( La libre circulation des personnes âgées mise à mal) Du carrefour ”Le Bélier” jusqu’à celui de la Sobebra à Akpakpa sur la voie inter-Etats Cotonou-Porto-Novo, les feux tricolores ne fonctionnent plus depuis près de dix ans. Les investigations ont permis de noter que la lourdeur administrative liée à la passation des marchés publics et l’incivisme de certains individus sont à la base de cet état de choses qui crée des accidents et rend difficile la traversée de la voie à tous.
Ce lundi 07 décembre 2020, il est 11 heures au carrefour “Dégakon” à Cotonou. Pour traverser la voie, dame Alima fait beaucoup attention aux motocyclistes et conducteurs de véhicules qui roulent à vive allure à cet endroit parce que, visiblement, personne ne veut laisser le passage à l’autre. Elle attend d’autres piétons pour former le grand nombre pouvant leur permettre de forcer le passage, après une longue attente au bord de la voie. Ensemble, le forcing marche et ils traversent la voie en courant sans faire attention aux injures des conducteurs de taxi-motos. Approchée, elle exprime sa désolation.
« Il y a plus de dix ans que ces feux ne fonctionnent plus. On ne dit plus rien, parce que personne ne va vous écouter… », a-t-elle juste déclaré en se pressant d’aller prendre le bus de transport commun qui l’attend pour aller au marché Dantokpa. Comme elle, beaucoup d’usagers de la route, conducteurs de véhicules, motocyclistes et surtout les piétons ont du mal à traverser la voie au niveau du carrefour ”Dégakon”. C’est le cas de Ferdinand Sègla qui n’a pas caché sa colère contre les autorités polico-administratives de la ville de Cotonou qui voient les populations mourir presque tous les jours à ces grands carrefours à cause des accidents dus à l’inexistence des feux tricolores.
« Il y a longtemps que ces feux tricolores ne fonctionnent plus. Premièrement, aux ronds points, les usagers de la route ne respectent jamais les feux. Deuxièmement, ces feux ne fonctionnent plus. Troisièmement, il n’y a plus la présence des policiers à ces ronds points à des moments donnés et quatrièmement, c’est à ces niveaux où les usagers font excès de vitesse, les conducteurs de taxi-motos particulièrement…. », a fait savoir Ferdinand Sègla, avant d’ajouter ceci: « Or, s’il y avait les feux tricolores, il n’aurait pas excès de vitesse à ces endroits. Nous observons évidemment le non-respect du code de la route, alors que nous sommes en période de fêtes. C’est dommage pour la ville de Cotonou, car il y a plus de dix ans que ces feux sont bloqués. La désolation est totale au carrefour “Dégakon”…. ».
On assiste aux mêmes scènes au carrefour ”Le Bélier” en venant de Porto-Novo jusqu’à celui de la Sobebra en passant par ceux de Dégakon et de Pk 3 non loin de l’agence de la poste du Bénin à Akpakpa. Aux heures de pointe entre 8 heures et 9 heures dans la matinée et 18 heures et 20 heures dans la soirée, traverser la voie est un véritable chemin de combattant à ces carrefours pour les populations qui appellent le chef de l’État au secours suite aux échecs de leurs cris de détresse.
Base du problème
Selon les investigations menées auprès des autorités en charge de la gestion des feux tricolores dans la ville de Cotonou, la lourdeur administrative liée aux procédures de passation des marchés publics et l’incivisme de certains divorcés sociaux sont à la base du non-fonctionnement des feux tricolores à Cotonou, plus particulièrement à Akpakpa. Thomas Gbaguidi, chef-service éclairage public, électricité et signalisation de ladite ville, a expliqué que des procédures interminables des passations des marchés publics constituent un frein à la mise en service de plusieurs feux tricolores à Cotonou. « Quand on lance la procédure de passation des marchés, on est sûr de rien. Au bout du rouleau, elle peut ne pas aboutir…. », a indiqué Thomas Gbaguidi pour montrer que c’est ce à quoi son service assiste pendant des années.
Ensuite, il a évoqué les actes de vandalisme de certains hors-la-loi qui se plaisent à voler lesdits feux ou à les détruire. « Il y a des gens qui les cassent. Ils volent aussi leurs batteries. En principe, les populations devraient veiller au grain pour les protéger…. », a-t-il précisé. Toutefois, Thomas Gbaguidi a souligné que des mesures sont prises pour corriger progressivement le mal en annonçant que des feux tricolores des carrefours sont en train d’être réhabilités. Selon ses propos, les feux du carrefour du camp Guézo, de Bénin Marina, de Kindonou, de Maro Militaire, d’Okpé-Oluwa et autres sont déjà réhabilités, la semaine écoulée. « On verra si l’on pourra réhabiliter tous ces feux, avant la fin de l’année. Il y aura aussi de nouveaux carrefours à équiper en feux tricolores. Mon souhait est qu’on arrive à implanter les nouveaux feux et réhabiliter ceux qui sont en panne...>>, a-t-il rassuré. Son supérieur hiérarchique, c’est-à-dire le nouveau directeur des services techniques de la mairie de Cotonou, Jean-Jacques Tolidji, a indiqué qu’il y a un plan de réhabilitation des feux tricolores en cours d’exécution. Il a fait savoir que des mesures sont prises pour atteindre cet objectif dans les plus brefs délais.
La libre circulation des personnes âgées beaucoup plus entravée
A ces carrefours de la ville de Cotonou où les feux tricolores sont défectueux, un phénomène s’observe. S’ils sont faits pour réguler la circulation pour les uns et les autres, ils permettent surtout aux piétons et les personnes âgées de traverser la voie, le plus facilement possible. Ainsi, il est fréquent de voir des personnes âgées, c’est celles du troisième âge, de rester longtemps au bord de la voie sans pouvoir traverser. Chose curieuse, elles ont du mal à trouver des jeunes pour les aider. Jointe au téléphone, la vice-présidente de l’association des personnes du troisième âge, Bouriana Daguia, a indiqué que cela se comprend dans un pays où les personnes âgées sont mal vues et appelées à tort ou raison sorciers. Ce qui fait qu’il arrive de voir des policiers les tenir par la main, afin qu’elles joignent l’autre bord de la voie, selon ses récriminations. Déplorant ce phénomène. Madame Daguia a indiqué que c’est la vieillesse est une grâce. « Nous sommes des personnes ressources et non des charges…. », a-t-elle souligné avant d’affirmer qu’il faut une loi pour protéger les personnes du troisième âge au Bénin. Elle soutient que les négociations sont en cours dans ce sens avec l’actuel président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou.