Le Directeur général du Fonds national de développement agricole (FNDA), Valère Houssou était l’invité du Club de l’économiste le jeudi 10 décembre 2020. Pendant plus d’une heure, l’homme qui est en train de révolutionner le secteur agricole sous le leadership du gouvernement du Bénin a partagé ses convictions avec les professionnels des médias. Nous vous proposons l’intégralité des propos tenus par celui-ci. Il est le sixième invité du Club de l’économiste.
Le Club de l’économiste : Avant de vous retrouver à la tête du FNDA, quel était votre parcours professionnel ?
Valère Houssou : Avant de me retrouver à la tête du FNDA, j’étais le directeur général de ‘’Alidé’’, un système financier décentralisé que j’ai dirigé pendant 15 ans. Pendant mon séjour dans ce sous-secteur financier, j’étais aussi le président de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés qu’on appelle le Consortium Alafia. Avant ça, j’étais superviseur dans un projet de développement agricole qu’on appelle à l’époque ‘’Paget’’, Procard d’aujourd’hui. Mon parcours a été le financement agricole, rural puis microfinance avant de me retrouver à la tête du FNDA.
Pouvez-vous nous parler des raisons qui ont motivé la création du Fonds national de développement agricole ?
La création du FNDA est une réponse du gouvernement à un manque de financement exprimé par les acteurs du monde agricole. Le dernier instrument que le Bénin a connu en matière de financement agricole s’appelle la Caisse nationale de crédit agricole (CNCA). Depuis que la CNCA a disparu, il n’y a plus d’instrument public dédié au financement de l’agriculture alors que nous savons que ce secteur emploie plus de 7 béninois sur 10. Les acteurs manquent de financement, de ressources adaptées à leurs besoins. Ils ont des difficultés de mobilisation de garantie et les exploitations de nos compatriotes qui opèrent dans ce secteur ne sont pas en lien avec les taux d’intérêt que les banques et les institutions de microfinance produisent. Face à cette difficulté, il fallait trouver une solution. Est-ce que c’est une banque agricole, ou est-ce que c’est un fonds qu’il faut créer ?
Donc de réflexion en réflexion, le gouvernement béninois a opté pour un fonds plutôt qu’une banque. La différence entre ces deux instruments, c’est qu’une banque est autorisée pour faire du crédit mais a la contrainte d’être réglementée et d’être fortement supervisée par l’autorité monétaire à travers la BCEAO et le comité bancaire. Alors que le fonds qui est un instrument public créé par le gouvernement a un certain nombre de souplesses. C’est-à-dire que le fonds peut se permettre un certain nombre de choses qu’une banque ne pourrait pas faire.
Quelles sont les missions assignées au FNDA ?
Le fonds a pour mission essentielle de promouvoir l’investissement privé dans le secteur agricole. C’est-à-dire que face à l’immensité des besoins du secteur agricole, l’Etat à lui seul ne peut pas tout faire. Donc le fonds est l’instrument public qui va servir de mobile pour capter d’autres ressources du privé dans le secteur agricole. Donc sa mission c’est de promouvoir l’investissement privé. Ainsi, le fonds peut faire des interventions directes à travers son guichet comme il peut opérer à travers les SFD et d’autres privés qui souhaiteraient investir dans le secteur agricole pour pouvoir mobiliser la quantité de ressources dont le secteur a besoin. De 2022 à 2030, il nous faut mobiliser 2374 milliards FCFA pour l’agriculture.
Au-delà de ce résultat, quels autres résultats sont attendus ?
Le fonds est jeune et l’autre résultat est de faire de lui, un instrument vraiment crédible. Crédible aux yeux des bénéficiaires d’abord qui pendant longtemps ont souffert et ont attendu une pareille solution. Crédible aussi aux yeux des partenaires techniques et financiers parce que c’est un instrument public. Le fonds est positionné comme étant l’instrument unique majeur, catalyseur de tout le financement du secteur agricole au Bénin.
