu’il faut la formation. Mais il faut à ce niveau faire beaucoup attention, car il ne suffit pas que l’enfant ait trois ans pour qu’on l’envoie dans un centre de formation parce que X ou Y a été formé dans ce centre. C’est pourquoi il faut la formation, mais dans les règles de l’art.

Durant votre intervention, on a constaté que les femmes sont relégués au second rang. Mais on a aussi constaté que la plupart de ces femmes affolent les records sur le plan international, qu’est-ce qui peut expliquer ce paradoxe ou cet avantage des femmes ?
Je ne crois pas que les femmes soient reléguées au second rang. Je pense que c’est plutôt le contraire. Dans tous les discours que je fais dans le milieu sportif, j’ai toujours recommandé que les fédérations mettent l’accent sur le sport féminin, car c’est là que se trouve l’avenir du sport béninois. Aujourd’hui les résultats que nous obtenons sur le plan international, surtout dans les sports individuels en donnent à satiété la preuve. Cependant, aujourd’hui nous avons des résultats qui sont sur toute la ligne atypiques car nous n’avons rien investi pour aboutir à ces résultats. Quand je prends l’exemple d’Odile Ahouanwanou, qu’est-ce qu’on a fait dans le pays pour permettre qu’elle soit là où elle est aujourd’hui à part le fait que le comité national olympique lui a accordé une bourse olympique ? Et comme par hasard, l’action de l’actuel ministre des sports a amené des personnes de bonne volonté à lui venir en appui. Avant qu’on en arrive là, en amont, nous n’avions rien fait. Prenons également le cas de Noélie Yarigo, notre deuxième étoile. Il a fallu qu’elle fasse la rencontre de Claude Guillaume (son entraîneur) qui a accepté d’investir sur elle et continue de le faire d’ailleurs contre vents et marées. Par ailleurs, nous étions tous heureux du résultat que notre équipe nationale de football, les écureuils ont atteint. Mais en toute sincérité, qu’avions nous fait de particulier pour arriver à ce niveau ? Ce qui fait qu’aujourd’hui, s’il faut être objectif, il faut se poser la question de savoir "pourrons-nous encore nous qualifier ?" et non « pourrons-nous encore atteindre ce niveau ?". Donc chers compatriotes, prenons conscience si nous voulons être au rendez-vous de ce vaste marché mondial que constitue le sport. Nous voulons y être présent pas en tant que figurant mais en tant qu’acteurs responsables ainsi qu’en tant que vendeurs.

Propos recueillis Patrice SOKEGBE
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