Les cas de tripatouillage révélés dans le cadre du dernier concours de recrutement à la fonction publique continuent d'alimenter la polémique. Les candidats retenus à l'issue du test attendent toujours d'être mis à la disposition du ministère des finances et le mutisme de la commission mise en place ne semble guère apaiser les esprits. Bref, dans ce dossier, rien n'est définitivement clair, ni en amont, ni en aval du dernier recrutement organisé par Mémounath Kora Zaki. Tout au plus, se confirme l'impression que le pouvoir s'applique à protéger les fautifs.
Conformément aux dispositions légales en vigueur, les candidats retenus à l'issue du dernier concours de recrutement au profit du ministère des finances, organisé par le ministère de la Fonction publique doivent être mis à la disposition dudit ministère deux mois après la proclamation des résultats. Cette mesure n'est pas appliquée à ce jour, les résultats du concours ont pourtant été proclamés depuis la date du 31 décembre 2012. Curieusement, aucune voix officielle ne s'élève pour renseigner sur les contours de ce dossier qui se classe au rang des premiers et des plus scandaleux de l'année. Des candidats retenus à l'issue du concours de recrutement des agents du ministère des Finances vivent désormais dans la peur et l'incertitude pendant que ceux dit disqualifiés peuvent se nourrir à nouveau d'espoir.
Commission inconnue
A y voir de près, le refus du ministère des Finances d'engager les candidats retenus était bien envisageable. Les grognes et la crise profonde qui caractérisent le concours en étaient des indices. Seulement, il y a comme un nouveau développement qui enfle la grogne. Une commission d'enquête dont seule dame rumeur connait la composition et le mode de fonctionnement a été mise en place pour connaitre davantage du dossier, de sorte à permettre au gouvernement et à son chef de statuer. Mais tel que les hommes politiques ont pris l'habitude de chanter, des syndicalistes pensent qu'il s'agit là d'une manœuvre ayant pour seul objectif d'étouffer un dossier qui risque de compléter la longue liste des scandales sous le régime Yayi. Pour s'en convaincre, ces derniers énoncent le défaut d'un décret portant création de la commission présidée par le conseiller politique du chef de l'Etat, Amos Elègbè. Les observateurs pensent donc que l'idéal serait que le président Boni Yayi prenne officiellement un décret qui crée la commission d'enquête, nomme ses membres et fixe ponctuellement sa mission. D'ailleurs, selon un journal de la place, les responsables de la Fésyntra-Finances disent ne connaitre grand chose de cette commission qui ne les aurait même pas encore écouté. Toutefois, le gouvernement attendra aussi longtemps qu'il le faudra la conclusion de cette commission avant de prendre les décisions idoines.
Vers la reprise du concours
Sans risque de se tromper, on peut bien affirmer qu'aussi bien les syndicalistes que les organisations de lutte contre la corruption dans notre pays sont unanimes sur le fait qu'il y a bien eu magouille dans le concours mis en cause. Le ministre en charge de la Fonction publique l'a d'ailleurs reconnu elle aussi dans l'une de ses correspondances adressée au Médiateur de la République, même si elle a semblé ravaler ses propos vu l'embarrassante évolution du dossier. C'est pourquoi des observateurs estiment que si une enquête est effectivement menée, ce serait juste pour situer les responsabilités et prendre les sanctions administratives et judicaires utiles. Rien qu'à se fier aux révélations de Jean-Baptiste Elias, président de l'Observatoire de Lutte contre la Corruption et à la correspondance du ministre de la Fonction publique adressée au professeur Albert Tévoédjrè, il n'est pas exagéré de prédire que le gouvernement n'aura d'autre choix que d'annuler purement et simplement ce concours qui dit-on constitue une preuve palpable de la corruption endémique et flagrante dans notre pays. En attendant, la commission Elègbè devra sortir de l'informel et accomplir rationnellement sa mission républicaine.