Plusieurs initiatives ont échoué au plan national et régional. Quelles sont aujourd’hui les dispositions prises par le gouvernement pour éviter un nouvel échec, donc échec du FNDA ?
Avant de répondre, il faut savoir pourquoi les autres initiatives avaient échoué. Elles avaient échoué parce qu’en général, nous n’avons pas su bien gouverner ces entreprises. Pour être plus précis, lorsqu’on ne met pas les bonnes personnes pour conduire ce genre d’initiative, et l’on met en place des crédits à des bénéficiaires non préparés, la conséquence, c’est que vous avez des impayés. Ces impayés sont des pertes qui peuvent engendrer la liquidation ou la disparition. Tirant leçon de l’histoire des initiatives publiques en matière de financement agricole au Bénin, le gouvernement a fait qu’aujourd’hui tous les outils de gouvernance qui permettent de prévenir les risques inhérents au métier de financement agricole sont disponibles. Ce n’est pas par hasard que le gouvernement a choisi de mettre à la tête de cet instrument quelqu’un qui s’y connait.
Aujourd’hui, le risque est limité d’autant plus que le FNDA ne travaille pas de façon mitigée. Nous nous appuyons sur ce que nous appelons des ATDA (Agence territoriale de développement agricole). Ces structures sont destinées à travailler les projets à la base de sorte qu’il n’y a pas de projet éligible qui ne soit pas en amont validé par ces ATDA avant de venir au niveau du FNDA. Quand je vois tout le dispositif de contrôle mis en place, je ne nous vois pas retomber dans le travers du passé.
Comment fonctionnent le FNDA et les structures d’appui ?
Pour rappel, parlant des ATDA, le gouvernement du ‘’Nouveau départ’’ a opté pour la territorialisation de notre agriculture, de sorte que notre pays est subdivisé en sept pôles de développement agricole. Chaque pôle de développement étant défini en fonction des potentialités agro écologiques. C’est ainsi que vous avez le pôle 1 qui est la Vallée du Niger qui est spécialisé dans la production du riz. Quoique le riz soit produit dans d’autres zones, c’est le pôle 1, Malanville, qui a la forte concentration en matière de riz. Quand vous prenez le pôle 7, l’Atlantique, c’est l’ananas. Chacun de ces pôles est administré par une agence autonome qu’on appelle les ATDA. Le FNDA en tant que fonds apporte des solutions de financement aux filières promues par chacune de ces ATDA. Chacune de ces ATDA a pour mission la promotion et le développement d’un certain nombre de filières dans leurs pôles respectifs. Pour l’ensemble du Bénin, nous en avons au total 13. En dehors du coton qui est déjà un secteur mature, autonome, suffisamment structuré, le gouvernement est en train de faire la promotion des autres filières. Il y a donc un tandem entre le FNDA et les ATDA qui fait que les projets que nous finançons sont soutenus par les ATDA à la base. Autrement, vous ne pouvez pas être éligible à une facilité du FNDA si votre projet ne reçoit pas en amont l’assentiment de l’ATDA de votre provenance.
Les filières maïs, riz, ananas sont retenues comme prioritaires. Quelle est la contribution du FNDA à la promotion de ces filières ?
Au FNDA, on apporte le financement. Nous travaillons pour identifier les porteurs de projets éligibles à nos guichets. Nous sommes positionnés pour jouer ce rôle. La contribution du FNDA consiste donc à booster les porteurs de projets identifiés dans les filières. En termes de contribution, le FNDA finance ce qui vient des Agences territoriales.
Quelles sont les perspectives de l’agriculture béninoise ?
