Un récent rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue) alerte les pays importateurs et exportateurs de véhicules d’occasion sur la dangerosité de ces engins. Au regard de leurs impacts sur la santé humaine et environnementale, le Pnue encourage les pays à réglementer ce commerce afin de sauver des vies et la planète.
Intitulé « Used vehicles and the environment : A global overview of used light-duty vehicles – flow, scale and regulation », le rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue) sur les véhicules légers d’occasion, publié fin octobre dernier,
« met en garde contre le fait que des millions de ces voitures usagées, expédiées de l’Europe, des États-Unis d’Amérique et du Japon vers l’Afrique et l’Asie, sont polluants et dangereux ».
Ce rapport découle d’une étude menée par le Pnue dans 146 pays dans le monde. Deux tiers de ces pays, selon le résumé du rapport fait sur le site internet de l’institution onusienne, ont des politiques « faibles » ou « très faibles » en matière de réglementation des importations de véhicules d’occasion. Le texte publié renseigne que les voitures en question comportent souvent des composants défectueux ou manquants et dégagent des fumées toxiques, ce qui augmente la pollution de l’air et entrave les efforts de lutte contre le changement climatique.
Selon les chiffres avancés pour illustrer l’ampleur du phénomène, l’Afrique est la destination finale de quelque 40 % de ces voitures de mauvaise qualité. « Les Pays-Bas, l’un des plus grands exportateurs de véhicules d’occasion vers l’Afrique, ont étudié les véhicules européens d’occasion exportés par leurs ports et ont constaté que de nombreux véhicules, principalement destinés à l’Afrique de l’Ouest, ont entre 16 et 20 ans, et inférieurs aux normes d’émission de l’Union européenne puis ne possédaient pas de certificat de contrôle technique valide au moment de l’exportation », lit-on sur le site du Pnue. Il a été également constaté qu’en Afrique, la Gambie, par exemple, importe des véhicules qui ont en moyenne 18,8 ans, tandis qu’un quart de ces voitures importées par le Nigeria ont près de 20 ans. D’après les enquêteurs, une grande partie de ces véhicules ne serait pas autorisée à circuler sur les routes des pays exportateurs. Au vu de tout ceci, les enquêteurs affirment que ces voitures peuvent entraîner une augmentation des accidents de la route, lesquels accidents tuent environ 1,25 million de personnes chaque année.
Nouvelles normes ?
« Les pays exportateurs doivent cesser d’envoyer des véhicules qui ne sont plus en état de marche, et ayant échoué aux inspections environnementales et de sécurité, tandis que les pays importateurs doivent adopter des réglementations actualisées », a affirmé Rob de Jong, auteur du rapport et responsable des transports au niveau du Pnue. Ce document, indique-t-on, intervient après que 15 pays africains ont annoncé, en février 2020, leur intention d’instaurer de nouvelles règles strictes pour les émissions de gaz par les véhicules et le rendement énergétique. Ces nouvelles normes annoncées par les ministres des Transports de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), interdisent l’importation des véhicules légers de plus de cinq ans.
Aussi, la Cedeao instaure la norme de 50 parties par million (ppm) de soufre pour l’essence et le diesel pour tous les carburants importés, et tous les véhicules importés, qu’ils soient neufs ou d’occasion, ainsi que l’essence et le diesel devront se conformer à une norme minimale d’émissions de véhicules Euro 4/IV. Un plan visant à améliorer l’efficacité énergétique des véhicules importés a également été adopté. Son objectif est de doubler l’efficacité du parc automobile, en passant d’une moyenne de huit litres pour cent kilomètres aujourd’hui à 4,2 litres pour cent kilomètres d’ici 2030. Un objectif intermédiaire de cinq litres pour cent kilomètres d’ici 2025 a également été retenu.
Dans les rangs des exportateurs, apprend-on, les Pays-Bas élaborent actuellement des politiques visant à améliorer la qualité des véhicules d’occasion tout en abordant la question avec d’autres États européens. D’un autre côté, l’auteur de la synthèse du rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement sur les véhicules d’occasion, informe que le document donne l’exemple des pays comme le Maroc et l’Ile Maurice qui ont mis en œuvre des politiques restrictives et ont pu accéder à des véhicules modernes, à l’instar des voitures hybrides et des électriques. Tout ceci, à des prix abordables.
Au sein de l’espace Cedeao, les nouvelles mesures prises devraient entrer en vigueur au plus tard le 1er janvier 2021.