(Avant Talon, on avait décrété « une prise en charge à 100% »)
A l’unité de dialyse du Centre national hospitalier et universitaire –Hubert koutoucou Maga (Cnhu-Hkm) de Cotonou, des statistiques effarantes quant au nombre de patients dialysés qui meurent. La situation est alarmante et interpelle.
Selon un document réalisé par la chaîne de télévision privée Canal 3-Bénin, le calvaire des dialysés a commencé à partir des réformes que le gouvernement a engagées dans ce secteur, réduisant ainsi la prise en charge uniquement aux Agents permanents de l’Etat, malades. Une décision qui court depuis le 1er janvier 2019. « (…) S’ils n’ont plus les moyens d’acheter les kits, ils se résignent, ils restent chez eux et meurent. C’est en cela que nous avons dénombré près de 300 personnes déjà décédées dans nos rangs », alerte le président de l’Association dialyse-Vie du Bénin, Edmond Amoussou. Il poursuit : « Un Kit, une dialyse, c’est minimum 100 000 F Cfa. Il lui faut au moins deux par semaine. Les deux font 200.000. Les 200.000, il va le faire à vie. Qui peut payer ça ? 200 000 F Cfa par semaine, fois 4 semaines, cela fait déjà 800 000 F Cfa. Il aura quel salaire s’il est un travailleur du privé qui n’a pas les moyens comme ce sont les Ape qu’on prend en charge. Et les autres du privé qui n’ont pas les moyens ? (…) C’est à cause de tout ça là que les présidents qui ont précédé le chef de l’Etat actuel ont décrété que la dialyse soit prise en charge à 100% ». La facture est trop salée pour les malades souffrant d’insuffisances rénales chroniques et qui ne pas Agents permanents de l’Etat (Ape). « Nous avons travaillé, quand les réformes sont venues, à ce que le coût de la prise en charge soit réduit, en ce sens qu’aujourd’hui le montant qui est pris pour soigner un patient puisse soigner deux patients aujourd’hui avec les révisions que nous avons opérées sur la prise en charge. Malgré cela, les gens sont laissés sans prise en charge », déplore Edmond Amoussou. Et pourtant, cela avait été bien possible, il y a quelques années. « Si moi, on m’avait interdit la prise en charge en 2007 quand je commençais la dialyse, je ne serais pas devant vous. Donc il urge que cette situation soit résolue au plus tôt parce que nous comptons déjà trop de morts… Nous estimons qu’il est temps que le père de la Nation puisse nous recevoir pour qu’on puisse lui expliquer de vive voix ce que nous vivons, parce qu’aujourd’hui c’est nous. On ne connaît pas ceux qui vont venir demain », déclare-t-il, désabusé. Si le président de l’Association dialyse-Vie du Bénin s’en remet au finish, au chef de l’Etat, c’est parce que, selon ses propos, plusieurs démarches sans suite ont été menées déjà auprès de l’administration publique. « Nous avons saisi toutes les autorités compétentes en matière de santé dans notre pays, à commencer par le ministre de la santé. Nous avons fait le plaidoyer au niveau du Conseil économique et social (CES). Au niveau du président de l’Assemblée, nous avons fait aussi le plaidoyer, mais toutes les démarches que nous avons menées jusque-là sont restées sans suite. On n’a pas du tout eu de satisfaction, les gens continuent de mourir. On ne nous dit pas quand est-ce qu’on aura la prise en charge, et c’est resté comme ça. Nous avons appris aux dernières nouvelles qu’il faut voir nécessairement le chef de l’Etat lui-même pour que la situation soit débloquée », relate M. Amoussou. Espérons que son cri de cœur soit enfin entendu pour le bonheur des patients qui sont dans le cas.