Les perspectives sont très bonnes. Vous voyez que nous sommes premiers dans le coton pour la campagne passée. On le sera encore pour la campagne en cours. En dehors du coton, nous sommes en train de positionner convenablement l’ananas à l’international. L’anacarde, c’est une des grosses filières émergentes dans laquelle nous encourageons les agriculteurs. Le soja, est aussi en train d’être positionné. Donc, les perspectives de l’agriculture béninoise, c’est de faire en sorte que ce soit le secteur véritablement vedette par lequel nous tirons l’essentiel de nos ressources fiscales. Lorsque les ATDA vont véritablement prendre, et que nous aurons des projets éligibles et bancables dans le secteur agricole, le FNDA apportera le financement. Si on multiplie les entreprises agricoles, les usines agricoles, c’est le développement économique et social qui va l’emporter. Dans les 5 ou 10 ans à venir, nous voulons que l’agriculture soit le secteur pourvoyeur d’emplois, de création de richesse. C’est pour cela que l’Etat positionne le FNDA pour mobiliser massivement les ressources qu’il faut pour financer l’agriculture. Vous savez que le plus riche homme de l’Afrique a ajouté à ses activités le volet agriculture ; le Bénin ne sera pas du reste.
A quoi est destinée la dotation de 100 milliards FCFA du FNDA ?
Les 100 milliards sont destinés à renforcer le guichet 3 du FNDA. Ce que je ne vous ai pas dit, le FNDA, c’est 3 guichets ; c’est-à-dire trois grosses interventions que nous appelons des guichets. Le guichet 1, c’est le guichet qui s’adresse aux subventions pour les investissements structurants. Des investissements pour lesquels, un privé à lui seul ne peut pas faire face. Par exemple pour l’aménagement d’un bas-fond, ce sont de grosses ressources à mobiliser. C’est le guichet 1 du FNDA qui s’en occupe. Le guichet 2 s’adresse aux problématiques de renforcement des capacités, conseil agricole, les aspects de services non financiers. Et le guichet 3, c’est lui qui permet d’aller au crédit à travers les banques et les SFD ; le FNDA n’étant pas une institution de crédit. C’est ce guichet 3 que le gouvernement a abondé de 100 milliards. C’est pour la première fois. Pour dire que nous voulons faciliter l’accès au crédit aux producteurs agricoles en les aidant désormais à répondre à leur problème de garantie et aussi de taux d’intérêt. Parce qu’à travers cette mesure, les taux d’intérêt des crédits agricoles au Bénin ne dépasseront pas 12% l’an au niveau des SFD. Selon la règlementation, le taux d’intérêt des SFD, c’est jusqu’à 24% l’an et dans les banques, c’est 15%. Avec cette mesure du gouvernement, les banques vont pratiquer un plafond de 9% et les SFD vont pratiquer 12%. Puis la dernière partie de cette mesure, c’est ce qu’on appelle la bonification du taux d’intérêt. C’est-à-dire qu’on fixe le taux d’intérêt à un niveau connu mais lorsque vous êtes porteur d’un projet d’investissement, ou vous voulez acheter un équipement ou matériel pour la transformation agricole, au lieu d’aller payer 12% au niveau du SFD ou 9% à la banque, le gouvernement a dit que vous ne payerez que 2% l’an. La différence est prise en charge par l’Etat à travers le FNDA. C’est ça la bonification du taux d’intérêt. Ceci, parce que l’agriculture n’est pas aussi rentable qu’aller faire l’achat-vente. Elle n’est pas aussi rentable que l’import-export à cause des risques inhérents. Il faut donc des taux raisonnables pour ne pas dire relativement bas. La nouveauté, c’est que ces fonds appellent de nous un nouveau comportement, surtout au niveau des bénéficiaires puisqu’il s’agit du crédit et non de subvention.
Quels sont les critères à remplir pour bénéficier de ces fonds ?
D’abord, il faut dire que les bénéficiaires, ce sont les PME et PMI agricoles disposant d’un registre de commerce. Les producteurs, les transformateurs organisés en coopérative immatriculée au ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Les petits exploitants aussi organisés en coopérative immatriculée peuvent être bénéficiaires, de même que les exploitants individuels mais disposant d’un IFU. En tout état de cause, pour bénéficier de ces fonds, il faut être forcément identifié. On ne peut pas travailler avec quelqu’un qu’on ne connaît pas. Autre détail, si vous avez déjà des impayés dans les SFD ou dans les banques, vous n’êtes pas éligible.
Le FNDA a signé un partenariat avec les SFD et les banques. Est-ce la première fois qu’un tel partenariat est mis en place ? De quoi retourne-t-il ?
C’est la première fois qu’un tel partenariat est signé et c’est l’occasion de féliciter et de remercier ces banques et SFD qui ont cru en nous. Parce que financer l’agriculture, c’est un métier et ce n’est pas facile en raison des risques que présente ce secteur. Nous avons dix banques sur la quinzaine et quinze SFD sur la quarantaine que compte le Bénin qui ont accepté désormais financer l’agriculture.
C’est donc un partenariat qui permet désormais de dire, vous banques, vous aviez déjà comme métier de financer tous les secteurs en général. Vous financez l’agriculture. Nous on vous apporte le savoir-faire grâce au tandem que nous formons avec les ATDA avec une certaine connaissance sur les autres filières que vous ne connaissez pas moyennant les facilités que nous avons à savoir la garantie de bonification pour que nous financions ensemble. Je rappelle que l’ensemble des ressources dont disposent les banques s’évaluent en milliards. Les banques sont là pour vendre de l’argent donc il leur faut trouver des porteurs sains, des emplois sains, des projets sains et c’est ça que le FNDA se propose de leur apporter. C’est ça qui donne le mariage Banque-SFD-FNDA pour financer et donner un nouveau jour et une nouvelle opportunité à nos producteurs qui pendant longtemps, étaient désespérés.
Vous avez engagé une campagne de sensibilisation des acteurs du monde agricole sur les mesures gouvernementales. Qu’est-ce qui justifie une telle campagne ?
Il était nécessaire que nous allions sensibiliser les bénéficiaires et leur dire qu’il y a une nouvelle opportunité et voilà le mode opératoire. Votre question est la bienvenue d’ autant que je vous ai dit que le monde agricole est un univers où des bénéficiaires pour la plupart sont habitués aux dons et aux subventions. La subvention, on ne rembourse pas, du moins, en général, le don non plus. Mais ici, il s’agit du crédit ; c’est nouveau même si les conditions sont facilitées. Nos bénéficiaires sont habitués à de la gratuité, la subvention. Ici, ce n’est pas le cas, vous allez prendre le crédit et rembourser. Il faut montrer qu’il s’agit de crédit et que de crédit n’est pas donné par le FNDA mais plutôt par les banques et les SFD et voilà comment les banques fonctionnent. Il faut faire cette préparation, cette sensibilisation pour qu’ils soient à même d’être de bons clients au niveau de ces banques et SFD. Autrement, quand ils vont partir, ils seront déçus et diront que ça ne marche pas, et qu’on ne leur a pas bien expliqué. Je vous donne un exemple. Combien parmi vous détiennent un compte dans une institution financière ? Je suis sûr qu’on n’aura pas 20/100. Et pourtant, tout le monde veut du crédit. Le crédit se fait dans une institution officielle et le B-A ba, c’est d’avoir au moins un compte dans cette institution, d’engager des relations avec cette institution. Ceux dont on parle, pour la plupart, ce n’est pas le cas. Du coup, il y a cet engouement et c’est ça qui justifie cette campagne d’informations, d’éducation et de communication (IEC) que vous allez nous aider à rependre massivement et à fonds dans le cœur de chaque béninois. Le crédit se rembourse. Le crédit, c’est un droit de va et vient. Vous ne remboursez pas le crédit peut-être lorsqu’il y a une crise, une catastrophe. Mais s’il n’y a rien, vous devez rembourser le crédit et c’est ce message que le FNDA est en train de passer au niveau des douze départements sous l’autorité du ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
Est-ce qu’on peut avoir un bilan à mi-parcours de cette sensibilisation ?
On est vraiment à mi-parcours parce qu’on vient de faire six départements sur douze et je peux vous dire que le bilan est très satisfaisant. On ne s’est pas trompé. Nous avons eu du monde chaque fois que nous sommes dans une localité pour venir nous écouter. Nous sommes convaincus que le message est en train de passer et que les gens sont en train de comprendre comment ils doivent se préparer pour pouvoir être bénéficiaires de ces 100 milliards. Le défi aussi, c’est là. On a dit 100 milliards, c’est beaucoup mais si les bénéficiaires ne sont pas convenablement préparés, ils ne peuvent pas consommer les ressources. Donc, je peux vous dire que le bilan est satisfaisant. C’est pour cela je dis que nous avons encore du travail et on doit aller encore plus loin dans la sensibilisation. Parce que nous, on se limite juste aux chefs-lieux de département pour le moment. C’est vrai que la séance regroupe les OPA, les organisations professionnelles, les faîtières, leurs représentants à tous les niveaux mais il y a lieu de descendre davantage au niveau des autres couches. C’est ce que nous avons observé. Donc c’est positif et on est prêt à poursuivre dès janvier 2021.
Quelles seront les prochaines étapes de cette tournée ?
Les prochaines étapes seront l’Atlantique, l’Ouemé, le Plateau, puis on va remonter vers Malanville et Kandi. En tout, il reste six départements, trois ATDA pour boucler. On reprend donc la tournée en janvier précisément, le 14 janvier pour la boucler le 23 janvier 2021.
Quelle sera l’étape suivante après cette phase d’information et sensibilisation ?
Justement. Ce que je viens de décrire, c’est l’étape terrain où nous-même on se déplace. Mais il y aura une étape communication à travers des émissions dans la presse, les médias sociaux et autres durant toute l’année 2021.
Ce que je viens de décrire est l’étape terrain. Mais il y a l’étape communication sur les réseaux sociaux, la presse, tout moyen de communication pendant toute l’année 2021 pour informer les populations.
Au finish, le FNDA n’est-il pas plutôt une opportunité pour les promoteurs agricoles à cols blancs vu l’analphabétisme et la question du taux de bancarisation de la cible composée de cultivateurs lambda ?
Non, le FNDA profite à tout le monde. Du plus petit exploitant aux plus grands exploitants agricoles. Ceux dont vous parlez, les analphabètes, ils ont besoin d’être accompagnés, encadrés, et le FNDA a prévu un dispositif. Le FNDA fait de l’accompagnement. Ce dont ils ont besoin, c’est comment structurer leur projet et avoir un plan d’affaires bancable ; c’est comment conduire leur dossiers jusqu’à la banque. Même s’il ne parle pas français, il va parler sa langue au banquier ou au SFD. Ce que la banque ou le SFD recherche, c’est votre capacité à défendre votre dossier dans votre langue. Et même ceux que vous appelez col blanc, ils sont nombreux à ne pas pourvoir maîtriser ce qui est mis dans leur dossier. Donc pour ceux dont vous parlez, le FNDA a prévu un guide d’accompagnement pour les aider à transcrire leur idée en plan d’affaires bancable et à monter le dossier avec eux. C’est ce dont ils ont besoin, pas autre chose. Ils sont déjà dans le métier. Et c’est pour nous le gros défi. Même les cols blancs, il y en a plein dans le métier qui ne se sont pas formalisés et qui ne tiennent même pas une comptabilité. Mais vous ne pouvez pas demander de mettre de l’agent dans votre activité si on n’a pas une visibilité sur l’activité. Est-elle rentable ou non ? Vous le dites avec la bouche mais il faut des documents pour le prouver et ces documents s’appellent des états financiers.
Cela peut s’avérer un peu difficile pour les promoteurs agricoles de remplir les conditions qui leurs seront exigées.
