Selon le rapport 2020 de la situation de prévention de la violence à l’encontre des enfants dans le monde, seulement un cinquième des pays disposent de plans d’action nationaux entièrement financés ou de plans contenant des indicateurs spécifiques sur la prévalence de la violence à l’encontre des enfants avec des valeurs de référence et des valeurs cibles. “Beaucoup de pays disposent de mécanismes d’appui aux activités nationales de prévention de la violence, mais peu d’entre eux ont mis en place des plans entièrement financés assortis d’objectifs mesurables Il ressort du rapport que 89 % des pays ont confié la responsabilité de la lutte contre la violence à l’encontre des enfants à plusieurs secteurs, les secteurs de l’éducation, de la santé, de la justice et le secteur social étant les plus souvent mentionnés ; 80 % des pays ont mis en place au moins un plan d’action national pour prévenir la violence à l’encontre des enfants. Ces résultats prometteurs contrastent avec le fait qu’un cinquième seulement des pays ont déclaré que leurs plans d’action nationaux étaient entièrement financés, et, si la plupart des pays disposent de données de prévalence représentatives au niveau national, seuls 21 % d’entre eux ont déclaré avoir mis en place des indicateurs quantitatifs avec des valeurs de référence et des valeurs cibles leur permettant de suivre les effets de leurs efforts de prévention“, informe le rapport rendu public par l’Organisation mondiale de la santé et l’Unicef.
Covid-19 et violence sur les enfants…
Le présent rapport qui intervient dans un contexte particulier marqué par la crise sanitaire du Covid-19 prend en compte les impacts de la pandémie. « La fermeture des écoles a touché quelque 1,5 milliard d’enfants. La restriction des déplacements, la perte de revenus, l’isolement et la surpopulation ont fait augmenter le stress et l’anxiété chez les parents, les enfants et les personnes qui s’occupent d’eux, et ont privé les familles et les personnes de leurs sources habituelles de soutien. Ces conséquences ont modifié la prévalence et les caractéristiques de la violence interpersonnelle. D’une part, on a enregistré une baisse du nombre d’homicides et de traumatismes liés à la violence ayant nécessité un traitement médical d’urgence (concernant essentiellement les grands adolescents et les hommes adultes), en particulier lorsque le confinement s’accompagnait d’une interdiction de vente d’alcool. D’autre part, on a observé des pics d’appels vers les lignes d’assistance téléphonique pour maltraitance des enfants et violence des partenaires intimes, ainsi qu’une baisse du nombre de cas de maltraitance des enfants adressés aux services de protection de l’enfance. On a aussi constaté une hausse de la violence en ligne, potentielle ou réelle, notamment sous la forme d’exploitation sexuelle et de harcèlement, résultant d’une plus forte utilisation d’Internet par les enfants. Il faudra peut-être des années pour surmonter les effets économiques dévastateurs engendrés par la Covid-19 et la riposte à celle-ci, et tout cela pourrait accentuer les inégalités économiques, la pauvreté, le chômage et l’insécurité financière des ménages. Ces effets à long terme pourraient faire augmenter à nouveau le nombre d’homicides et d’agressions violentes jusqu’aux niveaux antérieurs au confinement (voire au-delà) et avoir par la suite un impact sur de nombreux facteurs de risque de violence, notamment le développement du cerveau, l’apprentissage précoce et la scolarisation », renseigne le rapport. Alors que le retour à l’école et au travail devrait atténuer le stress des parents, des personnes s’occupant des enfants et des enfants eux-mêmes et redynamiser leurs réseaux de soutien social, grâce à quoi les enfants risqueront moins d’être victimes et témoins de maltraitance chez eux, il est probable, selon ledit rapport, que le chômage et l’insécurité financière des ménages restent chroniques et que l’accès à la protection sociale et à l’aide sociale dans de nombreux contextes se réduise. « Par conséquent, bien que les taux de maltraitance des enfants soient à la baisse, ceux-ci pourraient se stabiliser à un niveau plus élevé qu’avant la Covid-19. Les mesures prises au niveau mondial pour lutter contre la violence à l’encontre des enfants à l’heure de la Covid-19 s’attachent aux moyens dont disposent les gouvernements et les communautés pour renforcer la capacité des familles à faire face au stress du confinement et à l’anxiété par rapport à l’avenir. Dans un effort concerté, des recommandations ont été adressées à toutes les familles sur les comportements concrets à adopter pour développer au maximum des relations parents-enfants positives et enrichissantes, pour éviter de recourir à la discipline violente et pour gérer la situation lorsque des accès de violence risquent d’éclater », précise le rapport.