Au Nigeria, le mouvement #EndSARS se poursuit. A Lagos, les jeunes protestataires bloquent depuis près d’une semaine le principal péage de la ville où ils ont tenu, vendredi 16 octobre au soir, une veillée en mémoire des victimes de la police. À Abuja, les manifestants ont bloqué la route de l’aéroport ce même vendredi, malgré l’interdiction de manifester, promulguée dans la capitale fédérale.
Même si le mouvement semble encore chercher sa direction, les jeunes Nigérians savent maintenant qu’ils ont les moyens de faire entendre leur voix. Les réseaux sociaux qui ont porté leur voix leur permettent aussi de coordonner les actions de soutien et de récolter des dons. Et ce sont les femmes qui sont au premier plan de ce mouvement de solidarité.
Quand des trombes d’eau se sont abattues sur Lagos jeudi dernier, des parapluies et des manteaux ont rapidement été fournis aux manifestants.
Chaque jour, des distributions d’eau et de nourriture s’organisent sur les lieux de mobilisation. Binwe a apporté des vivres à la foule réunie devant les grilles de l’Assemblée de Lagos, au nord de la ville.
« Je travaille dans l’industrie alimentaire. Là, nous avons cherché des fonds et nous avons reçu du soutien de gens qui vivent à l’intérieur ou à l’extérieur du Nigeria. Du Texas, du Canada ou d’autres Etats… et d’ici aussi. Nous voulons aider les manifestants, être sûrs qu’ils ont à manger et qu’ils sont en forme pour poursuivre le mouvement », explique Binwe.
Sur les réseaux, « la coalition féministe », une plateforme créé par une dizaine de femmes nigérianes, centralise et redistribue une grande partie des dons. Près de 200 000 dollars ont ainsi été récoltés, jusque-là, pour soutenir 154 manifestations à travers le Nigeria.
Le docteur Deleke, une jeune femme de 28 ans, est assise dans une ambulance, garée au milieu de la foule. « Nous disons sur Twitter où nous avons besoin d’aide, et l’une des plateformes qui récolte les dons en loue une et nous l’envoie. Il y a beaucoup de solidarité et il y a toujours quelqu’un prêt à aider. C’est magnifique », se réjouit-elle.
Preuve de l’echo de ce mouvement sur la toile, le PDG de Twitter, Jack Dorsey, a apporté plusieurs fois son soutien public à la jeunesse nigériane. Il a même dévoilé un emoji spécial pour accompagner ses revendications : un poing levé aux couleurs du drapeau nigérian.