Le 3 Novembre 2017 fut une journée mémorable pour moi. C’était la première fois que j’assistais à un débat dans l’hémicycle de notre pays à Porto Novo. La veille, je n’avais pu fermer l’œil. L’excitation et l’appréhension étaient à leur comble. Et les raisons en étaient toutes simples. Cela faisait plusieurs mois que j’avais très naïvement lancé une pétition demandant l’interdiction du sachet plastique au Bénin.
Ma croisade contre le sachet plastique est partie d’un simple ras-le-bol citoyen car j’avais dû acheter de l’Akassa cuit dans un sachet plastique….l’Akassa que je connaissais en feuille de bananier ou de teck avait petit à petit fait place à celui en sachet plastique. Moi, qui depuis plusieurs années avais banni le sachet plastique de mon quotidien, cette expérience m’a hantée plusieurs semaines après, avec l’idée que j’avais empoisonné ma tante en lui donnant cet Akassa. Cette pétition ayant suscité beaucoup d’intérêt tout de suite, a pu recueillir en quelques semaines des milliers de signatures.
Ce 3 Novembre 2017, j’ai sauté de joie et de fierté envers notre pays quand l’adoption de cette loi salutaire a été prononcée à l’unanimité. Ce fut un vrai ouf de soulagement pour les nombreuses associations qui travaillaient depuis des années en faveur de cette interdiction.
Aujourd’hui, 3 Novembre 2020, 3 ans après ce jour mémorable, les sentiments qui m’animent sont tout autres. Je suis triste et déçue. Cette loi qui aurait représenté une véritable avancée pour notre pays n’a malheureusement pas pu être mise en application malgré sa promulgation par le Chef de l’Etat.
Aujourd’hui, 3 Novembre 2020, 3 ans après le vote de cette loi, nombreux sont nos concitoyens qui continuent par s’intoxiquer au quotidien en mangeant dans ces sachets et en les jetant sans gêne dans la nature.
Aujourd’hui, 3 Novembre 2020, 3 ans après le vote de cette loi, les importateurs, fabricants, commerçants continuent allègrement leur business de sachet plastique sans aucune gêne. Les nombreuses amendes et peines prévues dans les dispositifs de cette loi n’ont vraiment jamais pu être mises en application…les politiques ont leur agenda.
Aujourd’hui, 3 Novembre 2020, 3 ans après le vote de cette loi, beaucoup d’entrepreneurs qui avaient investi dans la promotion de nouveaux emballages biodégradables ont fermé boutique. Les sachets interdits, certains ayant juste changé de couleur faisant croire aux populations qu’ils sont biodégradables, sont toujours disponibles sur les marchés.
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Aujourd’hui, 3 Novembre 2020, 3 ans après le vote de cette loi, en dehors des quelques supermarchés et pharmacies des grandes villes, la plupart des commerces utilisent toujours ces fameux sachets plastiques. Même cette Assemblée nationale communique officiellement sur des cadeaux reçus et emballés dans les sachets plastiques.
Il est important de préciser, pour ceux qui l’ignoreraient, que la durée moyenne de vie d’un sachet est en moyenne de 400 années et que le sachet est fabriqué avec un résidu de pétrole et d’autres éléments toxiques pour la santé, nos animaux, les cours d’eau, l’air que nous respirons bref pour l’environnement de façon plus globale.
Et pourtant, il y a 3 ans, de nombreuses associations travaillant dans la protection de l’environnement ont cru en l’aboutissement de leur combat. L’utilisation du sachet plastique est tellement grave pour la santé et l’environnement que se taire face à ce fléau serait signer un pacte avec le mal.
Malgré les diverses et multiples campagnes de sensibilisation, force est de constater que les autorités n’ont pas la même priorité que nous. Le lobby du sachet plastique au Bénin nous nargue sans vergogne, fort de l’appui silencieux de nos autorités habitués de discours et belles promesses.
Aujourd’hui, 3 Novembre 2020, 3 ans après le vote de cette loi interdisant le sachet plastique en République du Bénin, l’histoire retiendra que nous avions cru en la sincérité de nos autorités. Nous avons cru que la santé de nos populations primerait sur tout intérêt économique…… Coupables d’avoir fait preuve de naïveté. !!!!
Mais nous ne baisserons pas les bras. L’histoire retiendra surtout les responsabilités de chacun.