Nous sommes en train de bâtir un outil durable. Vous l’avez souligné tout à l’heure, plusieurs initiatives ont échoué dans le passé. Et même si vous ne voulez pas retourner trop loin, partons juste de 1960. Vous allez voir pourquoi ça a échoué. Ici, c’est du crédit et même si c’est de la subvention, on vous demande de donner un tas de papiers. Donc, pour répondre précisément à votre inquiétude, nous avons actuellement trois catégories de promoteurs. Il y en a qui sont déjà plus ou moins prêts sans le FNDA. Ils ont un registre du commerce, ils ont un état financier, ils ont tous les papiers qu’il faut. Ce qui leur manque c’est un coup de pousse qu’on appelle garantie, bonification ainsi de suite. Ceux-là, c’est dans le premier lot. Moi, je les appelle, ceux qui sont déjà autonomes. Ils n’ont même pas besoin d’un appui pour demander à composer un dossier. Ceux-là, c’est les premiers que le FNDA porte tout de suite. Ceux-là dont les dossiers étaient en souffrance dans les banques, ils applaudissent des pieds et des mains.
Deuxième catégorie, ce sont ceux qui ont besoin d’être accompagnés pour rédiger leurs projets et avec lesquels, des projets-programmes travaillent déjà. Il y a un certain nombre de projets-programmes qui travaillent. Vous avez par exemple DEFIA, vous avez PAFILAV, vous avez la coopération Suisse ; tous partenaires du FNDA qui travaillent avec ces promoteurs. Donc le rôle de ces projets-programmes, c’est d’aider ces bénéficiaires à structurer leurs projets et à monter leur dossier vers les banques.
En dehors de cette catégorie, il reste maintenant une dernière ; ceux qui n’ont personne. Pour ceux-là aussi, le FNDA a prévu un accompagnement. Donc ça va prendre du temps et ceux qui arriveront vite, c’est la première catégorie. Nous avons reçu un promoteur qui a besoin de 300 millions FCFA et c’est des ‘’cols blancs’’ comme vous l’avez mentionné. Il a déposé un dossier auprès d’une banque et il a commencé par nous déranger. On l’appelle pour vérifier et il n’a même pas un bilan d’ouverture, ni les états financiers et il dit qu’il est au démarrage. Mais on lui a dit même là, il faut tout au moins le bilan d’ouverture. Voyez-vous ? C’est bien, tout cela que nous mettons dans ‘’temps de préparation’’. Il y en a qui sont prêts, ceux-là vont se dire, c’est une opportunité, je me jette tout de suite. Il y en a qui sont en train et d’autres qui vont faire vraiment du chemin avant d’y accéder. Acceptez ça comme cela s’il vous plaît. C’est du crédit. Vous avez pris du crédit une fois vous dans votre vie ? Laissez-moi vous dire que le crédit le plus facile, c’est le crédit aux fonctionnaires. Même là encore, je ne sais pas si quelqu’un a réussi à avoir un crédit au fonctionnaire en une semaine dans une institution financière. Il y a un temps de connaissance mutuelle entre vous et celui qui veut vous donner le crédit. Au finish, est ce que le FNDA n’est pas plutôt une opportunité pour le corps blanc, quand on connait le taux de bancarisation qui est trop faible ?
Monsieur le DG, vous êtes à la tête du FNDA il y a quatorze mois. Est-ce qu’on peut avoir un bilan de vos actions ?
En quatorze mois, nous avons réussi à convaincre les banques. C’était le challenge le plus difficile puisque tout le temps les banques et institutions financières ont été frileuses à financer les projets. Ce n’est pas l’apanage du Bénin. C’est comme ça partout. Donc, nous avons réussi à les convaincre, à les engager à nos côtés. Aujourd’hui, nous sommes partis de cinq à une dizaine de banques et 15 SFD. Il faut dire que c’est le bilan le plus important qu’on peut brandir puis, à côté de ça, commencer par sortir les premiers dossiers financés par les banques. Ça c’est un challenge qu’on s’est fixé. Quand vous voyez FNDA, voyez-la comme un facilitateur. Le FNDA ne fait pas de crédit. Ce sont les banques qui s’en chargent. Si vous allez dans une banque et la banque vous donne un crédit pour financer votre projet agricole, nous sommes fier d’avoir joué notre rôle, notre mission. C’est ce que je peux dire sur le bilan. Ce travail n’existait pas avant notre arrivée mais cela a été fait banque par banque.
