En 2016, à part quelques convaincus, personne n’attendait Patrice Talon au second tour de la présidentielle. En pleine campagne électorale, Lionel Zinsou son challenger, avait annoncé en privée, qu’il redoutait les échanges à fleurets mouchetés avec l’homme d’affaires dans l’entre deux tours. Sébastien Ajavon aurait été une proie facile.
Le 20 mars 2016, les béninois feront le procès du régime régionaliste de Boni Yayi, en optant pour une alternance, et un nouveau départ. Si depuis 4 ans au Bénin, tous les segments de la vie publique sont touchés par de profondes mutations, la présidentielle prochaine de 2021 annonce le retour des vieux démons. Personne ne veut voir Patrice Talon candidat, mais le Président de la République du Bénin en silence, compte achever son programme d’action.
A Cotonou, deux ailes animent l’opposition béninoise. Le parti FCBE de l’ancien Président Boni Yayi qui prône la non-violence, et se dit prêt à affronter Talon, et un groupuscule d’anciens alliés et de fidèles de Boni Yayi. Au début de l’année 2020, les détracteurs de Patrice Talon ont tenté de forcer ce dernier à laisser le pouvoir, après le mandat unique de 5 ans. La campagne lancée pour contraindre Talon à respecter sa parole sur les réseaux sociaux a fait flop, même si l’entourage de Patrice Talon confirme que le président était face à un dilemme.
L’élection présidentielle aura lieu en avril 2021. La Commission Electorale Nationale Autonome, déroule son agenda réglé comme du papier à musique. Mais à quelques mois du scrutin, les candidats ne se bousculent pas. Cependant, il se murmure que la candidature de Talon froisse au sein de l’opposition. Son retour n’était pas à l’ordre du jour. La rumeur sur son état de santé et la fragilité de son régime, avait maintenu une partie de l’opposition dans un espoir indécent. A part une vague annonce d’un prétendant qui a demandé vouloir un débat avec le Chef de l’Etat, rien. L’annonce de Joel Aivo, n’a d’ailleurs pas été prise au sérieux, tout comme sa candidature, qui serait suscitée par Boni Yayi.
L’ancien Président joue sur tous les tableaux. Son dernier parti en création, Les Démocrates prétexte de la révision de la constitution pour annoncer que le 6 avril 2021, Patrice Talon n’aura plus de légalité. Mais au-delà de ces considérations fantaisistes, c’est tout le processus électoral qui est remis en cause par ce bloc de l’opposition. De son côté, Candide Azannai un autre opposant, ancien Ministre du Président Talon, refuse pour sa part de participer à l’élection présidentielle de 2021.
Pour lui, il est inutile d’affronter Patrice Talon. L’USL de Sébastien Ajavon disloqué, ne fera pas non plus le combat et semble avoir jeté l’éponge. Une véritable confusion règne au niveau de ces acteurs, accusés par les soutiens de Talon, de n’avoir aucun projet de société, aucun programme pour sortir le Bénin de la précarité. A Cotonou, l’opinion semble se mettre d’accord sur les grands bonds réalisés en moins de 5 ans, et observe à distance le duel entre les deux camps.
Contrairement à 2016, où pour empêcher la candidature de Patrice Talon des manœuvres avaient été entreprises par des proches de Boni Yayi, pour soutirer sa souche de naissance afin de faire invalider son dossier, 2021 n’offre aucune marge de manœuvre aux détracteurs de Patrice Talon. La seule arme aujourd’hui à la portée des opposants reste la contestation et la remise en cause du processus électoral. Une stratégie qui n’a pas prospéré en 2019 aux législatives, et qui semble avoir malheureusement scellée le sort de l’opposition.