Le ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement et le représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement ont procédé, lundi 21 décembre à Cotonou au lancement pour le compte du Bénin du Rapport mondial sur le développement humain. Cérémonie qui fait suite à un précédent lancement le 15 décembre dernier au niveau international.
Représentants d’institutions de la République, membres du corps diplomatique et consulaire, représentants d’organisations internationales, de la Société civile, du secteur privé, universitaires… Le parterre de personnalité présentes au lancement du Rapport mondial sur le développement humain témoigne de l’importance que revêt ce document pour l’ensemble des communautés, aussi bien au plan national qu’international. Cette importance s’apprécie également à travers le thème de cette année intitulé « Le développement humain et l’anthropocène : la prochaine frontière ». Aouale Mohamed Abchir, représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) l’entrevoit comme une nouvelle opportunité de partage et d’enrichissement sur le paradigme du développement humain prôné par son institution depuis plus de trente ans.
« Ce rapport rappelle les progrès importants en matière de développement humain que l’humanité a accomplis en 30 ans et met l’accent sur les pressions humaines sur la planète engendrant des défis allant du changement climatique à l’effondrement de la biodiversité », révèle-t-il. «Le rapport fait valoir que cette situation pourrait nous faire basculer dans les prochaines années dans une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène et dans laquelle l’Homme est l’acteur central », a poursuivi le responsable onusien.
Ce rapport aborde un sujet capital pour notre survie dans de bonnes conditions, indique le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané. Ce qui le réjouit, c’est que ce rapport encourage à faire des efforts particuliers pour diminuer la pression exercée sur la planète. Il faut donc une synergie d’actions, pense-t-il. D’où son appel à tous, notamment aux acteurs de la société civile et aux politiques. « Nos efforts dans l’atteinte de cet objectif doivent être équitablement partagés. Les pays qui renoncent à utiliser leurs ressources fossiles par exemple, devraient pouvoir bénéficier de transferts de technologies adéquates », plaide-t-il. Toutes les parties prenantes doivent collaborer de manière équitable en vue de protéger la planète. La coopération technique et financière mondiale doit pouvoir être exploitée, suggère-t-il aussi.
Les trois messages clés du rapport
Aouale Mohamed Abchir retient trois messages principaux de ce rapport. Le premier, c’est que la survenue et l’expansion de la pandémie du Covid-19 ont exacerbé une myriade d’inégalités dans le développement humain. La maladie s’est rapidement répandue dans un monde interconnecté, prenant racine partout où il a atterri et prospérant en particulier dans les fissures des sociétés, paralysant ainsi les efforts pour contrôler le virus, analyse-t-il. Le développement humain a été durement touché du fait des effets induits par la pandémie, indiquera ensuite le représentant résident du Pnud. Alors que la Covid-19 a absorbé l’attention du monde, les crises préexistantes se poursuivent, notamment celles en lien avec le changement climatique, illustre le diplomate onusien. Fort heureusement, le rapport souligne que les crises successives dont la dernière en date est celle liée à la pandémie de Covid-19 donnent aux sociétés la possibilité de réévaluer les normes, et aux décideurs politiques, la possibilité de prendre des mesures énergiques pour une reprise sociale et économique en investissant dans un avenir plus sain, plus respectueux de l’environnement et plus équitable, toutes choses qui concourent à élargir les libertés humaines tout en atténuant les pressions planétaires, salue Aouale Mohamed Abchir.
Le second message d’après ses propos, c’est que le rapport renseigne « que de nombreuses inégalités dans le développement humain se sont accentuées et continuent de s’accroître ». Les bouleversements de la planète, en l’occurrence le changement climatique, ne feront que les aggraver. La mobilité sociale est en baisse. L’action collective en faveur de la lutte contre le changement climatique devient plus difficile dans un contexte de fragmentation sociale, s’est-il aussi inquiété.
Le dernier message à retenir du rapport, c’est que du fait des nombreuses pressions de l’activité humaine sur la nature, l’environnement et l’écosystème, la civilisation humaine entre maintenant dans une nouvelle époque géologique qu’est l’anthropocène.
