Approché en marge de la cérémonie de proclamation du vainqueur du « Prix Afrilivres » 2020, Abdoulaye Fodé Ndione évoque ici, les dommages causés par la pandémie du Covid-19 dans son secteur d’activité : l’édition des livres. Un secteur qui, comme de nombreux autres, survit vaille que vaille grâce aux outils du numérique et à l’internet. Directeur général de Abis Editions, basée au Sénégal, ce professionnel du livre est également le président d’Afrilivres, un collectif d’éditeurs d’Afrique francophone.
La Nation : Quel est l’impact de la pandémie du Covid-19 sur les maisons d’édition, notamment en Afrique francophone ?
Abdoulaye Fodé Ndione : Cette pandémie est arrivée à un moment vraiment critique. Nous constatons ses incidences à tous les niveaux de la production, dans les pays. L’édition, c’est le mouvement, c’est le livre qui circule, ce sont les éditeurs et les auteurs qui voyagent. C’est pour vous dire que cette pandémie a causé beaucoup de dégâts. Plusieurs manifestations concernant la promotion du livre, la visibilité des maisons d’édition, etc. n’ont pas pu se dérouler parce qu’il y a des mesures barrières à respecter pour lutter contre la propagation de cette pandémie. Tout cela a freiné la production du livre. Cela a également freiné l’acquisition parce que l’édition, c’est aussi des acquisitions. Donc, la chaîne du livre a vraiment subi ce choc, et elle est restée au ralenti comme dans beaucoup de secteurs d’activités. Donc, nous subissons les mêmes aléas, les mêmes choses, et nous pensons simplement que cette phase difficile sera un rappel bientôt.
Oui ! Absolument ! On est obligé de le faire. On ne peut pas être en léthargie face à la pandémie. Sinon, c’est la mort certaine de nos entreprises.
Comment cela se passe concrètement ?
Comme dans beaucoup de secteurs, nous avons développé la vidéoconférence, l’édition numérique, les échanges et les rencontres numériques, etc. Nous avons effectué pas mal de réunions et d’échanges à travers internet, un outil extraordinaire qui est devenu super extraordinaire avec la pandémie. Sans internet, la période de la pandémie allait être très difficile et extrêmement catastrophique en termes de production d’ouvrages, de mise en œuvre de nos actions éditoriales, de promotion de nos maisons d’édition, de maintien de nos relations, etc. Ce qu’il faut reconnaître avec cette pandémie, c’est que ça a permis, malgré son aspect totalement néfaste, de renforcer nos capacités et de prendre d’autres initiatives par rapport au développement de nos activités.
Quel est votre objectif avec Afrilivres ?
Notre plus grand souci, c’est le développement du livre africain. Que nos livres soient là, qu’ils circulent entre nos pays et qu’ils aillent de l’autre côté, c’est-à-dire dans les pays du nord, pour être représentatifs et être de la même qualité que les livres qui sont produits là-bas. C’est pour cela que le « Prix Afrilivres », organisé chaque année avec le soutien de l’Oif, incite les éditeurs francophones africains à aller plus loin, à exceller dans leur travail.
Heureusement, ils sont conscients de cela, ce qui fait qu’à chaque fois que nous primons une maison d’édition à travers son travail, le livre qui est choisi est toujours d’une excellente qualité. Et cela nous réjouit d’ailleurs parce que c’est ce qui fait l’existence, la substance même de ce Prix. Je crois que maintenant, nous sommes arrivés à un point où nous ne pouvons plus retourner dans d’autres façons de fabriquer nos ouvrages parce que nous avons une ligne de mire qui est la qualité, et nous nous imposons rigoureusement cette qualité-là pour aller de l’avant.