Il y a quelques semaines, je suis tombée sur un panneau publicitaire portant le titre cité ci-dessus. Sur le coup, j’ai souri mais après réflexion, je me suis dite qu’à un moment donné, certaines vérités, aussi dérangeantes soient-elles, devaient être clamées.
Tout le mois d’octobre dernier, c’est avec beaucoup d’effervescence que le ministère du Commerce et de l’Industrie du Bénin, en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie, a animé plusieurs évènements pour la promotion du Consommer local. Notons ici que cet évènement avait été retenu dans les huit pays de la zone de l’Umoa pour inciter les populations à la promotion des produits locaux. C’était aussi une occasion d’écouter les entrepreneurs qui sont confrontés souvent à une problématique liée à la qualité et l’écoulement de leurs produits.
A se demander si le « Consommer Local » ou « Consommer Bénin » se limiterait à un seul mois de promotion ! Un excellent début certes mais, pour notre vision du « fabriqué chez nous, consommer local», il est primordial d’aller au-delà des beaux discours.
Consommer local a plusieurs avantages …au niveau de l’origine de ce que nous mangeons, de la préférence nationale, du développement de l’économie nationale, de la protection de l’environnement et bien d’autres encore…
Le rôle du leadership a toujours été prépondérant quant au changement de comportements des populations, de modèle à suivre, d’état d’esprit. On se dit que « Tout est possible quand on a des leaders qui vont au-delà de leurs discours, de ce qu’ils prônent ». En d’autres termes, inciter les populations à consommer local implique que nos leaders, à divers niveaux soient les premiers à le faire et donner ainsi l’exemple.
Le « Consommer Bénin » prendrait tout son sens et deviendrait alors : s’habiller local, découvrir et s’approprier le mobilier local, une décoration locale grâce à l’ingéniosité de nos artisans, nos produits d’alimentation, notre tourisme, etc.
En octobre dernier, lors du panel «La problématique de la valorisation du coton béninois: atouts, enjeux et perspectives» qui regroupait divers acteurs de la transformation du coton, nous n’avons pas été surpris de voir certaines de nos autorités et invités à cette réunion arborer des tenues occidentales. Il est vrai qu’aucun Dress code n’était imposé mais pour nous ce fut une occasion ratée pour eux de parader dans nos cotons et tissus chatoyants et surtout d’être en cohérence avec le thème du panel.
Et c’est en cela que je suis d’accord avec ce slogan cité en haut. Il y a pagaille, j’irai même plus loin en parlant d’aberration au niveau du « Consommer Bénin » quand tous les textes liés aux marchés publics du Bénin par exemple ne favorisent pas les marchés de l’artisanat, du «Made in Benin ». Pour être plus clair, pour meubler un bureau de l’administration publique par exemple, les barèmes des prix sont faits de telle sorte que ce ne sont que les grandes industries du meuble au Bénin ou carrément des produits de basse qualité, qui sont compétitifs.
Il y a ‘’ pagaille’’ quand il est moins cher d’acheter par exemple du riz, de la tomate en boîte, du poulet congelé, des jus de fruits, de l’huile, tous importés et déversés sur nos marchés, souvent sans aucun respect des règles d’hygiène sanitaires, que ceux produits localement par les nôtres.
Il y a ‘’pagaille’’ quand pour les prochaines fêtes de fin d’année, les entreprises vont mettre des millions dans l’achat des produits importés, pour des coffrets cadeaux au lieu d’offrir des cadeaux « Made in Benin » originaux et de qualité.
S’il y a un geste responsable à faire en cette fin d’année, ce serait celui de supporter le commerce local en achetant des cadeaux faits avec amour, passion et abnégation par nos artisans. C’est à chacun de nous de promouvoir le «Consommer Bénin ».
Le leader, c’est vous et moi qui sommes en mesure d’influencer, de motiver et de pousser à l’évolution des habitudes et comportements de notre communauté.