Objet : urgence de réformer le foncier pour préserver l’espace agricole
Excellence monsieur Patrice Talon, Président de la République du Bénin.
Monsieur le Président,
Le Bénin, notre pays, depuis votre accession au pouvoir le 06 avril 2016, connaît de profondes transformations structurelles. Un vent de réformes qui souffle sur tous les secteurs vitaux pour l’économie béninoise, dans le seul but d’en tirer le meilleur et la rendre compétitive, dans un contexte de rareté, je dirai même l’inexistence de ressources naturelles, comme bien d’autres pays sur le continent en sont dotés par la nature. C’est le lieu de saluer votre courage et apprécier à sa juste valeur, la détermination dont il a fallu faire preuve, pour ranger dans l’histoire certaines pratiques devenues obsolètes car ne répondant pas aux exigences de l’actualité. Le monde évolue et vous savez si bien vous y adaptez, pour le bonheur de vos compatriotes qui vous ont fait confiance et qui n’attendent pas arrêter si tôt cette dynamique qui a rendu à notre pays sa fierté, dans de nombreux domaines.
Monsieur le Président,
L’agriculture est la première source de richesse du Bénin et contribue à près de 32,7% de notre Produit Intérieur Brut PIB. Elle est donc sensible, vous l’avez flairé bien avant d’accéder à la magistrature suprême. Une prédisposition qui a fait que très tôt, vous vous êtes attelé à la refonte de ce secteur à travers une série de réformes piliers incontournables de votre Programme d’Actions du Gouvernement (PAG). Dès lors, il s’est s’agi pour vous, non seulement de diversifier l’agriculture, mais aussi de la moderniser, de l’intensifier, de diversifier nos produits à l’exportation ; de produire en quantité ce dont nous avons besoin pour nous nourrir, afin de réduire notre dépendance vis-à-vis des importations alimentaires. Pour vous, Monsieur le Président, il est d’une urgence que nos paysans gagnent en sécurité alimentaire, en ressources matérielles et financières qui leur permettent de satisfaire convenablement leurs devoirs envers la nation que, contre vents et marées, face à l’adversité doublée de la mauvaise foi patente de certains acteurs de la scène politique, vous efforcez à révéler.
Monsieur le Président,
De par votre engagement, notre agriculture se positionne aujourd’hui comme le principal levier de développement économique, grâce à la de création de richesse, et d’emplois. Et les indicateurs de l’institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique (INSAE) sur le nombre d’emplois créés depuis 2016, viennent me conforter que nous avons enfin trouvé avec vous le bon filon. Notre pays s’est engagée dans une dynamique nouvelle de développement des filières agricoles instaurées aux fins d’une meilleure valorisation des espaces agricoles. Pour y arriver, il vous a fallu mettre en place un nouveau cadre institutionnel. Une démarche qui a consisté à séparer les fonctions régaliennes de l’Etat à travers les directions départementales de l’agriculture, des fonctions d’appui conseils aux producteurs gérées par les directions départementales de l’agriculture. Les directions départementales de l’agriculture, les agences territoriales de développement agricole au nombre de 07 qui sont l’émanation même de l’administration de territoires homogènes appelées pôles de développement agricoles. Le contrôle est devenu plus systématique. Les normes techniques ont été élaborées et suivies par les directions départementales de l’agriculture.
Monsieur le Président,
Grâce à votre management, le cadre de travail est balisé et les gens disposent de tous les outils pour pouvoir aller vers un accompagnement des producteurs, de façon plus saine. Et aujourd’hui, les Directions Départementales de l’Agriculture constituent l’ossature de la réforme institutionnelle. Il apparaît au regard de toute la transformation opérée que l’une des réformes importantes opérées dans le secteur de l’agriculture est liée au Fonds National de Développement Agricole (FNDA) qui dispose de guichets importants. L’un pour accompagner les petits producteurs, les autres pour les aider à former ou à formater les projets et programmes pour les soumettre aux financements des banques. En d’autres termes, le FNDA se propose comme un facilitateur d’accès au crédit pour que les crédits obtenus au niveau des banques puissent être bonifiés.
Monsieur le Président,
Les résultats de ces réformes transparaissent aujourd’hui dans les chiffres que nous enregistrons au niveau des différentes campagnes agricoles. Cependant, et il est important d’y travailler également, un danger nous guette. Le péril du morcellement tous azimuts des terres agricoles dont s’accaparent certains, qui n’en n’ont qu’après le titre de propriété, ne produisent rien sur les dites terres cultivables, parfois très fertiles et reviennent s’asseoir en ville, pendant que les prix des produits vivriers basiques flambent sur le marché. Nous sommes devant une urgence. Celle de la nécessité de créer dans chacun de nos départements, excepté celui du Littoral, de véritables zones ou régions agricoles. Dans une volonté politique qui va consister à identifier dans chaque département des zones où il sera interdit de morceler et de vendre les parcelles. Il faut contrôler l’urbanisation à outrance. Par exemple, dans un passé pas si loin que ça, Monsieur le Président, Abomey-Calavi était le grenier de Cotonou. Mais vous conviendrez avec moi qu’ aujourd’hui, l’urbanisation poussée et incontrôlée de ces terres jadis agricoles, a fait que les champs se sont davantage éloignés de Cotonou. La conséquence directe, c’est la flambée du prix au kilo de certains produits basiques comme notre gari dont plus rien ne semble pouvoir inverser la courbe de la cherté.
Monsieur le Président,
Je sais que vous saurez apporter des solutions, avec le concours des cadres rompus à la réflexion, afin que tous ensemble, nous puissions maîtriser ce phénomène de morcellement et de vente à l’emporte pièce des terres agricoles qui si rien n’est fait à temps, risque de plomber à terme tous les sacrifices consentis aujourd’hui à réformer un secteur vital pour notre économie.
Avec mon profond respect, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.