A 78 ans, il sera le plus vieux président des Etats-Unis. Le démocrate, qui a défait Donald Trump, est un vétéran de la politique américaine, un modéré qui ne changera peut-être pas le pays en profondeur, mais qui promet de tout faire pour réconcilier les deux Amériques.
L'Amérique aura donc choisi la sagesse et la modération. Et elle a confié à un vétéran de la politique la lourde tâche de tenter de réconcilier le pays. Joe Biden, qui aura 78 ans dans deux semaines et sera le plus vieux président de l'histoire des Etats-Unis, assume son rôle : il sera un « président de transition ». S'il n'a pas complètement exclu de briguer un second mandat, il a aussi sous-entendu qu'il ne se représenterait pas et qu'il pourrait céder sa place à sa vice-présidente Kamala Harris.
Le rôle de sage et de rassembleur, c'est celui qui lui a permis d'émerger dans la course à la Maison Blanche, à un moment où il était mis en difficultés dans son propre camp, par Bernie Sanders , Pete Buttigieg ou Elizabeth Warren . C'est de cette manière qu'il a réussi à attirer des électeurs qui n'étaient pas forcément très enthousiastes à l'origine. Son parcours personnel, ses origines modestes et sa proximité avec les gens ont aussi séduit.
Une longue expérience
Il faut dire que Biden a de l'expérience. Cela fait près de 50 ans qu'il est élu à Washington. En 1972, il remporte, à la surprise générale, un siège de sénateur dans le Delaware. Mais c'est un drame, quelques semaines plus tard, qui va le façonner : sa femme et sa fille d'un an sont tuées dans un accident de voiture, ses deux fils sont blessés. Deux semaines plus tard, il prend ses fonctions de sénateur. Pour voir ses enfants, il fait alors le trajet tous les jours, en train, entre Washington et le Delaware (une heure et demie). Il se remarie en 1977 avec son épouse actuelle, Jill, qui a joué un rôle actif dans sa campagne.
En tant que sénateur, il se spécialise dans les affaires internationales et judiciaires, siégeant notamment à la commission des Affaires judiciaires. Dans le Delaware, il s'oppose au « busing », ce qui lui sera reproché durant la campagne des primaires par celle qui est aujourd'hui sa colistière, Kamala Harris. La pratique consistait à transporter des élèves noirs de leur quartier à des écoles mixtes, mais Biden pensait alors que cela reproduisait les discriminations.
Favorisé par les tensions
Il se lance ensuite dans la course à la Maison Blanche, pour l'élection de 1988, mais il se retire alors qu'il est décroché dans les sondages. Il retente sa chance en 2008 mais il fait finalement alliance avec Barack Obama, dont il sera le vice-président pendant huit ans. Ils y nouent une solide amitié. Et Joe Biden joue un rôle essentiel dans certains dossiers-clés, comme la politique internationale, le plan de relance de l'économie après la crise, ou la réforme de l'assurance-santé. « Le choisir comme vice-président a été l'une de mes meilleures décisions », saluera plus tard Barack Obama.
La victoire de Donald Trump en 2016 semblait marquer le crépuscule de sa carrière politique mais le désoeuvrement du parti démocrate après la défaite de Hillary Clinton et les tensions internes auront finalement servi son dessein. Après avoir rassemblé le parti démocrate, une tâche autrement plus difficile l'attend : celle de rassembler le pays. En cas d'échec, l'Amérique sera au bord du précipice.