Vision holistique du développement
L’adresse du ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané à l’occasion du lancement du rapport a replacé l’homme au cœur des actions à mener pour préserver la planète. Depuis toujours, les activités menées par l’Homme, consciemment ou inconsciemment, ont des conséquences néfastes sur la planète, le cadre de vie et souvent même sur sa propre santé, relève le ministre d’Etat. Selon lui, « nous vivons donc à une époque où, depuis des décennies, des crises s’enchaînent sur la planète dans tous les domaines de la vie ». L’année 2020 n’y aura pas échappé. Elle n’a pas manqué de livrer son lot de chocs et catastrophes, dont la plus retentissante est la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de la Covid-19, illustre le ministre d’Etat. Abdoulaye Bio Tchané insiste aussi pour dire que cette crise vient freiner au niveau mondial, les efforts consentis et les progrès obtenus depuis 1990, dans l’amélioration des conditions de vie des populations. Face à ce tableau sombre, toutes les couches de la société sont interpellées dans la dynamique de recherche de solutions, de stratégies et de nouvelles actions à mener, indique-t-il, indexant la mobilisation sociale, de la base jusqu’au sommet, comme opportune et d’une importance capitale pour agir. Dans cette quête de solutions, le Bénin joue à fond sa partition, soutient le ministre d’Etat. Depuis 2016 en tout cas, le gouvernement du président Patrice Talon a mené, dans plusieurs domaines, des actions allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations, ainsi que de la protection de l’environnement, apprécie-t-il.
A l’ère de l’Anthropocène trois grands défis sont à relever. Il s’agit de l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la protection de la biodiversité et le bien-être pour tous. Comme on le voit, il faut en réponse à l’Anthropocène, des réponses de l’ensemble de la société et pourquoi pas assez de concertations. On peut donc comprendre la foi du représentant résident du Pnud au Bénin quant à son impact. Il contribuera à stimuler un débat public de haut niveau au Bénin sur l’urgence de régler les difficultés qui entravent le développement humain en lien avec la sauvegarde de notre planète commune, estime Aouale Mohamed Abchir. C’est pourquoi, dans les prochains jours, le Bureau du Pnud au Bénin organisera une série d’échanges approfondis sur les conclusions du rapport et les leçons à tirer pour le Bénin avec les chercheurs, les académiciens, les administrations publiques et les acteurs de la Société civile et du secteur privé. Il faut rappeler qu’à l’entame de la cérémonie, une présentation synthétique du rapport a été exposée par l’économiste national du Pnud. A la suite des interventions, une remise officielle du document a été faite à plusieurs personnalités présentes.
Bond significatif
Le rapport dont le lancement a eu lieu ce lundi révèle que le Bénin a fait un bond en matière de développement humain ces dernières années. Cela confirme bien, de l’avis du ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané, la justesse des actions menées pour le développement durable dans le pays. « Je note avec satisfaction qu’en 2019, le Bénin a progressé de 5 places dans le classement mondial basé sur la qualité du développement humain. Notre pays est devenu 1er en termes de développement humain au sein de l’espace Uemoa et 3e dans l’espace Cedeao, derrière le Cap-Vert et le Ghana », annonce le ministre d’Etat.
Occasion pour lui, de rappeler que les politiques et actions du gouvernement ont permis d’observer une forte croissance économique de plus de 6 % ces dernières années. « Les avancées notées au niveau des secteurs de la santé et de l’éducation résultent des mesures importantes prises par le gouvernement telles que la mise à disposition des infrastructures sanitaires, la hausse de la productivité, la lutte contre les faux médicaments, le renforcement de la présence du personnel soignant et éducatif », expose Abdoulaye Bio Tchané pour conforter sa thèse sur les avancées du Bénin.
Il citera en sus le renforcement du capital humain à travers le projet Arch ainsi que « le vaste programme d’accès universel à l’eau potable qui sont de véritables succès ». Mieux, la part consacrée au social s’est accrue progressivement dans le budget de l’Etat, allant de 27,5 % entre 2016 et 2019 à 43,3 % en 2020. Alors que pour l’année 2021, elle a été portée à 47,24 %. « Les politiques mises en œuvre par le gouvernement sont et seront en phase avec les recommandations du rapport », apprécie Abdoulaye Bio Tchané qui ne cache pas non plus sa satisfaction de constater que le rapport ait examiné en profondeur la problématique des changements climatiques et du réchauffement de la planète. En tout cas, le gouvernement béninois prend à cœur les analyses de ce rapport car le Bénin est touché directement par les problèmes climatiques, soutient-il. Les effets des inondations sont, chaque année, mortels. On note déjà 18 décès dus aux inondations cette année. L’impact sur la paupérisation des populations est important avec la destruction de milliers d’hectares de production et de milliers d’habitations, rappelle aussi le ministre d’Etat.