Reportée du fait de la pandémie du coronavirus, l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est effective depuis ce 1er janvier 2021.
Sylvestre TCHOMAKOU
Ratifié jusqu’à présent par 34 pays, le traitéde la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est officiellement entré en vigueur entre les Etats l’ayant adopté, dès cette année 2021. Une nouvelle date, un nouveau pas dans l’intégration africaine. Censée instaurer une des plus grandes zones de libre-échange au monde, avec 1,2 milliard de personnes potentiellement concernées, la Zlecaf dont le siège est basé à Accra au Ghana, se veut d’accroître le commerce intra-africain. Avec ce nouvel outil, les objectifs pour l’Afrique sont entre autres, soutenir la transformation structurelle des économies; faciliter lacroissance économique durable, inclusive ; promouvoir l’industrialisation et l’ajout de valeur aux sciences, technologies et innovations ; sans oublier la diversification économique et la résilience. Quoique ce traité ait pu entrer en vigueur en ce premier mois de l’année 2021, concrètement, il n’a encore aucune influence sur les échanges commerciaux entre les Etats africains car à ce jour, nombre d’Etat se gardent d’abolir les tarifs douaniers sur les biens et services qu’ils échangent avec d’autres pays.
Un commerce axé sur l’extérieur du continent
Alors qu’ailleurs, notamment Europe et en Asie, les échanges intra-régionaux sont largement au-dessus de 60%. Entre les nations africaines, ils sont de 16%. Selon le rapport 2019 de la CNUCED sur le développement économique en Afrique, la valeur totale des exportations de l’Afrique vers le reste du monde s’est élevée en moyenne à 760 milliards de dollars des États-Unis en prix courants entre 2015 et 2017, contre 481 milliards pour l’Océanie, 4 109 milliards pour l’Europe, 5 140 milliards pour les États-Unis et 6 801 milliards pour l’Asie. En 2017, les exportations intra-africaines ont représenté 16.6 % des exportations totales, contre 68.1 % pour les exportations intra-européennes, 59.4 % pour les exportations intra-asiatiques, 55.0 % pour les exportations intra-américaines et 7.0 % pour les exportations intra-océaniques.Les échanges intra-africains, qui correspondent à la moyenne des exportations et importations intra-africaines, se sont élevés à environ 15,2 % du total des exportations de l’Afrique pendant la période 2015-2017, alors qu’en Amérique, en Asie, en Europe et en Océanie, les échanges intracontinentaux représentaient respectivement 47 %, 61 %, 67 % et 7 % du total des échanges. Avec autant de retard par rapport au reste du monde, pour parvenir à réaliser les objectifs fixés à la Zlecaf, les Etats Membres de l’Union Africaine (UA) doivent se mettre dans la même dynamique et travailler à relever le déficit d’infrastructures qui reste un élément essentiel pour l’accomplissement de cet objectif continental.
Des origines de la ZLECAF
Après plusieurs années de travaux d’un comité de haut niveau mis place en vue d’ébaucher une feuille de route pour la négociation d’un tel accord, la Conférence de l’Union africaine a adopté en 2015 les recommandations dudit comité et a officiellement lancé les négociations de la ZLECAf. Ces dernières ont débuté en 2016 avec pour objectif de conclure un accord couvrant les questions de libéralisation du commerce des marchandises, de libéralisation du commerce des services, d’investissement, de propriété intellectuelle et de politiques de concurrence. La Zlecaf fut lancée suite à la signature de l’Accord par 44 Etats membres de l’UA, le 21 mars 2018, lors d’un sommet et extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, à Kigali, au Rwanda. Un peu plus d’un an plus tard, l’accord de la ZLECAf est entré en vigueur le 30 mai 2019. De plus le Sommet extraordinaire du 5 décembre 2020 a adopté les instruments marquant le lancement des réformes et donc la prise d’effet de l’accord à partir du 1e janvier 2021. A ce jour, 34 Etats sont parties à l’accord, et de nouveaux instruments de ratification sont attendus, faisant ainsi augmenter le nombre de d’Etats Parties; et tous les pays membres de l’Union africaine ont signé l’accord, à l’exception de l’Erythrée.