En termes de révolution, d’abord c’est un instrument du gouvernement. Le gouvernement a cru à ce que nous faisons en libérant donc les banques et les SFD. S’il y a un instrument comme ça, nous allons réussir à les convaincre car je suis issu de ce milieu aussi. On connaît le langage des milieux financiers, on s’est compris ; le mariage a été facile et le gouvernement a dit qu’il peut injecter de l’argent dedans et c’est une partie. Si les 100 milliards FCFA sont consommés, il en aura d’autres milliards.
L’ananas, se positionne aujourd’hui sur le marché international. Que fait le FNDA pour accompagner ?
Le FNDA est une initiative du gouvernement et il facilite l’accès aux financements. Il y a d’autres structures qui s’occupent des producteurs. Le FNDA est pour tout le monde. C’est un instrument inclusif. C’est pour cela que nous avons prévu des numéros pour signaler ou dénoncer. Même le petit exploitant doit avoir l’information de la même façon dont l’information est allée au niveau de sa faîtière. La manière dont on doit bénéficier du financement du FNDA est définie dans une plaquette et en cas d’insatisfaction, ce que vous devez fait est défini.
Comment s’organiser pour acquérir des matériels agricoles au Bénin, si on sait que la gestion des coopératives pose souvent problème. Est-il possible de solliciter individuellement les financements ?
Il y a des problèmes d’organisation au niveau des OPA et ça rejoint votre idée. Il faut assainir tout ça avant de donner de l’argent. Il y en a qui sont prêt et d’autres ne sont pas prêts ; on a constaté sur le terrain ceux qui sont prêts et bien organisés ; bien structurés qui fonctionnent bien parce qu’ils y a des indicateurs de bonne gouvernance. C’est donc en fonction de tous ces éléments qu’une coopérative peut être satisfaite avant d’autres et ces dernières prendront le temps nécessaire pour s’organiser avant de bénéficier de quoi que ce soit.
En ce qui concerne les producteurs qui ont des besoins en équipements il y a un document de projet qu’on présente pour dire qu’on a besoin de matériels ou d’équipements. Que cela soit en groupe ou individuellement, on étudie les dossiers et on discute. Vous avez posé une question que je prends comme une suggestion. Je vais y travailler.
En ce qui concerne les producteurs qui ont besoin d’aide pour réaliser des bilans et états financiers, ils ont la plaquette informative. Leur préoccupation est prise en compte. Les gens comme eux sont gérés par le centre de gestion agréé du ministère des finances ; il suffit d’être membre ils vous font l’état financier jusqu’à l’impôt moyennant cinquante mille ou cent mille ; ils tiennent votre comptabilité. Nous sommes en partenariat avec eux.
Je voudrais vraiment vous rassurer et dites-vous aussi que nous sommes au début de la campagne et ne vous dites pas que vous êtes en retard par rapport à l’information. La preuve, ici nous sommes à la campagne de sensibilisation et d’information. Donc vous n’avez encore rien perdu.
Un mot pour clore cette émission, monsieur le DG du FNDA ?
Mon mot de fin est que nos compatriotes sachent que le gouvernement a mis en place un instrument pour nos compatriotes qui opèrent dans le secteur agricole. C’est une opportunité qu’il faudra saisir et il faut participer à nos séances d’informations pour se mettre au point. Les ressources sont là et n’attendent que les consommateurs à travers les projets bancables. Je vous remercie.
Réalisation : La Rédaction de l’économiste du Bénin et les organes partenaires