Le Port autonome de Cotonou poursuit sa mutation pour être en phase avec les enjeux de l’heure et ceux du futur. Avec pour but de renforcer sa position face à la concurrence dans la région, l’initiation d’un Plan directeur effectif en septembre 2018, à la suite de l’approbation du contrat de gestion avec le Port of Antwerp International, marque le début d’un grand projet de modernisation et de développement du Port de Cotonou. Ce qui fait dire à Joris Thys, son directeur général, que « Nous verrons un nouveau Port dans les années à venir ».
En pleine modernisation depuis deux ans, le Port autonome de Cotonou, en conséquence, s’équipe, se dote des outils adéquats de travail et crée les conditions idoines aux armateurs et autres usagers. A cette fin s’inscrit l’acquisition de nouvelles bouées océanographiques et latérales, de remorqueurs de grande puissance afin de pouvoir accueillir les plus grands navires. Mais aussi des travaux de dragage d’entretien dans le bassin portuaire, la digitalisation de la planification des navires, ainsi que de la facturation et des paiements, la mise en place d’un système de gestion électronique des documents, la mise aux normes internationales du code de sécurité portuaire, l’installation de contrôles d’entrée, le renouvellement du réseau électrique dans l’enceinte portuaire avec désormais une capacité de 2×10 MW, et même 20 000 heures de formation pour renforcer les capacités des agents du Port…
Aux avancées déjà notées, il faut ajouter les travaux en perspective dont les études sont finies, et dont la mise en exécution proprement dite est de nature à davantage conforter la position du Port de Cotonou dans la région. Le Plan directeur, conçu en septembre 2018 y est dédié et y contribue efficacement depuis deux ans. Il tient en quatre grands projets principaux : la construction du Terminal 5, l’extension du bassin et la rénovation du Quai nord, la création du Parking tampon à Zongo et d’un accès centralisé dans le Port, enfin le développement d’une zone logistique dans l’enceinte portuaire. Son exécution à mi-parcours préfigure d’avancées pour de meilleures perspectives à terme.
Vital Terminal 5
Le projet Terminal 5 consiste en la création de 22 ha d’accès nouveau en mer, à l’Est de la traverse actuelle. Puis en la création de deux postes à quai de 550 m. A en croire Kristof Van den Branden, directeur commercial et du marketing du Pac, le projet Terminal 5 vise, outre la mise à la norme internationale, à «protéger le Port contre l’avancée de la mer, grâce à l’élargissement de la digue sud de 350 mètres, avec une profondeur de 15m, la traverse existante devant être démolie ». Précision d’importance, « Afin de réaliser un projet d’une telle magnitude, il y a un processus à suivre. La phase de la construction même est toujours la dernière phase », renseigne Joris Thys, directeur général du Pac selon qui les différents constructeurs internationaux ont déjà soumis leurs propositions commerciales et techniques au cours du mois de novembre, et tout est ficelé en attendant la décision finale qui sera prise en Conseil des ministres.
Mais bien avant d’atteindre cet énième et ultime niveau, que de chemin parcouru ! Une multitude d’études ont été finalisées en deux ans : l’étude de faisabilité d’un coût de 138 millions F Cfa financée par l’agence de développement Belge au Bénin et faite par Artelia, société d’expertise en ingénierie de grands travaux d’infrastructures; l’étude géotechnique faite en vue de déterminer la condition du sol sur terre et sur mer, exécutée en début 2020 par la société Chec et financée par le Port autonome de Cotonou pour un montant de 670 millions F Cfa, des études liées aux effets sismiques, faites par la société Fugro, leader mondial spécialisé en géo-data ; une analyse du fond marin dans la zone où le nouveau terminal et la digue seront situés, exécutée par Bénin Scaphandrier, société d’expertise en travaux sous-marins basée à Cotonou et ayant révélé la présence d’une épave de navire dans la zone de construction ; une étude d’impact environnemental et social faite par Safa Group du Bénin…Ceci étant, ne reste plus que la construction proprement dite.
A propos de l’extension du bassin et du renouvellement du Quai nord, avec un élargissement de 154 mètres vers l’Ouest, Jan De Voght, directeur technique du Pac renseigne : « Cela permettra au concessionnaire du Quai sud Bénin Terminal d’accueillir deux navires de grandes dimensions au même moment ». Ledit quai sera alors de 546 mètres à 700 mètres. Quant au quai nord, il sera aussi rénové, soutient-il.
« Dès que 340 mètres d’un total de 700 m sont installés, le nouveau concessionnaire de la manutention de porte-conteneurs pourra s’installer », projette Jan De Voght. De même, « La balance du Quai nord, de plus de 800 m de longueur, sera rénovée pour la manutention des navires Roro, vrac et conventionnels », ajoute-t-il. A la suite des processus de faisabilité et des appels d’offres déjà exécutés, avec l’apport financier notable de l’agence de développement Belge, ces travaux devraient commencer dès 2021.
En vue d’une gestion efficiente du trafic des camions au port, à l’origine de congestion à l’entrée du Port sur le Boulevard de la Marina, le Port de Cotonou projette de mettre en place un parking d’une capacité de 600 camions. Selon Joris Thys, ‘’Tous les camions qui veulent entrer au port, devront passer par ce parking. Les chauffeurs auront des commodités sur place pour manger, se laver, prier, etc. Mais le plus important, c’est que notre système informatique va signaler à quel moment un camion peut se rendre dans le Port pour son activité », explique-t-il. La finalité étant de réduire le trafic à l’entrée du Port, ainsi que le temps qu’un camion passe dans l’enceinte portuaire. Tout est fin prêt pour le démarrage des travaux à cette fin.
Efficience
A en croire Kristof Van den Branden, « De grands projets d’infrastructures de telle envergure, font entrer en ligne des contrats très complexes sous lois internationales ». Aussi, précise-t-il, afin de protéger les intérêts du Port autonome de Cotonou et de l’Etat, un cabinet d’avocats spécialisé a été recruté, à savoir Allen & Overy dont l’expertise internationale en la matière est de grande réputation. C’est dire qu’aucun détail n’est négligé dans la marche inexorable du Port de Cotonou vers la modernité. Une nécessité d’ailleurs, au regard des montants en jeu, car le financement du Plan directeur du Port est estimé à 250 milliards F
Cfa. Des négociations pour son effectivité se veulent très optimistes, assure Joris Thys. Déjà, une facilité de crédit-relais de 17,5 milliards F Cfa a été faite au Port autonome de Cotonou par la Banque internationale pour l’industrie et le commerce (Biic), afin de déstresser son flux de trésorerie. Preuve que les institutions financières croient en la pertinence du Plan directeur du Port et en son avenir, se réjouit Joris Thys, son directeur général, selon qui
« Nous verrons un nouveau Port dans les années à venir ».