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Culture maraichère à Togbin-Adounko: Produire bio et préserver la biodiversité

Publié le mardi 10 novembre 2020  |  L`événement Précis
Maraichage,un
© Autre presse par DR
Maraichage,un des membres de la coopérative en train de récolter de la tomate
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Au cœur du village Adounko, la conservation de la Biodiversité, la maitrise de l’eau et la diversification des cultures sont restées depuis des lustres, le défi de la coopérative Dantènou Gbèdjromèdé. Une coopérative de maraichers qui tourne dos à la monoculture de la tomate et s’investit désormais dans la production des légumes et des agrumes. Retour sur les traces du projet Waca ResIP Bénin à Adounko avec des maraichers qui sont plus que jamais déterminés à une production bio et diversifiée dans un environnement sain.

10h 25mn cette fin d’octobre, sur le prolongement de la route des pêches en direction d’Avlékété, un arrondissement balnéaire de la commune de Ouidah, se dresse entre l’océan Atlantique et les deux rives de la lagune Djèssin, le village Adounko, à une quinzaine de km de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Au cœur de ce village, se trouve le quartier Dantènou qui partage son nom avec la coopérative des maraichers. Enagnon Benjamin est le président de la coopérative. Il explique : « Nous cultivions uniquement des tomates de plusieurs variétés. Nous faisons la production huit mois environs par an parce que pendant la saison sèche, les points d’eau que nous utilisons pour arroser les plants tarissent et nous obligent à produire peu, le temps que les pluies reprennent ». Ce qui les amènent à subir les pertes de contre saison, a-t-il ajouté.

Cependant, ces pertes de contre saison sont désormais conjuguées au passé avec l’accompagnement du Projet d’Investissements, de la Résilience des Zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA ResIP-BENIN), qui s’est engagé pour le compte de l’année 2019, dans la sélection et le financement de la première génération des AaGR (Activités alternatives Génératrices de Revenus) au profit des populations riveraines aux Aires Communautaires de Conservation de la Biodiversité (ACCB). « Quand le projet est allé vers nous, nous avons d’abord été formés à la gestion d’une unité de production de maraichage et sur la diversité des cultures. Nous avons compris en ce moment qu’au-delà de la tomate, nous pouvons produire des légumes », s’est réjoui le responsable de la coopérative, Benjamin Enagnon. Des formations à la suite desquelles, ils ont reçu les semences et se sont lancés dans l’aventure.

Depuis lors, des Basilics, (Tchiayo) des Grand Morel (Gboman) des Amarantes (Fontètè), des laitues, des pastèques, et des concombres foisonnent les planches de ses producteurs. « Je vous assure que la première expérience a été un succès. Ça a vraiment marché et nous avons rentabilisé », a laissé entendre Jean Etonan, membre de la coopérative, avec satisfaction.

La maîtrise d’eau, une priorité pour les producteurs
Quelques puits et bassins construits dans le cadre du projet Waca ResIP sur le site de la coopérative Dantènou à Adounko

Leur espace de culture est une zone verdoyante encerclée par la mangrove de la lagune Djèssin, des bas-fonds et des palétuviers qui se retrouvent au centre de l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité de la forêt de mangrove de Togbin-Adounko. Malgré cette position géographique qui doit faciliter l’accès à l’eau à ces producteurs, certaines périodes de l’année restent problématiques et les contraignent à une réduction de leur production. « Nous avons ensuite étudié avec notre superviseur ce qui va nous permettre de produire à plein temps. C’est là que l’idée des puits est venue accompagner des bassins. Ceci, pour avoir l’eau en permanence même en saison sèche », a exposé le président de la coopérative. C’est pour cela qu’une dizaine de puits nouvellement forés et une douzaine de bassins construits pour stocker l’eau, se font visibles de part et d’autre sur le périmètre exploité par la coopérative. « Des puits parce que l’eau de puits est moins salée que celle du forage » a notifié Roméo Affousho, technicien en production végétale et formateur affecté à la coopérative Dantènou.

« En temps normal, chaque producteur emblave jusqu’à 6 parcelles. Mais avec l’assèchement des points d’eau, on se retrouve à une parcelle au plus deux. Ce qui impacte sur les revenus des membres de la coopérative que nous sommes », se désole Benjamin Enagnon qui précise que le forage des puits et la construction des bassins n’est pas encore le bout du tunnel. « C’est un pas significatif mais nous espérons toujours les motopompes qui seront avec nous de façon permanente afin de nous permettre d’avoir l’eau en permanence », a-t-il plaidé. Il est important de rappeler qu’en dehors de ces réalisations physiques, la coopérative a reçu des matériaux de travail. Des arrosoirs et tout ce qui leur sont utiles dans la réalisation des planches, les semences ont été mises à leur disposition. « C’est très encourageant et nous avons beaucoup apprécié », s’est exclamé le président de la coopérative Benjamin Enagnon qui reconnait : « les nouvelles techniques qu’on nous a appris et la production des différents légumes a fait accroitre notre chiffre d’affaire ». Cependant, la question de la préservation de l’écosystème se pose et reste une condition pour la poursuite des actions du projet Waca ResIP Bénin.

Entre émancipation et conservation de la Biodiversité

« Nous sommes obligé d’acheter des produits bio car les consommateurs aujourd’hui l’exigent. Si tu as sur ton étalage de la tomate bio par exemple, ça s’écoule vite et même si ça reste, ça ne pourris pas comme les tomates produites avec des engrais chimiques », témoigne dame Justine Fiossi, revendeuse de produits maraîchers, venue s’approvisionner en Grand Morel (Gboman) chez l’un des producteurs de la coopérative Dantènou Gbèdjromèdé. La cinquantaine avec un faible niveau d’instruction, elle confirme que l’une des raisons qui font qu’elle s’approvisionne auprès de la coopérative est le caractère bio de la tomate et des légumes produits sur leur site. Benjamin Enagnon parle d’engagement : « Nous avons pris l’engagement de préserver l’environnement. Ce qui fait que nous n’utilisons pas des produits chimiques qui peuvent se déverser après dans l’eau et détruire l’écosystème des poissons ou détruire l’environnement immédiat de notre aire de culture ». Ce qui les amène, explique-t-il, à utiliser des fientes d’animaux pour enrichir les planches. Toutefois, la problématique d’accès au site de production de la coopérative reste posée, car Dantènou est situé au cœur de la forêt de mangrove de Togbin-Adounko, un écosystème constitué d’une portion du plan d’eau lagunaire et de la mangrove qui la borde. Elle figure parmi les trois (03) Aires Communautaires de Conservation de la Biodiversité (ACCB) créées par le Projet de Gestion Communautaire de la Biodiversité Marine et Côtière (PGCBMC) financé par la Banque mondiale entre 2009 et 2014.

Yannick SOMALON
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