Promoteur culturel, Salomon Koundé est le fondateur du groupe ‘’Africa Tché’’ consacré à la promotion des atouts culturels et touristiques des pays africains. Dans cet entretien, il insiste sur la réorganisation du secteur culturel béninois, déplore l’extraversion de ses acteurs contrairement au modèle nigérian.
Propos recueillis par Arnauld KASSOUIN (Coll.)
Bénin Int. : Que comprendre par ‘’Africa Tché’’ ?
Salomon Koundé : Le concept « Africa Tché » est né dans la perspective de promouvoir les atouts culturels et touristiques des pays africains. Et pour y arriver, nous avons eu l’idée de créer une entreprise qui représentera en même temps un portail et aussi une vitrine pour valoriser la beauté des cultures africaines. En français, le concept ‘’Africa Tché’’ (en langue Fon) signifie « Mon Afrique ». Nous avons opté pour la langue fongbé surtout pour mettre en évidence l’identité de naissance de l’entreprise.
Comment comptez-vous, pouvoir aider les artistes béninois ?
J’ai plusieurs projets pour les artistes de mon pays. Mais le point commun de ces projets est surtout de les révéler au monde entier tout en les aidant à se perfectionner davantage dans leurs œuvres et la meilleure gestion de leur carrière professionnelle.
Quelle analyse faites-vous de l’évolution du secteur culturel béninois comparativement à celui du Nigéria ?
Je tiens à préciser que, quand on parle de secteur culturel, que l’on met en évidence un vaste et une complexe structure de chaînes. Et à mon humble avis, je ne saurais me vanter pour l’expérience que j’ai eue et que je continue de faire dans le secteur. En revanche je peux quand-même me prononcer sur l’analyse comparative du secteur culturel béninois et celui du Nigéria. Il faudra retenir que le Nigéria et le Bénin n’ont pas eu les mêmes expériences en matière de valorisation de ce qui est de chez soi. Étant colonisé par les Anglais contrairement au Bénin, ils ont su très tôt introduire une certaine dimension culturelle dans leur processus de développement. Et aujourd’hui c’est ce qui explique leur maturité dans la chose. Et aussi à mieux gérer, s’imposer aussi tant sur le plan national et international. Pour remarque, vous constaterez que les artistes nigérians mettent toujours en valeur leur culture dans leur production, que cela soit à travers la mode, le cinéma et surtout la musique d’ailleurs. Il y a une authenticité et une originalité qui est cultivée et observée chez les nigérians. Et c’est pourquoi ils sont avancés et également incomparables dans le secteur. Au Bénin, le secteur culturel dépend de l’occident, surtout du mimétisme. Retenons que le marché culturel béninois est fragile, parce que les artistes ne valorisent pas en tant que tel ce qui est de chez nous. Nous avons quand même du potentiel et d’importants atouts dans le milieu. Mais nous n’en faisons pas une bonne gestion.
N’allez-vous pas faire long feu comme vos prédécesseurs ?
La promotion culturelle surtout dans un pays comme le nôtre, est une activité assez délicate qui nécessite non seulement des sacrifices, de créativité, d’organisation, mais encore plus d’importants moyens financiers et matériels. Cela pour vous montrer à quel point il est très difficile d’embrasser ce métier et d’y prospérer dans le même temps sans avoir à ses côtés les compétences requises. Mais pour ce qui est de mes convictions à mieux faire et à apporter un plus pour le secteur culturel béninois, poursuivre les actions de mes prédécesseurs que je respecte beaucoup, je compte plus sur la pertinence de mes projets et le dynamisme de l’équipe que je dirige.
Comment sortir du mimétisme dans le secteur culturel béninois ?
Le secteur de la culture et encore plus de la musique par exemple, sont certes un secteur de créativité et d’originalité mais « qui n’imite rien, ne créé rien » dit-on. Alors même si certains artistes béninois, s’inspirent de la musique occidentale pour la chanter en y apportant leur propre touche, je ne trouve aucun mal à cela. Par contre, j’encourage plus nos artistes qui valorisent dans leurs œuvres, les sonorités et les valeurs culturelles de notre pays.
Par quels moyens peut-on amorcer le développement du secteur culturel Béninois ?
Je pense que tout ira bien avec la réorganisation du secteur et l’incitation à la consommation de la culture béninoise au plan national comme international. Cette solution implique la responsabilité des acteurs du secteur à la base et aussi les pouvoirs publics. Il faut que nous insistions désormais à faire du secteur culturel un pilier national de développement. Pour y arriver, il faudra encourager les idées de création d’entreprises ou industries culturelles, redynamiser et perfectionner la formation en métiers d’arts, accompagner les jeunes talents artistiques sur le plan financier et institutionnel, s’inspirer des politiques culturelles des pays comme le Nigéria, le Cameroun et l’Egypte. Aussi, initier de nombreux projets qui visent la promotion de la créativité artistique béninoise.
Un mot sur l’équipe et les services de Africa Tché
Africa Tché est une entreprise composée de jeunes talents béninois. Elle offre ses services dans la publicité, le design graphique, la réalisation audiovisuelle (anniversaire, vidéo-clips, mariage, etc.) puis dans le management et la production artistique. Aussi, dispose-t-elle d’une page Facebook dénommée « Africa Tché TV » qui fait la promotion des musiciens, de la mode, du tourisme, de la cuisine et du béninois et africains.